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Campus - PUBLICATION

La philosophie au rang des mortels

À 23 ans, Mike el-Nashar publie un petit manuel de philosophie, « The Questions to your Answers », moins de 50 pages pour tenter de prouver que penser n’a pas d’âge.

Mike el-Nashar signe son livre le samedi 1er juin à 20h, au théâtre de la municipalité de Jdeidé à Bauchrieh Sadd.

Sommes-nous tous philosophes ? Et qu’appelle-t-on philosophie ? Pour Mike el-Nashar, la réponse est claire : « Une conversation basique avec un ami est déjà de la philosophie, parce qu’on partage un esprit et des opinions. Un vocabulaire spécifiquement complexe ou une terminologie rigoureusement philosophique ne sont pas nécessaires pour penser de manière rationnelle. Nous sommes tous intelligents et tout peut être exprimé par la philosophie : tout le monde a le potentiel pour être philosophe. » Partant d’un tel constat, le jeune auteur s’érige en exemple et décide de publier en anglais The Questions to your Answers, un premier livre sans prétention, simple et concis. « Je crois que tout le monde pourrait prendre plaisir à lire mon livre : il n’est pas difficile à lire, il est touchant. C’est un livre accessible à tout le monde », souligne-t-il. Ceci étant dit, que les plus pointilleux amoureux de sagesse soient avertis : ce n’est pas dans ce petit manuel de 50 pages composé de 10 chapitres qu’on retrouvera les développements babéliens d’un Michel Foucault, la rigoureuse précision d’un Henri Bergson, ou encore le mysticisme emphatique d’un Friedrich Nietzsche. Non, Mike el-Nashar a d’autres vues pour la philosophie, qu’il considère d’ailleurs comme « morte » au Liban : il se range du côté de ceux qui, pour sauver un domaine de connaissance qui bat de l’aile, ne voient d’autre solution qu’une décomplexification vers l’essentiel. « Aujourd’hui, si l’on simplifie la philosophie pour la rendre accessible à tous, elle retrouvera un rang de choix, et pourra s’élever à nouveau. La philosophie, dans nos sociétés de technologie avancée, n’est plus rien ; tout est corrigé par nos téléphones et envoyé. Nous n’utilisons plus nos têtes pour trouver les bonnes réponses. »

Les bonnes réponses, les bonnes questions, Mike el-Nashar a trouvé les siennes en poursuivant son propre petit bonhomme de chemin. À l’allure quelque peu marginale au vu de la société libanaise du Kesrouan dans laquelle il a grandi, avec ses longs cheveux, ses bottes de rocker en cuir noir et ses tatouages, le jeune homme part du collège des Apôtres de Jounieh alors qu’il n’a que 16 ans. Il se lance dans des études techniques jusqu’à l’obtention d’une licence technique en audiovisuel de l’Académie des sciences cinématographiques et théâtrales, avant d’enchaîner plusieurs boulots dans ce domaine. Mais ses épaules massives et son look un peu atypique lui posent parfois problème : « Mon langage corporel peut paraître un peu agressif, dominant. Je crois que tout repose sur un rapport de domination. Nous sommes des mammifères à l’origine, ne l’oublions pas. » Qu’importe, Mike el-Nashar semble forgé d’une détermination sans bornes et, ignorant les obstacles qui pourraient lui barrer la route, il a déjà décidé qu’il irait au bout de ce qu’il a commencé. « J’ai toujours voulu publier quelque chose qui soit de moi, quelque chose qui, dans un certain sens, me ferait entendre dans l’histoire. Mon but ultime est qu’on se souvienne de moi. Et peu importe de quelle manière, tant que j’aurai laissé un impact sur la société, par n’importe quel moyen », annonce-t-il.


L’être humain, cette docile marionnette

The Questions to your Answers est un livre de philosophie bourré d’opinions personnelles. « Je dis des choses controversées à propos de Dieu, de la religion, de la politique, tous ces sujets qu’on a constamment à l’esprit sans pour autant oser en parler en public. » Persuadé que le « besoin de Dieu » est une forme d’expression de faiblesse, puisque « tout le monde a besoin d’une instance supérieure pour se reposer dessus », Mike el-Nashar s’explique : « J’essaye de montrer dans mon livre que, présence de Dieu ou pas, nous sommes assez forts pour nous prendre nous-mêmes en charge. » À cet égard, se reporter au troisième chapitre intitulé « The great game of chess », dans lequel (en trois pages) le jeune auteur évoque le caractère remplaçable des individus dans la société, du point de vue des politiciens. « Pour eux, nous sommes des pions sans nom : ils nous contrôlent, nous jettent, nous ramènent à leur gré. » Mais selon Mike el-Nashar, là n’est pas la faute des politiciens, mais la nôtre. « Nous n’essayons pas véritablement d’être libres, car nous cherchons toujours quelque chose de plus grand que nous pour y rejeter nos fautes. »

Signature le samedi 1er juin à 20h, au théâtre de la municipalité de Jdeidé à Bauchrieh Sadd.



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