Alors que l'Arabie saoudite est bien installée au bas du classement de Reporters sans frontières en matière de liberté de la presse et qu'une experte des droits de l'homme commissionnée par l'ONU réclamait, il y a quelques mois, une enquête internationale sur la responsabilité du prince héritier saoudien dans l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, l'Association des journalistes saoudiens a annoncé dimanche le lancement d'un nouveau "Forum médiatique" ambitionnant de "faire de Riyad la capitale des médias arabes". Ce Forum, qui sera accompagné de la remise d'un prix saoudien du meilleur média (Saudi media award), est prévu fin novembre 2019 selon un communiqué diffusé l'agence saoudienne SPA.
Pour le président du Conseil d'administration de l'Association des journalistes saoudiens, Khaled al-Malik, cette nouvelle plateforme d'échange deviendra "un événement annuel qui fera de Riyad la capitale des médias arabes". L'événement devrait, selon ce responsable, "améliorer la réputation de l'Arabie saoudite comme pays de premier plan en matière de politique et économie internationales". Le forum "pavera la voie à des discussions plus larges sur le secteur des médias et permettra de dialoguer et d'échange des pratiques internationales et régionales".
(Lire aussi : « La communauté internationale ne doit plus fermer les yeux sur les crimes de l’Arabie saoudite »)
Défis
L'événement de novembre prochain aura pour thème les "opportunités et défis" dans les médias. Il aura pour objectif, selon un communiqué publié par l'agence saoudienne SPA, d'"offrir l'opportunité aux professionnels du secteur des médias et aux figures médiatiques arabes et étrangères de se rencontrer et discuter du développement et des défis" rencontrés dans ce secteur.
De fait, la liste des défis rencontrés par les médias, dans le royaume saoudien, est longue, à l'heure où Riyad se positionne à la 172e place du classement 2019 de Reporters sans frontières (RSF) pour le respect de la liberté de la presse. Au sein du royaume wahhabite, les médias indépendants sont, en effet, interdits.
Actuellement, trente journalistes sont incarcérés en Arabie saoudite, dont des étrangers. En mai dernier, RSF avait annoncé que deux journalistes, l'un yéménite et l'autre jordanien, étaient emprisonnés en Arabie, sans pouvoir établir précisément où les deux hommes sont retenus. Le journaliste yéménite Marwan al-Muraisy a disparu en juin 2018 tandis que le journaliste jordanien Abdel Rahman Farhaneh, qui travaillait pour le groupe audiovisuel Al-Jazeera, a disparu en février dernier, a indiqué RSF dans un communiqué. La libération de ces 30 journalistes a été réclamée par RSF lors d'un voyage inédit à Riyad, au début du mois de juillet.
Selon RSF, la plupart des journalistes incarcérés sont victimes de "détention arbitraire", et "la torture est presque systématique pour les prisonniers d’opinion". La législation saoudienne permet, souligne RSF dans son classement 2019, "d’envoyer en prison ou de suspendre les journalistes qui tiendraient des propos critiques ou évoqueraient des dysfonctionnements politiques. Sont passibles de sanctions, le blasphème, l'insulte à la religion, l'"incitation au chaos", la "mise en péril de l’unité nationale" et toute "atteinte à l’image et la réputation du roi et de l’État".
Par ailleurs les autorités saoudiennes sont accusées, selon des enquêtes internationales, notamment menées par l'ONU et la CIA, d'être à l'origine de l'assassinat en octobre dernier du journaliste et opposant saoudien Jamal Khashoggi, tué à l'intérieur du consulat saoudien à Istanbul et dont la dépouille n'a jamais été retrouvée. Cet assassinat a provoqué un tollé au sein de la communauté internationale, qui reproche également à Riyad le manque de transparence du procès de onze suspects par la justice saoudienne, et l'absence de certaines figures proéminentes. Mi-juin, une experte des droits de l'homme de l'ONU avait ainsi réclamé une enquête internationale sur la responsabilité du prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane dans le meurtre de Khashoggi, de même que des sanctions à son encontre.
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commentaires (3)
Et l’arabie est consideree comme le pays protecteur du Liban ? Laissez moi rire !
Cadige William
08 h 00, le 31 juillet 2019