Rechercher
Rechercher

Campus - Média

Les étudiants en info/com se familiarisent avec la loi sur l’information

La fondation Maharat entreprend une campagne de sensibilisation auprès des étudiants pour les sensibiliser aux différents enjeux liés au nouveau texte.

Les étudiants en info/com se familiarisent avec la loi sur l’information

Bilal Yassine. Photo Nada Saab

Cent-vingt étudiants ont déjà bénéficié de la campagne menée par la fondation Maharat au cours des derniers mois dans quatre universités au Liban, à savoir l’Université Antonine (UA), l’Université al-Azm à Tripoli, l’Université Notre-Dame de Louaïzé (NDU), ainsi que l’Université arabe de Beyrouth (BAU). Il est important de former les étudiants libanais en information et communication aux questions éthiques et déontologiques, comme l’explique Nidal Ayoub, invitée par la fondation Maharat à prendre part aux travaux menés dans le cadre de la réforme de la loi sur l’information et à travailler notamment sur la régulation des médias, l’autorégulation et la corégulation. Cette professionnelle des médias qui enseigne, entre autres, l’éthique des médias à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK) et à l’Université Antonine (UA), déplore amèrement l’absence de « stratégies et de visions claires globales au sein des facultés info/com », assurant que les initiatives réformatrices ne dépassent pas le cadre individuel. Dénonçant par ailleurs une nette volonté de « consacrer la mainmise des politiciens et des communautés religieuses sur les médias », la journaliste estime que même les remaniements et réajustements apportés à la mouture par les uns et les autres, notamment par l’Unesco, « ne résolvent pas le problème, mais au contraire se contentent de le contourner voire de tourner autour ».

Nidal Ayoub. Photo DR

De son côté, le Dr Ali Rammal, de l’Université libanaise, qui a lui aussi participé aux ateliers organisés par Maharat, rappelle que l’objectif de la réforme de la loi visait initialement l’élaboration d’une loi qui s’accorde avec les avancées numériques et technologiques. Sceptique, il considère que le texte examiné actuellement par la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice ne répond pas aux aspirations et qu’elle est encore loin du but escompté, d’autant que la mouture remaniée aborde le secteur de l’information dans son aspect « classique ». « On discute toujours de la liberté d’expression, de la détention arbitraire ou encore du tribunal des imprimés alors que le monde, pris dans le tourbillon incessant de l’ère numérique, évolue à une vitesse vertigineuse », dénonce-t-il, soulignant au passage que « toute législation sera caduque et dépassée, d’autant que le débat à l’heure actuelle s’articule désormais autour de la protection des données personnelles ou encore du droit à la vie privée, y compris sur internet ». Et d’ajouter : « Au Liban, il existe 900 créateurs de contenus numériques inscrits, dont 115 sont actifs. Qui supervise ces contenus ? »

Le Dr Ali Rammal. Photo DR

Enthousiasme chez les étudiants

Étudiante en 3e année à la faculté d’info/com de l’Université Antonine (UA), Sara Zein a assisté à la conférence organisée avec la fondation Maharat dans le cadre des Jeudis de l’InfoCom. Axée sur la protection des sources d’information des journalistes tout comme des correspondants de guerre, la rencontre a permis aux étudiants, comme l’explique la jeune fille, « de se familiariser avec des préceptes tels que les garanties et les limites de la protection des sources d’information ou encore d’apprendre comment se comporter sur le terrain en zone de guerre ». « Grâce aux témoignages et aux partages d’expérience, nous avons beaucoup appris sur les conditions de travail sur le terrain. À mon avis, il est clair qu’il reste encore un long chemin à parcourir quant à la protection des journalistes, plus particulièrement au niveau de l’actualisation de la loi de manière à ce qu’elle puisse mieux répondre à nos besoins », dit-elle encore. De son côté, Bilal Yassine qui poursuit lui aussi un master en information et communication à l’Université Antonine insiste sur la nécessité de renseigner les jeunes sur les réalités de la profession et de les sensibiliser sur les défis qui s’y rattachent. « Il est primordial qu’on sache à quoi s’attendre, qu’on soit conscient de la dure réalité qui nous attend une fois sur le marché de l’emploi », assure-t-il. « Actuellement, il n’existe pas de cadre juridique clair et suffisant pour me protéger en tant que journaliste, tant au niveau juridique que physique », ajoute-t-il, soulignant à l’occasion l’importance du lobbying pour faire changer la loi. « Réformer la loi, ça ne s’improvise pas. Il est crucial que toutes les parties prenantes fassent pression. »

Sara Zein. Photo Nabil Sabbah

Redonner toute sa place à l’éthique

Nidal Ayoub souligne l’importance de redonner toute sa place à l’éthique, surtout dans un pays où la crise est avant tout une crise morale et éthique. « Je ne cesse de bombarder mes étudiants de questions éthiques, de sorte qu’ils viennent me dire qu’ils n’arrivent plus à suivre la télévision ou à écouter la radio, tant les dérives sont inquiétantes », indique-t-elle. « Je veux qu’ils apprennent à distinguer entre bonnes et mauvaises pratiques pour qu’ils puissent, eux, respecter les normes et appliquer les règles », avance-t-elle encore avant d’ajouter « qu’ils sachent repérer déjà ce qui va mal est un grand pas en avant, sachant qu’il faut toujours leur rappeler de rester authentiques, d’avoir une conscience et de cumuler les bonnes pratiques professionnelles pour réussir leur carrière ». Et de préciser sur un ton amer : « Maintenant, qu’ils puissent appliquer ce qu’on leur inculque sur le terrain, c’est autre chose. » Pointant trois obligations, politique, sociale et économique, le Dr Rammal, quant à lui, insiste sur la nécessité d’écarter la loi du système de « quotes-parts » et du partage du gâteau clientéliste entre les partis politiques et confessionnels propre à la politique libanaise. « La loi est la loi, et doit s’appliquer à tout le monde », fait-il remarquer, soulignant le « besoin impératif de sortir du carcan de la mentalité et de la logique communautaire », surtout que « cela fait longtemps que l’espace public ne se limite plus au quartier… » Prenant appui sur l’expérience de la Finlande et de la Thaïlande, le Dr Ali Rammal prône la réforme totale des programmes des facultés d’information et de communication de manière à permettre aux futurs journalistes d’être à jour et de pouvoir opérer dans un contexte en perpétuel changement. « Il est primordial de réviser tous les programmes des facultés info/com et de s’abstenir d’aborder cette question cruciale de manière traditionnelle et classique, surtout que certains programmes remontent à plus de quarante ans », conclut-il.

Cent-vingt étudiants ont déjà bénéficié de la campagne menée par la fondation Maharat au cours des derniers mois dans quatre universités au Liban, à savoir l’Université Antonine (UA), l’Université al-Azm à Tripoli, l’Université Notre-Dame de Louaïzé (NDU), ainsi que l’Université arabe de Beyrouth (BAU). Il est important de former les étudiants libanais en...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut