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À La Une - Médiation US

Litige frontalier entre le Liban et Israël : les discussions "ont atteint un stade crucial"

David Satterfield devrait apporter une réponse israélienne aux propositions libanaises.

Le sous-secrétaire d'Etat américain David Satterfield (g), s'entretenant avec le président du Parlement libanais, Nabih Berry, le 12 juin 2019 à Aïn el-Tiné. Photo ANI

Le sous-secrétaire d'Etat américain David Satterfield, qui mène une médiation entre le Liban et Israël au sujet de leur contentieux frontalier bloquant l'exploration pour les hydrocarbures en Méditerranée, a rencontré mardi le Premier ministre Saad Hariri, le chef du Législatif, Nabih Berry, et la ministre de l''Energie Nada Boustani. Les discussions avec les responsables libanais "ont atteint un stade crucial" et selon notre correspondante Hoda Chédid, le diplomate US, qui effectue depuis quelques semaines des navettes entre le Liban et Israël, devrait apporter une réponse israélienne aux propositions libanaises.



Réunion "positive"
M. Satterfield, qui est arrivé à Beyrouth mercredi soir dans le cadre de cette nouvelle tournée, s'est d’abord entretenu aujourd'hui avec la ministre de l'Energie, Nada Boustani. "Réunion positive avec le sous-secrétaire d'Etat américain David Satterfield qui m'a informée que l'administration américaine encourage les compagnies à investir dans le secteur des hydrocarbures au Liban", a écrit M. Boustani sur Twitter.

Il y a deux jours, le président Michel Aoun avait appelé les compagnies américaines à participer au nouveau round d’attribution des licences d’exploration et de production d’hydrocarbures offshore qui doit débuter dans près d'un mois. Les cinq nouveaux blocs mis en jeu n° 1 (Nord-Ouest), n° 2 (Nord-Est), n° 5 (centre-Ouest), n° 8 (Sud-Est) et n° 10 (Sud-Ouest) s’ajoutent ainsi aux deux déjà attribués au consortium Total-Eni-Novatek – blocs 4 (centre-Ouest) et 9 (Sud). Le forage du premier puits, qui doit confirmer le potentiel prometteur du pays en termes de découvertes commercialisables, doit avoir lieu vers fin 2019.

Le responsable américain s'est par la suite dirigé vers Aïn el-Tiné où il a été reçu par le président du Parlement. Des sources proches de M. Berry ont indiqué que les discussions "ont atteint un stade crucial et l'important à ce niveau est la préservation de l'intégralité des droits libanais". Selon des sources de notre correspondante Hoda Chédid, "l'atmosphère n'est pas négative" et le diplomate US devrait apporter une réponse israélienne aux propositions libanaises.

Toujours selon notre correspondante, la position du Liban n'a pas changé, notamment concernant son refus de séparer la question des frontières maritimes de celle des frontières terrestres. Les points aujourd'hui acquis sont : le principe de négociation entre les deux pays, la participation de l’ONU à ces pourparlers et la médiation US. Restent quelques détails à régler concernant le principe de non séparation dans les discussions entre les frontières maritimes et terrestres.

Il y a quelques mois, les Américains refusaient la participation de l’ONU, et lors de sa rencontre avec la délégation parlementaire libanaise envoyée à Washington, David Satterfield avait tenu des propos très durs sur le sujet, précisant que si les Libanais veulent la participation de l’ONU, ils doivent savoir qu’elle n’aura qu’un rôle logistique, autrement dit différent de celui joué par l’ONU en 2000 qui s’était traduit par le tracé de la Ligne bleue.

David Satterfield s'est ensuite rendu au Grand Sérail pour s'entretenir avec le Premier ministre Saad Hariri. Selon un communiqué du bureau de ce dernier, le responsable américain a évoqué "les développements dans le cadre de sa mission", sans plus de détails.
La veille, le responsable américain avait été reçu par l'ambassadeur Ghadi Khoury, mandaté par le chef de la diplomatie Gebran Bassil qui se trouve à l'étranger.


(Lire aussi : Frontières maritimes, un dossier en suspens malgré la visite de Satterfield, le décryptage de Scarlett Haddad)




"Des conséquences néfastes"
Selon des sources informées citées par la LBCI, M. Satterfield déclaré à ses interlocuteurs que le Liban "doit informer la partie américaine s'il souhaite séparer la question des frontières maritimes de celle des frontières terrestres et se contenter de négocier le tracé des premières, et s'il est en faveur ou non d'une date-limite pour les négociations". Ces sources indiquent enfin qu'une impasse dans les négociations sur le litige frontalier "aurait des conséquences néfastes sur le secteur des hydrocarbures au Liban".


David Satterfield a été nommé ambassadeur de son pays à Ankara et devrait prendre rapidement ses fonctions pour être sur place en vue de la visite du président américain en Turquie prévue (en principe) au début du mois de juillet.

La semaine dernière, un haut responsable israélien avait affirmé s'attendre à ce que les négociations qui doivent avoir lieu avec le Liban sous l'égide de l'ONU, se déroulent d'ici quelques semaines. Selon ce responsable cité par Reuters, les pourparlers se tiendraient au quartier général de la Force intérimaire de l'ONU au Liban-Sud (Finul) à Naqoura. Le responsable, qui avait requis l'anonymat, avait toutefois précisé qu'en cas de négociations, Israël ne discuterait que de la frontière maritime, pas de la démarcation de la frontière terrestre, ce à quoi est attaché Beyrouth.

Le litige frontalier maritime entre le Liban et Israël a pris une nouvelle dimension avec la découverte de gaz en Méditerranée orientale ces dernières années, qui a fait naître de grands espoirs, et attisé les tensions dans une région déjà explosive. Le Liban a signé en février 2018 son premier contrat d'exploration offshore avec un consortium dominé par le groupe français Total. Deux blocs sont concernés, notamment le bloc 9, dont une partie se trouverait dans une zone maritime disputée avec Israël. Au Liban, les travaux de forage dans le bloc 4 doivent débuter en décembre, et ceux du bloc 9 quelques mois plus tard. Le pays a aussi lancé en avril un appel d'offres pour l'exploration de cinq autres blocs, dont deux adjacents à l'espace maritime israélien. Selon le groupe Total, la dispute frontalière entre le Liban et Israël concerne "moins de 8% de la surface du bloc 9". Il a assuré en 2018 que les travaux de forage ne se dérouleraient pas dans ce secteur.



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