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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Face aux USA, l’Iran peut-il encaisser indéfiniment sans réagir ?

La République islamique est asphyxiée, mais peut difficilement répondre sans risque de déclencher un conflit.

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, et le président Hassan Rohani le 14 mai 2019, lors d’une réunion du gouvernement à Téhéran. Khamenei.Ir/HO/AFP

Comme un sac de frappe face à un boxeur, la République islamique encaisse les coups sans pouvoir répondre. C’est ce qui semble expliquer la récente escalade dans le Golfe, qui a fait craindre un conflit ouvert entre Téhéran et Washington : les Iraniens subissent une pression maximale sans réelle marge de manœuvre pour y répondre sans risque de provoquer un conflit qui pourrait leur coûter encore davantage. Bien qu’elle s’estime touchée mais pas encore coulée, combien de temps la République islamique peut-elle tenir sans réagir ? Depuis sa sortie de l’accord sur le nucléaire (JCPOA, autre nom du document) le 8 mai 2018, Washington multiplie les politiques de coercition vis-à-vis de Téhéran afin de l’isoler financièrement et diplomatiquement. Les sanctions économiques qui avaient été suspendues en 2015 ont été réimposées de facto en plusieurs « phases », ciblant au fur et à mesure toutes les ressources vitales du pays : le pétrole, les métaux, les secteurs alimentaires et sanitaires, et même les structures profondes du régime avec la récente désignation du corps des gardiens de la révolution islamique comme « organisation terroriste étrangère ».

Selon les chiffres officiels, le taux de chômage est de 12 % et celui de pauvreté de 40 %. Le Fonds monétaire international (FMI) indiquait fin avril que l’inflation pourrait atteindre 40 % cette année. Quant à la devise nationale, elle poursuit sa dégringolade, s’échangeant fin avril à 144 000 rials pour un dollar, et la corruption reste toujours endémique. La première victime de ces sanctions, c’est la population iranienne elle-même, qui semble, après un an, à bout de souffle. Il est par exemple très difficile d’avoir des pistaches ou encore de la viande rouge à bon marché dans le pays, et les produits de première nécessité comme les médicaments sont devenus hors de prix, à tel point que beaucoup d’Iraniens renoncent à se soigner. Même si on est loin d’une situation de guerre, l’Iran subit déjà, dans une certaine mesure, un état de siège.

« Le gouvernement iranien vit très mal ces sanctions. Il n’y a plus d’exportation pétrolière (…), il a des difficultés avec ses partenaires chinois ou russes, et le dialogue avec l’Europe tient difficilement en place politiquement sans les retombées économiques escomptées par Téhéran dans le cadre de l’accord sur le nucléaire », décrypte Clément Therme, chercheur spécialiste de l’Iran au sein de l’International Institute for Strategic Studies (IISS), contacté par L’Orient-Le Jour. L’asphyxie américaine est une menace pour le régime, d’autant que les manifestations se sont multipliées au cours de l’hiver 2017/2018, ou plus récemment à la suite des grosses inondations de mars dernier. Le risque pour le régime est que la colère de la population entraîne de plus en plus de conflits internes qui fragiliseraient son pouvoir. « Les responsables iraniens expriment peu d’inquiétude face aux manifestations de masse et aux menaces qui pèsent sur l’establishment en général. Mais les prochaines élections et la manière dont les Iraniens exprimeront leur colère face aux urnes suscitent beaucoup d’inquiétude », nuance Esfandyar Batmanghelidj, fondateur du site Bourse and Bazar, qui suit de près l’économie iranienne.


(Lire aussi : Entre Téhéran et Washington, les enjeux d’un conflit asymétrique)


Jusqu’en novembre 2020

La République islamique se retrouve de plus en plus isolée sur la scène internationale, affaiblie en interne et étranglée par les sanctions. Les gardiens pourraient être tentés de mener une action militaire contre les Américains, notamment via une milice liée à Téhéran dans la région, pour montrer qu’ils ont les capacités de répondre à la pression américaine et renforcer ainsi leur pouvoir à l’intérieur. Mais la latitude pour mener pareille action semble assez limitée compte tenu du fait que Téhéran n’a pas intérêt à déclencher un conflit ouvert avec Washington. « Les Iraniens savent parfaitement qu’ils n’auront pas d’autre choix que de vivre sous le régime des sanctions, au moins jusqu’en novembre 2020, c’est-à-dire au moment des élections présidentielles américaines (…), et ils ont les capacités d’attendre jusque-là », estime auprès de L’OLJ Paul Salem, président du Middle East Institute (MEI).


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commentaires (3)

Le peuple iranien aura le dernier mot et ce régime passéiste va bientôt tomber.

L’azuréen

16 h 36, le 18 mai 2019

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Commentaires (3)

  • Le peuple iranien aura le dernier mot et ce régime passéiste va bientôt tomber.

    L’azuréen

    16 h 36, le 18 mai 2019

  • LE REGIME DES AYATOLLAHS A APPORTE LE MALHEUR ET LES RESTRICTIONS IMPOSEES AU PEUPLE IRANIEN. POUR S,EN AFFRANCHIR IL FAUT S,AFFRANCHIR AVANT TOUT DU REGIME THEOCRATIQUE DESPOTIQUE DES AYATOLLAHS. C,EST LE SEUL ESPOIR DE SORTIE DE CRISE DES IRANIENS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 12, le 18 mai 2019

  • L Iran encaisse car les mollahs n ont pas la consience tranquile...ils savent que le peuple iranien les detestent pour leur corruption ,ainsi que tous les peuples arabes pour leur imperialisme assassin.

    HABIBI FRANCAIS

    04 h 35, le 18 mai 2019

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