Capture d’écran d’une vidéo sur YouTube, montrant le lancement d’un missile Patriot pour intercepter les missiles yéménites.
Hier matin, l’Arabie saoudite s’est réveillée sous le choc. En plein mois de ramadan, et quelques jours seulement après l’attaque par des drones houthis de deux stations de pompage de pétrole appartenant à Aramco, voilà que l’armée saoudienne interceptait deux missiles lancés par les rebelles yéménites hier à l’aube. Le premier visait, selon sa trajectoire, la ville sainte de La Mecque et a été détruit au-dessus de la ville montagneuse de Taëf. Le second, quelques heures plus tard, aux premières lueurs de l’aube, visait vraisemblablement l’aéroport de Djeddah et a été neutralisé dans l’espace aérien de la ville.
Les informations officielles restaient toutefois absentes. Hier midi, aucune confirmation n’avait encore été donnée par l’agence officielle d’information SPA, ni par le ministère saoudien de la Défense. Aux alentours de 12h, les différents quotidiens saoudiens ont commencé à mettre à jour leurs sites web pour mentionner l’événement en citant pour toute source les réseaux sociaux. Idem pour la chaîne satellitaire saoudienne al-Arabiya, qui a précisé qu’aucun communiqué officiel n’est venu confirmer les tirs de missiles. Il n’en reste pas moins que Twitter a été littéralement pris d’assaut hier à l’aube, avec deux hashtags en langue arabe qui se démarquaient nettement. Le premier : « Les houthis attaquent la Kaaba » totalisait à 12h heure locale plus de 211 000 tweets, pendant que le second, « Le missile de Djeddah » s’approchait des 40 000 tweets, suivi de près par un troisième, « Merci les forces aériennes ».
Le mutisme officiel n’est pas surprenant. En Arabie, les informations sont distillées au compte-gouttes et étroitement surveillées par le régime en place. Lors des récentes attaques essuyées par les stations de pompage d’Aramco, aucun journal ne s’était en effet hasardé à publier la photo des pipelines en train de brûler. Il reste à savoir pourquoi aucune information n’a encore été diffusée par un organe officiel, à l’heure où Twitter explose littéralement sous les tweets et les vidéos (https://youtu.be/LV5-c7iAxfQ) de systèmes Patriot en train d’intercepter les missiles. Selon le site de surveillance aérienne Flight Radar 24, les avions auraient été forcés de détourner leur trajectoire à leur approche de l’aéroport de Djeddah, hier au petit matin. Ce qui serait de nature à confirmer l’alerte donnée par les forces armées saoudiennes pour intercepter les missiles.
Le monde est-il en train de sous-estimer la colère saoudienne et l’impatience américaine vis-à-vis de la posture iranienne dans la région ? Des informations non officielles et non confirmées ont d’ailleurs fait état d’une visite, il y a quelques jours, du prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane, en compagnie de l’ambassadeur américain à Riyad, John Abi Zeid, à bord d’un des porte-avions qui croisent au large du Golfe.
Existe-t-il déjà un accord entre les États-Unis et l’Arabie portant sur une éventuelle offensive élargie qui dépasserait donc le cadre entendu de la guerre d’usure que mène l’Arabie au Yémen dans l’espoir d’affaiblir Téhéran ? Le 18 mai dernier, des patrouilles de sécurité conjointes renforcées ont été lancées dans les eaux du Golfe. Ces patrouilles sont le fruit d’un accord entre le Conseil de coopération du Golfe et les États-Unis. Le lendemain, Mohammad ben Salmane s’entretenait au téléphone avec le secrétaire d’État américain Mike Pompeo.
De source informée non autorisée, l’heure est à la mise en place d’une stratégie offensive qui comprendrait plusieurs fronts. Il s’agirait d’attaquer partout où l’Iran entretient des milices à sa solde, et non plus uniquement au Yémen. Les États-Unis seraient en train de réfléchir à la faisabilité d’une telle attaque, mais une chose est sûre, ce sont les pays du Golfe qui se chargeraient de délier les cordons de la bourse pour financer l’opération. À en croire les propos du président américain Donald Trump dimanche dernier, les jeux ne sont pas encore faits. M. Trump a en effet affirmé qu’il ne « désire pas faire la guerre » à l’Iran mais que si celle-ci venait à avoir lieu, « l’Iran disparaîtrait ». Et, côté saoudien, le leitmotiv officiel reste pour le moment le suivant : « Nous ne voulons pas la guerre, mais s’il le faut, nous nous défendrons. » Les deux sommets de la Ligue arabe d’une part, et du Conseil de coopération du Golfe d’autre part, appelés tous deux à se tenir d’urgence le 30 mai prochain sous l’impulsion du roi Salmane d’Arabie, se devaient à cet égard fournir des éléments de réponse quant à la suite que le royaume entend donner aux provocations houthies, mais ils ont été décidés avant le lancement des missiles.
Hier soir, alors qu’aucun communiqué officiel n’avait encore été publié par les autorités, le roi se réunissait avec les princes des différentes régions du pays. En attendant, un jeu vidéo fait un tabac en Arabie : il simule l’invasion de l’Iran par l’Arabie et ses forces alliées. On y voit également le général iranien Kassem Soleimani se faire capturer par les Saoudiens.
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Désolé au monde pour les fautes d’orthographe, de conjugaison, de ponctuation et autres, ça doit être une horreur à lire... le fait est que je me sens obligé de réagir à ces articles qui sont de plus en plus agaçant alors que la plupart du temps je n’ai qu’une petite fenêtre de 5 minutes pour lire rapidement ce qui se passe dans ce bas monde
21 h 54, le 21 mai 2019