La délégation représentant la Syrie à la 108ème session de la Conférence internationale du Travail à Genève a boycotté jeudi le discours du ministre libanais du Travail, Camille Abousleiman, qui a notamment évoqué le dossier des réfugiés syriens installés au Liban. Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), la délégation syrienne s'est retirée de la salle durant le discours de M. Abousleiman.
"L'un des plus grands défis du Liban est la présence d'un nombre sans précédent de réfugiés syriens et ses conséquences sur le pays dans plusieurs domaines, notamment économiques", a déclaré M. Abousleiman qui représente les Forces libanaises au sein du gouvernement. M. Abousleiman s'est prononcé dans son discours pour un "retour volontaire" des réfugiés.
"Les déplacés syriens concurrencent désormais les Libanais qui cherchent un emploi, au moment où le phénomène de travail illégal s'aggrave, constituant un danger pour la sécurité économique et sociale, a souligné le ministre libanais. Depuis le début de la crise syrienne, le Liban n'a pas hésité à accomplir son devoir humanitaire envers les déplacés syriens qu'il accueille par respect des droits de l'homme et du droit humanitaire, a déclaré M. Abousleiman. Mais le Liban, après neuf ans de conflits en Syrie, souffre de crises économiques et sociales majeures qui surpassent ses capacités". Le ministre a enfin appelé à "intensifier les efforts pour un retour sécurisé des déplacés syriens chez eux, car ce retour est la solution à la crise et assure la protection du Liban et sa pérennité".
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Geagea se dit "fier"
Réagissant à cette affaire, M. Abousleiman a estimé sur Twitter que "ces agissements confirment que le régime syrien ne veut pas faciliter le retour de ses ressortissants déplacés. Rien que l'évocation d'un retour sécurisé indispose ce régime".
Le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, s'est, lui, dit "fier que la délégation syrienne boycotte le discours du ministre Abousleiman". Il a ensuite estimé qu'il était "déshonorable pour la Conférence international du Travail d'accueillir en premier lieu la délégation du régime syrien".
Plusieurs députés FL ont également condamné l'attitude de la délégation syrienne.
Plus d'un million de réfugiés syriens, fuyant la guerre dans leur pays, sont installés au Liban. Les autorités libanaises estiment qu'il s'agit d'un trop lourd fardeau à porter et une partie des responsables, dont le chef de l'Etat Michel Aoun et le chef de la diplomatie Gebran Bassil, appellent à leur rapatriement sans attendre une solution poilitique en Syrie. De nombreux responsables mettent en garde contre la pression exercée par les réfugiés et les travailleurs syriens sur le marché du travail libanais.
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Jeudi matin, le président Aoun, qui a reçu des personnalités britanniques et françaises, a appelé Londres et Paris à aider le Liban pour favoriser un retour des réfugiés syriens.
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, en visite en Grande-Bretagne, a pour sa part réaffirmé mercredi que le Liban ne pouvait plus supporter le poids des réfugiés syriens.
Samedi, Gebran Bassil, qui parlait dans le cadre de la conférence Lebanese Diaspora Energy (LDE), avait affirmé qu'"il est naturel que nous défendions la main d’œuvre libanaise face à toutes les autres, qu'elles soient syrienne, palestinienne, française, saoudienne, iranienne ou américaine", lançant devant son auditoire : "Les Libanais avant tout !". Ces propos ont soulevé une tempête de protestations sur les réseaux sociaux, notamment dans les pays du Golfe, ainsi qu'au sein de la classe politique libanaise, les détracteurs de M. Bassil allant jusqu'à l'accuser de racisme.
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commentaires (6)
Comment ces réfugiés syriens ayant fui l'enfer de leur pays, pouvaient-ils en même temps faire leur service militaire ? Irène Saïd
Irene Said
21 h 31, le 13 juin 2019