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Liban - Communautés

Raï multiplie ses exhortations pour redresser une gouvernance à la dérive

Le patriarche Raï accueillant hier le chef de l’État au couvent de Annaya. Photo ANI

Que ce soit à Annaya devant le président Michel Aoun, ou à Kherbet Kanafar (Békaa-Ouest) devant des députés et des édiles, le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a poursuivi hier ses exhortations pour redresser une gouvernance à la dérive. Hier, il a spécifiquement mis en garde contre « les idolâtries » qui corrompent le pouvoir politique, et les ingérences qui placent la justice dans la dépendance des corrupteurs.

C’est dans un couvent fourmillant de pèlerins venus du Liban et de l’étranger pour la fête de saint Charbel (21 juillet), que le chef de l’Église maronite a célébré la messe hier matin, s’attardant dans son homélie à décrire les vertus et le parcours héroïque de sainteté de celui qu’il a désigné comme « le saint du Liban par excellence ».

À côté du patriarche, concélébraient l’évêque maronite de Jbeil Michel Aoun, le supérieur de l’Ordre libanais maronite Nehmetallah Hachem et le supérieur du couvent de Annaya Tannous Nehmé. Aux premières rangées, on reconnaissait le nonce apostolique Joseph Spiteri, ainsi que le commandant en chef de l’armée Joseph Aoun, le président de l’Association des banques Salim Sfeir et de nombreux députés et anciens députés.

« Nous prions pour que la prière de saint Charbel nous couvre de son ombre, afin que le visage du Christ rédempteur, qui a voulu faire de nous ses témoins au Liban et en cet Orient, se révèle à nous », a dit le patriarche dans son homélie.



(Lire aussi : Raï prône un discours politique « qui resserre les rangs et ne divise pas »)



Les idoles pullulent
Mais c’est pour l’église Saint-Élie à Kherbet Kanafar, à l’occasion de la fête du saint patron (20 juillet) qui coïncidait avec le jubilé de sa fondation en 1869, que le patriarche a réservé son message le plus fort.

Devant Henri Chédid, habitant de Kherbet Kanafar, Waël Bou Faour et Élie Ferzli, Béchara Raï n’a pas mâché ses mots. « Aujourd’hui, a-t-il dit d’un ton sévère, pullulent les idoles du pouvoir, de l’argent, des armes, de l’adoration de soi, des sens, pour ne rien dire des idoles de la drogue, de l’alcool et de la prostitution, toutes idoles qui asservissent l’homme et l’installent dans la dépendance. Ces idoles entament la beauté naturelle de l’être humain et corrompent son sens moral. Sa vitalité s’affaisse et sape l’énergie qu’il pouvait mettre à faire le bien avec abnégation. À la Chambre et au gouvernement, on parle de corruption, comme s’il s’agissait d’un concept abstrait ; mais l’on oublie que la corruption vient d’un homme à la morale corrompue, et que c’est par ce moyen que la corruption envahit les institutions, les ministères et les administrations. Pour combattre la corruption, il faut donc combattre la corruption du dedans (…) faute de quoi, c’est une structure de corruption qui s’édifie. »

« Un coup d’œil à la pratique de la justice et au rôle des tribunaux et conseils constitutionnels (…) laisse voir que la justice chez nous est victime des ingérences des influenceurs politiques, de telle sorte que certaines de ces ingérences faussent la justice ou l’empêchent d’être prononcée, tandis que d’autres ingérences, comme ce fut le cas avec l’incident de Qabr Chmoun, paralysent l’exécutif. »

Par ailleurs, le patriarche maronite a dénoncé la violation du commandement du repos dominical, compris comme jour du Seigneur. Il a considéré que l’éloignement de la sainte communion « conduit à la sécheresse spirituelle, morale et humaine, et incite les autres à mépriser la religion et à l’abaisser à des programmes satiriques, des films et des images destructeurs qui se propagent sur les réseaux sociaux. Ainsi, certains usent des talents que le Créateur leur a accordé pour le dénigrer, sans que personne ne défende les droits de Dieu, comme le faisait saint Élie dans son grand zèle ».



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