Donald Trump donne l’impression de ne pas savoir ce qu’il veut. Se faisant de plus en plus menaçant à l’égard de Téhéran au cours de ces dernières semaines, il a affirmé vendredi avoir stoppé des frappes contre l’Iran 10 minutes avant leur lancement après que l’Iran a abattu un drone américain. Une décision qui intervient après plusieurs semaines de montée des tensions entre Washington et Téhéran, alimentées par son discours belliciste. Le président américain se fait cependant hésitant sur la marche à suivre alors qu’il ne suit pas les faucons de son équipe. « Si cela ne tenait qu’à John (Bolton), nous serions dans quatre guerres maintenant », a confié le président américain à l’un de ses conseillers, selon le New York Times en mai dernier. Véritable faucon, le conseiller à la Sécurité nationale est connu pour ses positions favorables à un changement de régime en Iran, et il est appuyé par le secrétaire d’État, Mike Pompeo. « Plusieurs responsables ont déclaré que M. Bolton avait exprimé sa frustration à l’égard du président, le considérant comme peu disposé à réclamer des changements dans une région qu’il considère depuis longtemps comme un bourbier », rapporte le NYT.
Le président américain semble ne toujours pas être sorti de la contradiction de sa campagne de 2016. Tenant un discours à la fois nationaliste et isolationniste, il aligne toutefois ses objectifs stratégiques sur ceux des faucons. Insistant sur la nécessité de délester Washington de son rôle de « gendarme du monde » et prônant le désengagement des États-Unis du Moyen-Orient, sa politique dans la région est basée dans le même temps sur la nécessité de contrer l’Iran à tout prix. En ce sens, les récents développements régionaux semblent semer la zizanie au sein de la Maison-Blanche alors que le président américain a les yeux rivés sur l’élection de 2020. « Si le Moyen-Orient n’est pas un problème prioritaire pour l’électorat de Trump qui se soucie surtout de l’immigration, l’Iran reste l’ennemi avec un grand “E” », indique Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire et spécialiste de la politique américaine, interrogé par L’Orient-Le Jour.
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« Plus de John Kerry et d’Obama ! »
Plusieurs médias américains ont fait état de débats entre Donald Trump et ses conseillers sur la marche à suivre à l’égard de Téhéran, exacerbant les divisions au sein de son administration. « Le problème est qu’il s’est mis dans une situation impossible », estime Corentin Sellin. Pris en tenaille, le locataire de la Maison-Blanche tente de ne pas froisser les différentes franges de son camp alors qu’il espère briguer un second mandat en 2020. « Trump a réussi à joindre les différentes franges républicaines pour l’instant, alors que la majeure partie est sur la même ligne que lui et n’est pas favorable à une intervention », note le spécialiste. « Il a quand même transformé l’électorat républicain en un électorat non interventionniste, qui ne souhaite pas de longs déploiements et qui apprécie la volonté de ramener les troupes à la maison », poursuit-il en prenant l’exemple de l’annonce du retrait (non effectif) de Syrie.
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À défaut d’intervenir directement, la Maison-Blanche avait annoncé lundi la prise de sanctions « dures » supplémentaires contre Téhéran, visant le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, et des hauts gradés des gardiens de la révolution. Donald Trump a toutefois menacé à nouveau l’Iran hier sur Twitter, déclarant que les États-Unis riposteraient par « une force énorme et écrasante » contre « toute attaque de l’Iran sur tout ce qui est américain ». « Plus de John Kerry et d’Obama ! » a-t-il ajouté alors qu’il critique régulièrement son prédécesseur pour son manque d’action dans la région. Les divergences au sein du camp républicain sur l’attitude à adopter envers Téhéran ne devraient cependant pas radicalement remettre en question son soutien à Donald Trump pour la prochaine élection alors que sa base électorale reste solide. « Sauf si l’Iran s’attaque directement aux intérêts américains par une prise d’otages par exemple, alors cela pourrait impacter le président américain (et sa campagne pour 2020), comme on l’a vu avec Jimmy Carter en 1980 », nuance Corentin Sellin.
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IL SUIT UNE SEULE ET DROITE VOIE. LES TERGIVERSATIONS FONT PARTIE DE LA GUERRE DES NERFS QU,IL LANCE CONTRE L,IRAN.
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 49, le 26 juin 2019