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Liban - Éclairage

Le Pentagone et la CIA ont désormais la haute main sur le dossier libanais

Après les Américains, c’est au tour des Français aujourd’hui de mettre en garde le Liban contre les risques d’une guerre avec Israël si certaines précautions ne sont pas prises. Il y a quelque temps, les officiels et les émissaires américains accueillis dans la capitale libanaise ont rassuré leurs interlocuteurs libanais sur le fait qu’ils n’ont pas à redouter une escalade au Liban-Sud, Washington ayant exercé des pressions sur Tel-Aviv pour barrer la voie à toute détérioration de la situation dans cette partie du pays, alors que le bras de fer entre les États-Unis et l’Iran fait craindre le pire dans la région. Ces émissaires ont fait savoir aux dirigeants libanais que les États-Unis sont soucieux de préserver la stabilité du Liban, mais leur ont dans le même temps expliqué que ces assurances restent bien entendu tributaires du comportement du Hezbollah. Tant que la formation chiite se conforme à la politique de distanciation du gouvernement et à la déclaration de Baabda (que le parti de Hassan Nasrallah ne reconnaît pas, mais qui est considérée comme un document officiel du gouvernement), le Liban n’a rien à craindre. Le discours que le chef du gouvernement, Saad Hariri, avait prononcé la semaine dernière, lors de l’iftar annuel de son parti, le courant du Futur, a résonné comme une réponse à ces assurances, lorsqu’il avait réaffirmé l’attachement de son gouvernement à la politique de distanciation.

Plusieurs États occidentaux et arabes se sont engagés dans une médiation entre les États-Unis et l’Iran pour éviter une escalade. Parmi eux, le Japon, la Suisse, l’Irak, Qatar, le sultanat d’Oman et la France, laquelle a dépêché à Beyrouth le conseiller d’Emmanuel Macron pour les Affaires du Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Aurélien Lechevallier (qui vient d’être nommé ambassadeur en Afrique du Sud). Ce dernier a, entre autres, transmis à ses hôtes un message selon lequel Beyrouth devrait rester sur ses gardes et éviter de se laisser entraîner dans une confrontation à dimension régionalo-internationale. Selon des sources informées, le Liban a rassuré Aurélien Lechevallier, tout comme il avait rassuré avant lui David Satterfield, secrétaire d’Etat adjoint pour les Affaires du Proche-Orient, sur le fait que le Hezbollah n’a pas l’intention de s’engager dans une confrontation avec qui que ce soit et qu’il est conscient de la gravité du bras de fer irano-américain et de ses éventuelles retombées sur la région.



(Lire aussi : Nouvelle mission de Lechevallier axée sur le dossier économique)



Dans certains milieux politiques, on souligne qu’à travers ses assurances aux Libanais, l’Occident essaie d’empêcher qu’à la demande de Téhéran, le Hezbollah ne provoque une escalade, sous prétexte que ses armes servent à défendre les intérêts du Liban face aux ambitions territoriales israéliennes. Les démarches américaines menées en particulier dans ce sens sont associées d’une dynamique diplomatique visant à mettre en place un processus de négociations sérieuses pour la délimitation des frontières terrestres et maritimes avec Israël. David Satterfield a réussi à arracher aux Libanais un accord sur des pourparlers libano-israéliens à Naqoura sous l’égide des Nations unies et en présence d’émissaires américains, et aux Israéliens l’engagement à discuter simultanément des frontières terrestres et maritimes, ce que le Liban souhaitait mais qu’Israël et les États-Unis rejetaient. Washington a aussi réussi à obtenir que Tel-Aviv arrête les opérations de forage offshore dans les zones maritimes qui font l’objet d’un litige avec Beyrouth.

Des responsables libanais qui ont récemment visité la capitale américaine soulignent l’attachement des États-Unis à tenir le Liban à l’abri de toute secousse sécuritaire, compte tenu de l’engagement du gouvernement à se conformer à la politique de distanciation, à consolider l’État à travers la dynamisation de ses institutions, notamment l’armée et les FSI. Ils ont même promis d’aider le pays à accélérer le processus de retour des réfugiés syriens chez eux, pour éviter des problèmes de sécurité à l’avenir. De l’avis de sources diplomatiques occidentales, Washington est engagé dans une nouvelle dynamique politique à l’égard du Liban. Cette dynamique qui s’inscrit dans le cadre de son retour en force dans la région se traduit par le fait que le dossier du Liban est actuellement pris en charge par le Pentagone et la Central intelligence agency (CIA) et non plus par le département d’État.



(Lire aussi : Le Liban à l’abri de l’escalade Iran-USA)



De même source, on révèle que Washington accorde une attention particulière à deux institutions officielles au Liban : l’armée et la banque centrale qu’il considère comme le double pilier de la stabilité locale. Aussi, les responsables américains n’ont pas caché leur mécontentement lorsque les deux ont été récemment la cible de critiques injustifiées. De sources diplomatiques, on révèle dans ce contexte que l’armée libanaise est jugée parfaitement capable d’assumer la protection et le contrôle des frontières. De même source, on estime qu’il est maintenant temps pour le Liban de prendre l’initiative afin de délimiter la frontière est avec la Syrie, simultanément avec la délimitation des frontières terrestres et maritimes sud avec Israël.

Les États-Unis restent pressés de désamorcer tout conflit armé éventuel et de retirer des mains du Hezbollah la carte de la résistance qu’il continue de brandir pour justifier le maintien de ses armes, lesquelles sont essentiellement employées en fonction d’un agenda iranien. Ce que le chef de ce parti, Hassan Nasrallah, n’a jamais démenti. Pour les États-Unis, il est impératif que le parti de Dieu, soumis à des sanctions américaines, dans le sillage des sanctions imposées à l’Iran, se transforme en parti strictement politique, à l’instar des autres partis libanais, conformément aux résolutions 1559 et 1701 du Conseil de sécurité, qui insistent sur le désarmement des milices.



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Après les Américains, c’est au tour des Français aujourd’hui de mettre en garde le Liban contre les risques d’une guerre avec Israël si certaines précautions ne sont pas prises. Il y a quelque temps, les officiels et les émissaires américains accueillis dans la capitale libanaise ont rassuré leurs interlocuteurs libanais sur le fait qu’ils n’ont pas à redouter une escalade au...
commentaires (3)

Malheur au pays colonisé sans souveraineté. Les "souverainistes" ne sont pas ceux qui se le disent.

Jean abou Fayez

19 h 28, le 28 mai 2019

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Commentaires (3)

  • Malheur au pays colonisé sans souveraineté. Les "souverainistes" ne sont pas ceux qui se le disent.

    Jean abou Fayez

    19 h 28, le 28 mai 2019

  • C,EST UN PARAPLUIE POUR LE LIBAN. L,IRAN QUI EST HABITUE A FAIRE LA GUERRE AUX PAYS ARABES PAR CHIITES ARABES INTERPOSES ESSAYERA DE POUSSER LE HEZBOLLAH VERS QUELQUE NOUVELLE AVENTURE. MAIS LE TEMPS DE LA CASSE DES NOIX APPROCHE ON DIRAIT ORDINAIREMENT VERS OCTOBRE/NOVEMBRE.

    LA LIBRE EXPRESSION SE REPOSE

    09 h 44, le 25 mai 2019

  • La source iranienne des dollars s est tarie...si l Iran demande au hezbollah d attaquer Israel,l ordre ne sera pas execute....comme en 1945 lorsqu Hitler a ordonne la destruction de Paris.

    HABIBI FRANCAIS

    05 h 31, le 25 mai 2019

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