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Liban - Main-d’œuvre étrangère

Face à Abousleiman, pourtant compréhensif, la mobilisation palestinienne se maintient

« La dynamique des réfugiés est orchestrée par le Hezbollah », affirme un cadre FL à « L’Orient-Le Jour ».

Des Palestiniens bloquant la route à l’entrée du camp de Beddaoui. Photo ANI

La pression palestinienne continue à s’exercer contre la campagne du ministère du Travail visant à appliquer la loi relative à l’emploi des étrangers, au cours de laquelle ont été mis sous scellés la semaine dernière des commerces détenus illégalement par des étrangers ou employant des ouvriers non libanais qui ne possèdent pas de permis de travail. La question qui se pose est de savoir pourquoi la mobilisation se poursuit alors que depuis mardi, le ministre du Travail Camille Abousleiman a rassuré les Palestiniens en affirmant que les mesures prises ne sont pas dirigées contre eux mais entrent plutôt dans le cadre de l’application du code de travail à tous les Libanais et étrangers, sans exception. M. Abousleiman a affirmé dans le même temps qu’il fera preuve de « souplesse », comptant notamment ne plus lier l’obtention d’un permis de travail à la cotisation de l’employeur à la Sécurité sociale, celui-ci devant être en outre exempté du dépôt d’une caution bancaire.

Après les sit-in organisés depuis lundi devant des camps palestiniens au Sud, à Baalbeck, et à Bourj Brajneh, des manifestants ont pourtant continué hier à protester contre les conditions légales imposées pour l’emploi des étrangers, bloquant les accès du camp de réfugiés de Beddaoui, au Liban-Nord. À Saïda, la Commission du travail palestinien a annoncé, après une réunion tenue au camp de Aïn el-Héloué, que « la grève et le mouvement populaire se poursuivront jusqu’à ce que le ministère du Travail revienne sur sa décision injuste à l’égard du peuple palestinien ».

Outre la mobilisation sur le terrain, la journée d’hier a été marquée par des contacts entrepris par diverses parties politiques et professionnelles auprès de responsables pour faire part à ces derniers de leur vive opposition à la campagne menée par le ministère du Travail.

Le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, a ainsi reçu une délégation de commerçants palestiniens exerçant au Liban-Sud, qui lui ont fait état des « mauvaises répercussions sur la main-d’œuvre étrangère des décisions du ministre du Travail relatives à l’application du code du travail ». Le chef du bureau politique du mouvement Amal, Jamil Hayek, s’est pour sa part entretenu avec une délégation du Front du travail islamique, qui a insisté sur « la nécessité de reconnaître les droits civils et sociaux des frères palestiniens ». Bahia Hariri, députée du courant du Futur, s’est réunie quant à elle avec des représentants d’organisations civiles dont les sièges sont à Saïda et dans ses environs. Ceux-ci ont dans le même sens fait part de leur « refus de la décision de Camille Abousleiman ». En réponse, Mme Hariri leur a annoncé que « suite aux efforts du chef du gouvernement Saad Hariri, et à la compréhension du ministre du Travail, il y a une entente sur un processus permettant de traiter rapidement et de manière positive ce sujet, sur base d’une prise en considération de la spécificité des frères palestiniens ». Dans un entretien avec des journalistes, en marge de la séance consacrée au débat budgétaire, M. Hariri avait affirmé en matinée que « le ministre du Travail applique la loi et s’il s’est montré quelque peu ferme à l’égard de certaines questions, il traite l’affaire en coordination avec l’ambassadeur palestinien ». « Je vous prie de ne pas gonfler le sujet, parce que le ministre est en train de travailler effectivement », a ajouté le Premier ministre.

Appeler également à mettre un terme aux mesures légales prises par M. Abousleiman, tel était l’objet de la réunion de la Commission d’appui à la Résistance en Palestine, présidée par Hassan Hobballah, ancien député du Hezbollah. « Nous appelons le gouvernement et le Parlement à réviser les mesures prises par le ministère du Travail en les arrêtant et en permettant à la Commission du dialogue libano-palestinien créée par l’État de parvenir à des ententes qui conduiraient à de nouveaux textes législatifs. Ceux-ci devraient être basés sur le fait que le réfugié palestinien est né au Liban et y vit et qu’il n’est donc pas un étranger », ont indiqué dans un communiqué les participants à la réunion.


(Lire aussi : Abousleiman tente de résister à la pression des Palestiniens)


Mahmoud Abbas rejette toute escalade

À l’encontre de ces vagues de protestations, le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé hier son « rejet de toute forme d’escalade avec les frères libanais », affirmant que « la solution doit découler du dialogue ».

Son appel officiel à l’apaisement et à la coopération correspond à l’attitude compréhensive qu’affiche Camille Abousleiman. Tout en défendant hier son plan de lutte contre la main-d’œuvre illégale, qui selon lui « a fourni des opportunités de travail aux Libanais », le ministre du Travail a affirmé une nouvelle fois, lors d’une visite au siège de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), que les travailleurs palestiniens allaient bénéficier de mesures d’exception. « Les travailleurs palestiniens bénéficient d’une situation spéciale et subissent un drame que nous ne voulons pas aggraver. Des lois leur accordent certains avantages et privilèges, et nous allons les appliquer, a-t-il assuré, ajoutant dans ce cadre que le ministère du Travail va leur accorder les droits nécessaires. » Lors d’un entretien téléphonique avec son homologue palestinien, Nasri Abou Jeich, M. Abousleiman lui a assuré qu’il comprenait « les souffrances du peuple palestinien », lui promettant d’« accorder toutes les facilités nécessaires aux travailleurs palestiniens pour obtenir des permis de travail en vertu de la loi libanaise, sans que cela ne génère pour eux des coûts supplémentaires ».


