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Liban - Liban-Israël

Tracé des frontières : l’optimisme prévaut

David Satterfield est revenu hier à Beyrouth. Le palais Bustros parle de « touches finales » au premier stade de la médiation américaine.

Michel Aoun et David Satterfield hier à Baabda. Photo Dalati et Nohra

C’est encore au compte-gouttes et dans les termes les plus imprécis que sont distillées les informations relatives à la progression de la médiation menée par les États-Unis au sujet du contentieux sur le tracé des frontières terrestre et maritime entre le Liban et Israël.

Le sous-secrétaire d’État américain pour le Proche-Orient, David Satterfield, qui poursuit sa navette entre les deux pays, pour parvenir à un accord sur le mécanisme des négociations, est retourné hier à Beyrouth pour transmettre aux responsables libanais la réponse de l’État hébreu sur la proposition du Liban concernant le tracé des frontières, présentée il y a quelques semaines par le président Michel Aoun.

L’émissaire américain, qui s’est entretenu hier avec le chef de l’État, le Premier ministre, Saad Hariri, le président du Parlement, Nabih Berry, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et le commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, s’est abstenu, comme d’habitude, de faire quelque commentaire que ce soit.

Du côté libanais où l’on persiste à mettre en avant une position unifiée autour de ce dossier, et en dépit de certaines contradictions dans les informations qui fuitent de part et d’autre, une constante est à relever : l’ensemble des parties évoquent une progression notoire sur ce dossier, le ministère des Affaires étrangères ayant même utilisé le terme de « touches finales » qui sont actuellement mises avant de conclure le premier stade de la médiation autour de ce contentieux qui retarde l’exploration pour les hydrocarbures en Méditerranée.

Au palais Bustros, on affirme également qu’il n’y a pas d’obstacles majeurs à la mise en œuvre de la proposition faite par M. Aoun mais l’on souligne que « la question de la concomitance du tracé des frontières terrestre et maritime n’a pas encore été tranché ».

Le Liban officiel, qui était au départ divisé sur la question de la concomitance des deux dossiers – le Premier ministre Saad Hariri et le président de la République Michel Aoun étaient en faveur de la dissociation contrairement à l’avis du chef du Parlement, Nabih Berry –, a fini par unifier sa position, en réclamant d’une même voix que la médiation englobe les deux processus, bien que le mécanisme applicable dans l’un et l’autre cas soit complètement différent, font valoir les experts.


(Lire aussi : Frontières maritimes : Israël "ouvert" à des négociations avec le Liban, sous l'égide de Washington)



Priorité accordée à la frontière maritime
Selon une source gouvernementale, toutes les informations qui circulent actuellement autour du cumul des deux procédures « sont infondées, puisque la médiation que mène actuellement M. Satterfield porte uniquement sur le mécanisme qui doit gouverner le tracé de la frontière maritime, même si le Liban insiste pour qu’en définitive, la frontière terrestre ne soit pas occultée du processus final et avant même que ne soit entériné un accord définitif sur le tracé de la frontière maritime ». Une information confortée par une autre source informée, qui, tout en réitérant « l’attachement au Liban au principe de la non-dissociation », reconnaît que les efforts sont actuellement déployés sur le volet maritime et sur le rôle respectif que doivent jouer les différentes parties concernées, plus particulièrement les Nations unies.

Beyrouth a toujours maintenu sa requête que la délimitation des frontières se déroule sous la houlette de l’organisation onusienne, une demande que Washington et Israël refusaient jusqu’ici, avant de céder. Selon la source informée, « les négociations sont actuellement axées sur la délimitation de la mission des Nations unies qu’Israël a fini par accepter d’inclure dans les négociations. Il s’agit de savoir si l’ONU va assumer un rôle de parrainage, de simple observateur ou de participant actif aux négociations ».



(Lire aussi : Litige frontalier : Israël prêt à discuter avec Beyrouth, aurait annoncé Satterfield aux responsables libanais)



Le Hezbollah, qui observe à ce jour un mutisme édifiant qui équivaut à un consentement tacite de la tournure que prend jusqu’ici la médiation américaine, se trouve doublement rassuré, d’une part par la présence onusienne aux futures négociations, mais aussi par les qualités de négociateur redoutable du chef du mouvement Amal.

De source proche du Hezbollah, on indique qu’« il s’agit d’aller de l’avant en faisant progresser la délimitation de la zone maritime, un processus plus complexe et nécessitant plus de temps, quitte à attaquer, dans la foulée, le tracé des frontières terrestres ». « Les craintes exprimées par le Liban sont de voir la partie israélienne tergiverser à l’infini, d’où l’insistance de la partie libanaise à signer un seul et même accord final englobant les deux dossiers. »

Dans les milieux proches de Aïn el-Tiné, on indique que la concomitance des deux volets est une « constante » et qu’il n’y a pas lieu de revenir sur ce point. On indique également que les négociations « continuent de progresser mais nécessitent de nouveaux pas ».

Selon la LBCI, M. Satterfield aurait transmis aux officiels libanais la proposition faite par les Israéliens consistant à séparer les négociations portant sur les processus de délimitation maritime et terrestre, quitte à s’abstenir d’annoncer les résultats de l’un ou l’autre avant d’avoir complété les deux, une suggestion que le Liban aurait rejetée.

Lundi, Israël avait annoncé, selon l’agence Reuters, être ouvert à des négociations, sous l’égide de Washington, avec le Liban afin de résoudre le contentieux. S’exprimant à l’issue d’une réunion avec M. Satterfield, le ministre israélien de l’Énergie, Yuval Steinitz, avait estimé que de tels pourparlers et la délimitation de la frontière seraient « bénéfiques pour les deux pays », étant donné leur « intérêt à exploiter les réserves de gaz naturel et de pétrole ».

Le Liban a signé en février 2018 son premier contrat d’exploration offshore avec un consortium dominé par le groupe français Total. Deux blocs sont concernés, notamment le bloc 9, dont une partie se trouve dans une zone maritime disputée avec Israël. Au Liban, les travaux de forage dans le bloc 4 doivent débuter en décembre et ceux du bloc 9 quelques mois plus tard. Le pays a aussi lancé en avril un appel d’offres pour l’exploration de cinq autres blocs, donc deux adjacents à l’espace maritime israélien. Selon le groupe Total, la dispute frontalière entre le Liban et Israël concerne « moins de 8 % de la surface du bloc 9 ». Il a assuré en 2018 que les travaux de forage ne se dérouleraient pas dans ce secteur.


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FAUT PAS ETRE TRES OPTIMISTE. LES NEGOCIATIONS AVEC ISRAEL, PALESTINE EN EXEMPLE, TRAINENT INDEFINIMENT POUR ABOUTIR A DES FAITS ACCOMPLIS. FAUT EN PRENDRE NOTE POUR EVITER DE TOMBER DANS LEUR JEU !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 06, le 29 mai 2019

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Commentaires (1)

  • FAUT PAS ETRE TRES OPTIMISTE. LES NEGOCIATIONS AVEC ISRAEL, PALESTINE EN EXEMPLE, TRAINENT INDEFINIMENT POUR ABOUTIR A DES FAITS ACCOMPLIS. FAUT EN PRENDRE NOTE POUR EVITER DE TOMBER DANS LEUR JEU !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 06, le 29 mai 2019

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