Le ministre de l’Économie et du Commerce, Mansour Bteich, qui a pris ses fonctions en février dernier, est un « éternel optimiste » qui « aime s’amuser », et un « self-made-man » qui œuvre d’arrache-pied pour « servir (son) pays ». Le Liban compte « beaucoup d’atouts » avec d’« importantes possibilités et opportunités », dit-il. « Nous devons travailler pour que nous puissions y rester. Car si l’on arrive à trouver des emplois pour tout le monde, nous aurons une société cohérente et productive, » assure-t-il, lors d’une rencontre à Beyrouth avec L’Orient-Le Jour.
Qui est Mansour Bteich ? Né en 1954, à Faraya, dans le Kesrouan, il est marié à l’avocate Nada Kassis et père de quatre enfants. « Je suis un self-made-man, qui a fait ses études secondaires au collège Saint-Joseph de Aïntoura et des études universitaires avec une licence en gestion des entreprises et une maîtrise en monnaie et finance de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth », précise-t-il. En quarante-cinq ans de carrière dans les secteurs bancaire et financier, il gravit progressivement, dès 1974, tous les échelons à la Fransabank, pour devenir, en janvier 2005, directeur général et membre du conseil d’administration du groupe Fransabank. « J’ai fait cela toute ma vie », dit-il.
Nommé président de l’Association des banques du Liban en 2008-2009, Mansour Bteich assume en 2013 la présidence du comité d’études de l’association dont il est membre depuis 1999. Ce qui lui permet d’approfondir ses dossiers et de publier de nombreuses études relatives aux secteurs économique et financier accompagnées de recommandations. Cet homme hyperactif, studieux et réaliste, rompu aux affaires économiques du Liban, avec un penchant marqué pour la poésie arabe, se dit chargé d’une mission qu’il espère mener à bien durant son mandat. « J’ai surtout travaillé pour réussir ma vie professionnelle, personnelle et familiale, confie-t-il. Mon objectif est de pouvoir donner de moi-même et de servir la société à laquelle j’appartiens. Ma société, c’est mon pays. Le Liban est mon identification. Je suis là pour le servir ; et en le servant, je sers tout le monde », dit-il. « Dans ce cadre, je sens aussi que je peux garder mes enfants ici proches de moi, proches de la famille, et prouver que tous les enfants sont miens », poursuit-il.
Mansour Bteich cite deux décisions marquantes dans sa vie professionnelle et personnelle : celle d’accepter l’offre faite en 1984 par la Fransabank de le muter de l’agence de Sarba, dans le Kesrouan, à la direction générale à Hamra « pour rester proche du soleil au niveau de la décision centrale » ; et la décision, à l’âge de 18 ans, de poursuivre ses études universitaires au Liban « pour rester dans le pays au lieu d’aller à l’étranger, et l’option de travailler dans le secteur de production bancaire et financier ».
« J’ai pris des risques en acceptant de travailler à la direction générale », se souvient-il. En œuvrant dans de nombreux départements, notamment à l’international, l’informatique, le contrôle de gestion, les risques, la gestion des risques, la trésorerie, le changement de trésorerie, Mansour Bteich acquiert une expertise marquante qui lui permettra de mieux faire face aux graves défis économiques du pays.
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Responsabilité politique
Qu’espère-t-il réaliser durant son mandat ? Mansour Bteich ambitionne de « travailler pour une économie productive, dynamique et humaniste. Humaniste dans le sens du centre-droit, comme on dit en Europe. Pourquoi humaniste ? Pour que toutes les régions du pays et tous les secteurs de production puissent en tirer profit. Et nous pouvons le faire », affirme-t-il. « Selon les chiffres de la Banque mondiale, nos exportations représentaient, en 1970, 60 à 70 % des importations de biens sans les services. Il n’y a pas de miracle dans l’économie. Nous étions le pays des services, du tourisme et des services financiers… Aujourd’hui, nous n’arrivons à exporter que dans une proportion de 16 à 17 % de nos importations. Il faudra donc œuvrer pour augmenter la production dans tous les domaines. »
Quelle empreinte souhaite-t-il laisser de son passage ? « Je voudrais donner l’exemple d’une personne qui travaille efficacement. Et je travaille aujourd’hui deux fois plus que je ne le faisais dans le secteur privé en ne dormant que six heures par nuit. Je voudrais aussi que mon mandat soit marqué par la productivité, l’efficacité, la correction, l’intégrité et l’engagement. Nous avons une grande responsabilité politique que nous devons assumer. » Telle est l’empreinte qu’il espère laisser de son mandat, en reprenant la formule du pape Pie XII : « La plus grande forme de charité, c’est la responsabilité politique. » Il s’affirme prêt à l’assumer.
Mansour Bteich se dit « confiant et optimiste de nature, un éternel optimiste du Liban qui compte de nombreuses opportunités, possibilités et capacités. Nos ressources, c’est avant tout la créativité innovatrice et les capacités des Libanais qui, conjuguées avec les ressources financières importantes et les possibilités du pays, pourront aboutir aux résultats auxquels tout le monde aspire », conclut-il avec espoir.
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commentaires (3)
Le code du travail est vétuste, en Europe on travaille moins d'heures mais mieux. Réduisons les heures de travail surtout pour le travail bureautique.
Eddy
13 h 32, le 20 mai 2019