(Lire aussi : Face à la colère palestinienne, Abousleiman répond par des gestes d’apaisement)

« Appliquer la loi n’est pas un crime »

Face à tant de bonne volonté, qu’est-ce qui justifie donc le tollé soulevé contre les mesures prises par le ministre du Travail, d’autant que ce dernier ne fait qu’appliquer la loi ? Un cadre des Forces libanaises (FL) contacté par L’Orient-Le Jour, note que « la loi a été adoptée depuis des dizaines d’années, mais n’a jamais été appliquée, les prédécesseurs de Camille Abousleiman, comme Assem Kanso (Baas prosyrien) ou Trad Hamadé (Hezbollah) n’ayant pas voulu s’y aventurer, et d’autres comme Sejaan Azzi n’ayant pu s’activer en ce sens, à l’ombre d’un gouvernement transitoire et d’une vacance présidentielle ». « Appliquer la loi ne constitue pas un crime et si en tout état de cause elle nécessite d’être modifiée, il faudrait au lieu de voir les Palestiniens descendre dans les rues pour la rejeter présenter plutôt au Parlement une proposition de loi comportant des motifs justifiant son amendement », suggère le responsable FL. Selon lui, « c’est le Hezbollah qui manipule les organisations palestiniennes, parce que ce parti a peur que l’organisation des questions liées au travail des réfugiés conduise à évoquer la question de ses armes ». « Le parti chiite préfère entretenir une atmosphère de chaos dans les camps palestiniens et à leurs abords, pour justifier le maintien de son arsenal », explique le cadre partisan, estimant que « l’organisation de la réalité palestinienne ne convient pas à ceux qui utilisent le dossier palestinien dans le bazar des conflits régionaux pour des projets qui ne servent en rien la cause palestinienne ». « Les souffrances des Palestiniens sont exploitées par l’axe de la Moumanaa, qui s’en sert dans les guerres régionales », insiste-t-il, affirmant qu’au contraire, « la démarche de M. Abousleiman, outre le fait de profiter aux Libanais, servira les Palestiniens ».




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Hassan Hobballah, ancien député du Hezbollah: « ... le réfugié palestinien est né au Liban et y vit et qu’il n’est donc pas un étranger ». En bref, le Hezbollah accepte l’implantation? Et donc serait-il d'accord avec le plan Trump? Pourquoi faisait il donc la guerre avec Israël tout ce temps la? Tant de morts, tant de blesses et destruction pour rien? Mabrouk aux Chiites pour de tels dirigeants qui les utilisent comme chairs a canon pour .... rien! A présent il est temps de lancer des ultimatums et de mettre la loi en vigueur! Il est clair que le merveilleux travail que les ministres représentants les FL dérange et a chaque étape, il y aura une résistance par X, Y ou Z pour entraver le bon boulot fait. Ils font cela a tours de rôle! Aux prochaines législatives les FL auront 50% des sièges Chrétiens et inshallah, bientôt aussi, des sièges musulmans. Alors le Liban découvrira ce qui veut dire un président fort!!!

Pierre Hadjigeorgiou

09 h 13, le 18 juillet 2019

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Commentaires (2)

  • Hassan Hobballah, ancien député du Hezbollah: « ... le réfugié palestinien est né au Liban et y vit et qu’il n’est donc pas un étranger ». En bref, le Hezbollah accepte l’implantation? Et donc serait-il d'accord avec le plan Trump? Pourquoi faisait il donc la guerre avec Israël tout ce temps la? Tant de morts, tant de blesses et destruction pour rien? Mabrouk aux Chiites pour de tels dirigeants qui les utilisent comme chairs a canon pour .... rien! A présent il est temps de lancer des ultimatums et de mettre la loi en vigueur! Il est clair que le merveilleux travail que les ministres représentants les FL dérange et a chaque étape, il y aura une résistance par X, Y ou Z pour entraver le bon boulot fait. Ils font cela a tours de rôle! Aux prochaines législatives les FL auront 50% des sièges Chrétiens et inshallah, bientôt aussi, des sièges musulmans. Alors le Liban découvrira ce qui veut dire un président fort!!!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 13, le 18 juillet 2019

  • il faut faire attention, ou et la cohesion a part quelques uns qui ont pris et fait cause pour le ministre ou sont les autres qui se targuent d'etre les paragons de la non implantations des palestiniens au iiban!?!?! il faut attention messieurs du gouvernement car si vous laisser seul ce ministre et qu'il flechit c'est tout le gouvernement qui flechit devant les refugiers et la tout peut partir en vrille (ne pas oublier que les syriens s'Ils manifestent ensemble on est pas dans la merde) à messieurs les deputes du liban vous aussi si vous ne faite rien ce sont toutes vos lois que vous votez qui seront bafouer ainsi que vous meme de sorte que vos lois donc votre engagements qui sera remis en cause

    Bery tus

    03 h 08, le 18 juillet 2019

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