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À La Une - Liban

Incidents de Qabr Chmoun : un déblocage gouvernemental se dessine

Saleh Gharib, reçu par Raï et Frangié, réclame toujours une saisine de la Cour de justice.

Le vice-président de la Chambre, Elie Ferzli (g), reçu par le Premier ministre Saad Hariri, le 10 juillet 2019 au Grand Sérail. Photo Dalati et Nohra

Un déblocage gouvernemental semblait se dessiner mercredi grâce aux contacts politiques entrepris ces derniers jours pour apaiser les tensions sécuritaires et politiques après les affrontements de la Montagne, survenus il y a 10 jours, selon le vice-président de la Chambre, Elie Ferzli, qui s'est entretenu avec le Premier ministre Saad Hariri. Depuis les incidents du 30 juin, le gouvernement ne s'est plus réuni, afin d'éviter les tensions en séance entre les différentes formations.

"Il y aura sans doute une séance du Conseil des ministres prochainement", a déclaré M. Ferzli à l'issue de son entretien avec M. Hariri au Grand Sérail, soulignant que les médiations pour permettre la tenue d'une réunion du gouvernement "ont permis des progrès non négligeables". En début de soirée, le Premier ministre a reçu deux de ses prédécesseurs, Tammam Salam et Fouad Siniora, dans le cadre de ses contacts.

De son côté, le président du Parlement, Nabih Berry, cité par le député Ali Bazzi, membre du mouvement Amal que dirige le chef du Législatif, a estimé que "l'atmosphère se dirige vers la détente et le calme".

Selon la LBCI, le chef du gouvernement s'est entretenu mardi soir, loin des médias, avec le ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil. Des sources proches du chef du CPL ont affirmé à la LBCI que ce dernier attend la convocation d'un Conseil des ministres par le chef du gouvernement. Quelques heures auparavant, le Premier ministre avait déclaré qu'il ne convoquera pas de réunion du gouvernement "avant que tout le monde se calme".

Le 30 juin, alors que des partisans du Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt s'opposaient à la venue dans certains villages du caza de Aley, dans la Montagne libanaise, de Gebran Bassil, des échanges de tirs ont eu lieu à Qabr Chmoun, entre le convoi du ministre d'Etat pour les Affaires des réfugiés, Saleh Gharib, allié de M. Bassil et membre du Parti démocratique libanais de Talal Arslane, rival traditionnel de M. Joumblatt sur la scène druze, et des partisans joumblattistes. Deux personnes se trouvant dans le convoi de M. Gharib sont décédées des suites de leurs blessures. Le PDL affirme que les partisans du PSP ont "tendu un piège" au ministre Gharib et dénonce une tentative d'assassinat, tandis que le PSP affirme que ses partisans n'ont fait que répondre à des tirs provenant du convoi de M. Gharib.

Depuis les incidents, la scène politique libanaise est divisée : d'un côté, M. Arslane et ses alliés exigent que cette affaire soit saisie par la Cour de justice, un tribunal d'exception dont les jugements sont sans appel, tandis que Walid Joumblatt et ses alliés refusent catégoriquement cette saisine. C'est précisément cette question qui avait causé l'annulation du Conseil des ministres de mardi dernier.

Dans ce contexte, Saleh Gharib, à la tête d'une délégation du PDL, a été reçu dans la journée par le patriarche maronite, Béchara Raï, dans sa résidence d'été de Dimane. "Nous avons insisté sur la nécessité de traiter cette affaire à travers les institutions de l’État qui est le garant de tout le monde. Quand l’État est affaibli, des événements insupportables arrivent. Nous avons réitéré notre attachement au vivre-ensemble dans la Montagne, tout en insistant pour que justice soit faite, notamment en ayant recours à la Cour de justice, car ce qui s'est passé avait menacé l’État", a souligné le ministre Gharib à l'issue de l'entretien.


Le ministre d'Etat pour les Affaires des réfugiés, Saleh Gharib (3è à p. de la gauche), à la tête d'une délégation, reçu par le patriarche Mgr Béchara Raï. Photo Ani


Pour sa part, le siège patriarcal maronite a appelé, par la voix de son porte-parole Walid Ghayad, les personnes concernées (par les incidents de Qabr Chmoun) à se réconcilier et à protéger l'unité de la Montagne dans toutes ses composantes (confessionnelles). Il a souligné que le patriarche "insiste sur la solidité de toutes les réconciliations qui sont désormais la responsabilité de tous les Libanais", en référence notamment à la réconciliation druzo-chrétienne scellée en 2001 sous l'égide de l'ancien patriarche Nasrallah Sfeir, après les massacres qui ont eu lieu de part et d'autre en 1983, durant la guerre civile.

Saleh Gharib s'est ensuite rendu à Bnechii, à Zghorta, afin de s'entretenir avec le chef des Marada, son allié Sleimane Frangié. A l'issue de l'entretien, M. Gharib a réitéré sa demande de saisine de la Cour de Justice, "afin que justice soit faite, car cette instance constitue une garantie pour tout le monde". "M. Frangié a exprimé son attachement à l'unité de la Montagne", a ajouté le ministre.


M. Gharib et M. Frangié. Photo Ani


Par ailleurs, le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, qui mène une médiation depuis plusieurs jours en s'entretenant avec les divers responsables pour tenter d'apaiser les tensions, s'est rendu aujourd'hui à Dar el-Fatwa. "Il y a des avancées, et notre tournée en est la preuve", s'est-il contenté de dire, après s'être entretenu avec le mufti de la République, le cheikh Abdel Latif Deriane.


Photo Dalati et Nohra



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