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Liban - Social

« Sesobel continuera d’exister pour tous les Libanais »

Richard Kouyoumjian, ministre des Affaires sociales, veut davantage d’argent pour les associations à vocation sociale dans le budget 2020.

Richard Kouyoumjian portant une des enfants qui bénéficient des prestations de Sesobel, lors d’une visite effectuée hier aux locaux de l’institution à Aïn Rihani.

« Sesobel n’est pas une association. Pour nous, elle représente la vie. Elle nous a ouvert ses portes, alors que la vie nous les a claquées au nez. Elle joue un rôle que l’État devrait accomplir. (…) Nous ne voulons pas de solutions temporaires. Nous voulons une solution définitive pour ne pas rester inquiets quant à notre avenir. Nous appelons à la mise en place d’une politique générale durable pour traiter ce dossier, indépendamment des politiques financières. L’être humain ne peut pas attendre. Son médicament n’attend pas, encore moins son traitement, son repas et sa joie. Nous ne comprenons rien aux chiffres. Nous savons par contre qu’il est de notre droit de venir tous les jours à cette institution et qu’il est inacceptable qu’elle ferme ses portes. Il est inacceptable que nous soyons mis de nouveau dans cette position. Nous ne voulons plus mendier nos droits. »

Ce cri lancé hier par un des bénéficiaires des prestations de Sesobel, lors d’une visite effectuée par le ministre des Affaires sociales, Richard Kouyoumian, à ses locaux à Aïn Rihani, résume l’importance du rôle que joue cette association – et les 102 autres – auprès des personnes à besoins spéciaux et dont le fonctionnement est menacé en raison du non-paiement par l’État des arriérés.

À la suite du tollé suscité récemment par l’information selon laquelle Sesobel allait suspendre ses inscriptions d’ici à la fin du mois courant, réduire de cinq à quatre le nombre de jours où les enfants qu’elle prend en charge seront reçus au sein de l’institution et « alléger » les menus de leurs repas dans les limites d’une saine alimentation, le chef de l’État, Michel Aoun, est intervenu. Il a pris contact avec le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, qui a finalement annoncé lundi, dans un communiqué, qu’il allait débloquer les sommes dues par l’État aux institutions à vocation sociale, pour les deux derniers trimestres de 2018. Ces fonds leur seront versés « dans les deux jours, en fonction des liquidités disponibles, et en particulier à Sesobel », a-t-il promis dans le communiqué. L’État doit 2,6 milliards de livres à ces institutions pour les deux derniers trimestres de 2018. En ce qui concerne les dus de l’État pour l’année en cours, « ces institutions devraient les recevoir dans une phase ultérieure », assure à L’Orient-Le Jour M. Kouyoumjian. « Les contrats avec ces institutions n’ont pas encore été conclus pour l’année 2019, parce qu’on attendait la finalisation du budget, poursuit-il. Mais on va les conclure prochainement sur base du budget de 2018. »

M. Kouyoumjian explique que l’État contribue à raison de près de 30 % de l’ensemble des frais de ces institutions, sachant que le budget qui leur est alloué est calculé selon le coût de 2011. Un coût qu’il compte actualiser dans le budget 2020 de son ministère, sachant qu’il va réclamer que celui-ci soit aussi augmenté de « 30 milliards de livres ». Un chiffre « qui n’est pas énorme » et qui peut, selon lui, « être prélevé sur le budget d’autres ministères ».

« Ces institutions font un travail impressionnant, formidable et humain, insiste M. Kouyoumjian. Un travail que le secteur public ne peut pas assurer. On ne peut pas les lâcher. L’être humain doit être une priorité. »


(Lire aussi : Enfin sensibilisé, l’État débloque des fonds pour les associations sociales en difficulté)



« Répondez à notre appel »

De Aïn Rihani, M. Kouyoumjian a affirmé que tant qu’il est en charge du portefeuille des Affaires sociales, « Sesobel et toute autre institution à vocation sociale ne mettront pas la clé sous la porte ». « Elles résisteront », a-t-il insisté. « Les parents demandent la dignité de leurs enfants et nous allons la préserver », a-t-il poursuivi, soulignant que « l’institution continuera (d’exister) pour tous les Libanais. »

« L’heure n’est pas à la surenchère politique », a encore insisté M. Kouyoumjian. Il a en outre annoncé que le président du conseil municipal de Mtayleb, Paul Chedid, allait couvrir les frais d’un mois de Sesobel. S’adressant aux Libanais de l’étranger, M. Kouyoumjian a déclaré : « Le Liban a besoin de vous, et nous avons besoin que les portes de ces associations restent ouvertes, répondez à notre appel. »


« Lisez le budget »

Par ailleurs, le dossier des associations à vocation sociale a fait hier l’objet d’un échange acerbe sur Twitter entre M. Kouyoumjian et le président de la commission des Finances, Ibrahim Kanaan.

Ainsi, s’adressant à M. Kanaan, M. Kouyoumjian a écrit : « Si seulement le budget des associations était de 600 milliards de livres. Mais le Premier ministre a affirmé lors de la dernière réunion portant sur le budget que cette somme sera allouée au ministère d’État pour les Déplacés. Le budget des associations qui ont un contrat avec les Affaires sociales est de 150 milliards de livres. Un budget examiné par la Cour des comptes avant de le débloquer. Je vous prie de cesser la surenchère concernant les associations fictives. »

La réponse ne s’est pas fait attendre. M. Kanaan a rétorqué : « Il est clair que vous n’êtes pas informé au sujet du dossier du budget. Les aides de l’État aux associations à but non lucratif et qui ne sont pas liées au ministère d’État pour les Déplacés s’élevaient à 624 milliards en 2018 et ont atteint 500 milliards en 2019. Lisez le budget avant de nous accuser. »


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