Rien ne peut faire fléchir le ministre du Travail Camille Abousleiman, qui affirme aller jusqu’au bout dans l’application de la loi relative à la lutte contre le travail illégal des étrangers. Un plan de travail, instauré dans ce sens en mai dernier, a été lancé le 11 juillet, aboutissant à la fermeture de commerces détenus illégalement par des étrangers ou employant des ouvriers non libanais non détenteurs d’un permis de travail. Toutefois, comme il l’a déjà déclaré à maintes reprises, M. Abousleiman est « ouvert » à toute discussion avec les parties palestiniennes « du moment qu’elles acceptent d’appliquer la loi et d’obtenir le permis de travail, tout en préservant bien sûr les intérêts du ministère et de l’État libanais ».
« Je continuerai à appliquer la loi », réitère M. Abousleiman à L’Orient-Le Jour, confiant avoir tenu hier une réunion loin des feux de la rampe avec des responsables palestiniens pour mieux comprendre leurs appréhensions concernant les documents à obtenir pour le permis de travail. Il devrait tenir une réunion aujourd’hui avec une délégation de l’Union des employés palestiniens. « Je suis prêt à faciliter l’obtention de ces documents, assure-t-il, mais le point de départ de toute discussion reste l’acceptation de se conformer à la loi et d’obtenir le permis de travail qui leur permet d’avoir des indemnités de fin de service et les protège contre les licenciements arbitraires. »
Selon une source proche du courant du Futur, « la solution au problème sera prise lors de la prochaine séance du Conseil des ministres ». Le Premier ministre Saad Hariri devrait « geler l’application de cette décision et la transférer à la commission de dialogue libano-palestinienne ». C’est ce que confirme d’ailleurs le bureau de presse de Bahia Hariri, députée de Saïda, qui a été reçue par le chef du gouvernement. Dans un communiqué, la députée de Saïda a souligné que « la question s’oriente vers un dénouement paisible lors de la prochaine séance du Conseil des ministres ».
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Maintien des mouvements de protestation
Sur le terrain, les sit-in de protestation contre ce plan se sont poursuivis hier encore dans le camp de Aïn el-Héloué, où un affrontement a eu lieu entre des manifestants et des agents des forces de sécurité palestiniennes. Ceux-ci « se poursuivront jusqu’à ce que le ministre du Travail revienne sur sa décision », a affirmé Mounir Makdah, responsable au sein du Fateh. Dans une déclaration à l’agence al-Markaziya, il a souligné que des « réunions palestiniennes intensives sont menées pour régulariser la situation des Palestiniens au Liban ». Il a en outre estimé que « la position prise par le président de la Chambre Nabih Berry – qui avait demandé à M. Abousleiman de revenir sur sa décision – est une garantie pour les Palestiniens, vu la spécificité de leur présence au Liban, puisqu’ils sont des réfugiés et non des étrangers ». M. Makdah a souligné dans ce cadre que « les autorités palestiniennes se rendront auprès des responsables libanais pour ramener les choses à la période qui a précédé l’application de la loi ».
Pour contenir ces mouvements de protestation, une réunion s’est tenue hier soir, à l’invitation du député Oussama Saad, au centre culturel Maarouf Saad à Saïda entre des partis dits nationaux et les factions palestiniennes. Quelque 250 personnes étaient présentes. Un comité de suivi de quinze personnes a été formé. Il devrait se réunir aujourd’hui pour annoncer une manifestation centrale en vue de dégonfler ces mouvements de protestation. Un document sur les droits des Palestiniens au Liban a également été émis.
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Par ailleurs, le dossier des réfugiés et des moyens de le régler a été au centre de la réunion qu’au eue M. Hariri avec la représentante du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Mireille Girard. M. Hariri a également reçu une délégation du bureau politique de la Jamaa Islamiya, conduite par l’ancien député Imad el-Hout, qui a déclaré à l’issue de l’entretien que « la main-d’œuvre palestinienne est différente de l’étrangère, et cela devrait être pris en considération ».
M. Berry a de son côté reçu une lettre du président du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyé, qui a regretté les mesures prises par le ministère du Travail à l’encontre de la main-d’œuvre palestinienne. Il a appelé M. Berry à intervenir « pour arrêter ces mesures et faire en sorte que les ouvriers palestiniens vivent dignement ». « Ils sont les hôtes du Liban et resteront attachés à leur identité et leur droit au retour », a conclu M. Haniyé.
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commentaires (6)
si je peux me permettre de rajouter … en verite je vous le dit les palestiniens n'ont que faire des lois libanaises qui les proteges contre les renvoie abusif ou meme qui force les employeurs a ne pas les surexploiter et payer leur retraite ou leur assurance maladie .. vous savez pq !?!? car s'ils acceptent ils n'auront PLUS DE TRAVAIL COMME AVANT AU NOIR C,EST CE QUI fait en sorte que les employeurs les embauche car plus economique non seulement du point de vue salaire .. mais aussi du point de vue des charges salariale c'est ce qui cause une concurrance illegale et inegale envers les libanais
Bery tus
15 h 04, le 23 juillet 2019