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À La Une - Reportage

A Téhéran, "le peuple est prêt" à faire face à l'"ennemi" américain

"Chaque fois qu'un Iranien sent que sa patrie, sa famille, ou son honneur est menacé, mis en danger, violé, il est à l'écoute du Guide, disposé et prêt à intervenir avec force et rigueur", assure Hamid, professeur retraité.

Une Iranienne traverse devant une affiche sur laquelle sont peints les portraits du guide suprême iranien, Ali Khameneï (g), et celui du fondateur de la République islamique d'Iran, l'ayatollah Khomeini, le 25 juin 2019 dans une rue de Téhéran. Photo AFP / ATTA KENARE

Dans une rue de Téhéran, une foule scande les habituels slogans contre les Etats-Unis, "ennemi" numéro un de l'Iran: pour ces fidèles de la République islamique, leur pays est prêt à affronter Washington si la rhétorique guerrière se poursuit.

"Aujourd'hui, le message qui est relayé de Téhéran dans le monde, c'est que le peuple iranien, comme à son habitude, est prêt", lance avec défi Mohammad, venu honorer dans le centre de la capitale iranienne "150 martyrs" tombés lors de la guerre Iran-Irak ou en Syrie. "Sans aucun doute aujourd'hui, notre force est telle que personne n'ose entrer en conflit avec elle ou l'attaquer", assure ce quadragénaire, réagissant aux dernières déclarations martiales du président américain Donald Trump.

La crise au long cours qui caractérise depuis 40 ans les relations entre les Etats-Unis et la République islamique connaît depuis bientôt deux mois un nouvel accès de fièvre sur fond d'escalade militaire dans la région du Golfe, et plus particulièrement depuis que l'Iran a abattu un drone américain le 20 juin.

Dans ces circonstances ultratendues faisant craindre un embrasement à tout moment, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'une guerre courte contre Téhéran, potentiellement dévastatrice. "Nous sommes dans une position très forte, et ça ne durerait pas très longtemps, je peux vous le dire", a assuré M. Trump sur la chaîne de télévision Fox Business Network. "Et je ne parle pas de troupes au sol", a-t-il ajouté.

En ce premier jour de week-end prolongé, la foule réunie rue Enghelab ("Révolution" en persan) scande les habituels slogans de "Mort à l'Amérique", "A bas Israël". Hommes en bras de chemises et femmes en tchador noir de rigueur arborent des glaïeuls, blancs, rouges ou roses, ainsi que des portraits du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


(Lire aussi : Pourquoi Khamenei ne s’inspire-t-il pas de la stratégie de Kim Jong-un ?)


"Persévérance et résistance"

"Chaque fois qu'un Iranien sent que sa patrie, sa famille, ou son honneur est menacé, mis en danger, violé, il est à l'écoute du Guide, disposé et prêt à intervenir avec force et rigueur", assure Hamid, professeur retraité.

La foule s'est rassemblée dès 09H30 (05H00 GMT), sous un soleil déjà accablant, devant l'Université de Téhéran autour de chapiteaux mobiles dressés pour exposer les cercueils des "loyaux compagnons" morts pour l'Iran. Enveloppés dans plusieurs drapeaux iraniens les parallélépipèdes sont dressés en pyramides, gardées par des soldats de l'armée nationale ou des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, en uniforme d'apparat. Sans donner de chiffre précis, la télévision d'Etat parle d'une "foule immense".

La guerre Iran-Irak (1980-1988) a beau s'être achevée il y a plus de trente ans, l'Iran organise régulièrement des funérailles pour des soldats dont les restes sont soit restitués par l'Irak, soit découverts dans les zones des combats, qui se sont déroulés essentiellement en Iran.

Selon la presse iranienne, les cercueils exposés à la dévotion de la foule contenaient les dépouilles ou les restes de 148 soldats tombés pendant la guerre Iran-Irak, dont 35 seulement ont été identifiés, et de deux "défenseurs des lieux saints", ainsi que sont appelés les "volontaires" partis combattre en Syrie, où l'Iran apporte un soutien militaire au dirigeant Bachar al-Assad.

"Il est de notre devoir d'écouter ces messages de grandeur, de persévérance et de résistance qui réveillent en nous le sens des responsabilités", déclare à la foule Ebrahim Raïssi, chef de l'Autorité judiciaire, en faisant référence aux "testaments" écrits par les soldats avant de monter au combat. "Nous nous ressourcerons du sang des martyrs. C'est ce sang qui a arrosé et abreuve le grand arbre fécond de la Révolution islamique", clame-t-il.


(Lire aussi : Washington et Téhéran s’enferment dans un cercle vicieux)



"Main bénie"

Revenant sur l'incident du drone américain --abattu selon Téhéran après qu'il eut violé l'espace aérien iranien, ce que Washington conteste--, M. Raïssi affirme: "La main bénie qui a attaqué le drone américain a confirmé que pour résister devant l'ennemi la République islamique n'a aucune hésitation."

"La République islamique reconnaît l'Amérique comme l'ennemi principal devant le régime sioniste (Israël, ndlr) et, avec toute sa force, est capable de les amener à repentance", lance encore M. Raïssi avant que le cortège funèbre ne s'ébranle en direction de "Meraj al-Shohada" ("Ascension des martyrs"), un lieu de mémoire du centre de la capitale.

Dans la foule faisant corps autour des chapiteaux funèbres remorqués par des camions, on cherche à s'approcher, qui pour lancer une fleur, qui pour toucher les cercueils. Les femmes pleurent et les hommes se battent la poitrine. Dans les derniers mètres, les cercueils sont portés à bout de bras. Ils doivent être inhumés dans 17 provinces iraniennes samedi, jour férié en mémoire d'un des plus grands imams vénérés par les chiites duodécimains.


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