Les sanctions américaines contre l'Iran ont drastiquement réduit le financement de Téhéran au Hezbollah, considéré comme terroriste par Washington, a rapporté le quotidien américain The Washington Post dans un article publié samedi, citant des responsables, des membres et des partisans du parti chiite.
"Depuis que le président Trump a introduit de nouvelles restrictions commerciales contre l'Iran l'année dernière, augmentant les tensions avec Téhéran qui ont atteint un paroxysme ces derniers jours, la capacité de l'Iran à financer ses alliés comme le Hezbollah a été réduite", écrit la cheffe du bureau de Beyrouth du Post, Liz Sly. "Le Hezbollah, le mieux financé et le plus important des satellites de Téhéran, a enregistré une forte baisse de ses revenus et est forcé d'effectuer des coupes draconiennes de ses dépenses", poursuit l'article.
Selon le journal US, "des combattants sont mis en congé ou considérés comme réservistes, ils reçoivent de plus bas salaires ou ne sont pas du tout payés", selon un membre des unités administratives du parti chiite, ajoutant que "plusieurs d'entre eux sont retirés de Syrie", où le Hezbollah joue un rôle essentiel aux côtés du régime de Bachar el-Assad. Néanmoins, selon le quotidien, les cadres du Hezbollah et les combattants à plein temps continuent de recevoir leur salaire, mais certains de leurs privilèges comme les repas ou les transports, sont supprimés. Les familles des martyrs continuent également de recevoir des pensions.
Toujours selon le Washington Post, "des programmes de la chaîne du Hezbollah, al-Manar, ont été annulés et des équipes mises au chômage technique". "Les programmes coûteux qui ont renforcé le soutien au Hezbollah au sein de la communauté chiite, historiquement pauvre, ont été réduits, comme la fourniture de médicaments gratuits et de vivres aux combattants, aux employés du Hezbollah et leurs familles", indique également le quotidien américain.
"Les mesures d'austérité adoptées par le Hezbollah constituent une indication de l'ampleur de l'impact des sanctions US, non seulement sur l'économie iranienne, mais également sur sa capacité à soutenir ses satellites régionaux", écrit Mme Sly. Un responsable du Hezbollah, cité de manière anonyme par le journal, reconnaît que le financement venant d'Iran s'est tari, obligeant le parti chiite à tailler dans ses dépenses. "Il n'y a aucun doute sur le fait que ces sanctions ont eu un impact négatif, mais en fin de compte, les sanctions sont une composante de la guerre, et nous allons les affronter dans cette optique", a déclaré cette source au Washington Post.
"L Hezbollah a d'autres sources de revenus et prévoit d'en tirer plus grâce à des plans agressifs", affirme encore ce responsable, espérant "transformer cette menace en une opportunité" pour développer d'autres sources de revenus.
Le Hezbollah a lancé une grande campagne pour compenser le tarissement du financement iranien en sollicitant des dons. Il s'agit, selon le Post, de mobiliser les partisans mais aussi d'attirer leur attention sur les difficultés financières du parti. Et depuis qu'en mars, le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait appelé ses partisans à contribuer à un "jihad financier", les urnes de don prolifèrent dans les rues des zones contrôlées par le parti, sur lesquelles on peut notamment lire 'la charité prévient la catastrophe', note le Washington Post. "Des camions équipés de haut-parleurs circulent dans les rues de la banlieue sud de Beyrouth avec des boîtes en plastique sur leur capot, où les gens sont encouragés à déposer de l'argent liquide. Des panneaux ont été érigés le long de la route de l'aéroport, appelant les citoyens à donner aux œuvres de charité affiliées au Hezbollah, et des vidéos sont postés sur les réseaux sociaux du parti chiite rappelant aux gens à leur devoir religieux envers les personnes nécessiteuses.
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commentaires (7)
On ne sent pas que les sanctions US contre l'Iran "font mal" au Hezbollah car à jour tout le monde vit bien sauf si les manifestations actuelles au centre ville cachent l'imprévisible .
Antoine Sabbagha
17 h 44, le 20 mai 2019