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Liban - Portrait

Adel Afiouni, un polytechnicien à la tête des Technologies de l’information

L’ex-banquier envisage son ministère comme une « start-up ».

Le ministre d’État aux Technologies de l’information, Adel Afiouni.

L’Orient-Le Jour avait parlé de lui en juillet 1987 alors qu’il avait été reçu, cette année-là, premier au bac français – mention très bien – dans tout le Liban. Aujourd’hui, 32 ans plus tard, le journal retrouve Adel Afiouni devenu ministre d’État aux Technologies de l’information après un parcours riche en performances.

En pleine guerre, le bachelier, premier de classe durant toute sa scolarité au lycée Abdel Kader, s’envole pour Paris où il intègre le lycée Louis-le-Grand pour suivre les classes préparatoires aux grandes écoles. Deux ans plus tard, il réussit le concours d’entrée à Polytechnique et devient, en 1991, diplômé de la prestigieuse école d’ingénieurs. Il se spécialise alors en télécommunications avant de se tourner finalement vers les finances. Avec en poche un master dans cette matière (université Paris 1), il part pour New York où il travaille à la Banque nationale de Paris (BNP) pendant quatre ans, avant de mettre le cap sur Londres pour rejoindre l’équipe du Crédit suisse. Sa collaboration avec l’établissement bancaire durera plus de 20 ans, jusqu’à son retour au bercail, en janvier dernier.

Il faut dire que ce bercail, Adel Afiouni ne l’a jamais abandonné. « De par ma spécialisation dans les marchés émergents, je venais souvent à Beyrouth, où je travaillais avec le ministère des Finances et la Banque centrale. J’étais donc très familiarisé avec la situation économique et financière du pays, j’avais aussi de bons contacts dans le monde des entreprises », indique l’élégant technocrate derrière son bureau, au siège de son ministère dans le centre-ville.

Ambition et persévérance

Au-delà de sa carrière professionnelle internationale qu’il a réussie « grâce à de l’ambition et de la persévérance », selon ses propres termes, ce père de deux garçons de 18 et 16 ans affirme vouloir mettre son savoir et son expérience au profit de son pays et de ses concitoyens, notamment les jeunes. « Le potentiel humain n’est pas suffisamment exploité ici, tandis que la diaspora compte de multiples exemples de personnes qui ont réussi », fait-il observer. Un de ses objectifs au sein du ministère est d’ailleurs de connecter les entrepreneurs à la diaspora, sur laquelle, estime-t-il, « il est naturel de compter dans tout projet de relance économique ». Il veut consolider ce réseau « en soutenant l’essor des entreprises locales dans le domaine du numérique et en favorisant leur promotion à l’étranger, tout en encourageant les compagnies étrangères à ouvrir des bureaux au Liban et à y investir dans le secteur informatique ». Le nouveau ministre souhaite dans ce cadre « des réformes légales et administratives adaptées aux besoins des entreprises », et veut adopter « une politique de croissance, d’encouragement et de promotion, qui contribuerait d’une part à créer des emplois, et d’autre part à transformer le pays en une plate-forme technologique pour toute la région ».


(Lire aussi : Qui sont les femmes ministres du gouvernement Hariri ?)

« Énormément à faire »

Le nouveau ministre décrit le ministère d’État aux Technologies de l’information qui vient d’être créé comme « une start-up ». « Il y a énormément de choses à faire pour la démarrer, notamment identifier les problèmes, se réunir avec les professionnels du secteur, établir un plan d’action… » Se décrivant comme un bosseur, il affirme « n’avoir jamais autant travaillé de (sa) vie », et il en est heureux, désirant consacrer toute son énergie à « aider ». « Plus encore que le succès professionnel, c’est aider qui est important à mes yeux. Aider à la relance économique de mon pays, aider les gens à résoudre leurs difficultés. » « Je suis ainsi revenu au Liban non pour une question d’agenda personnel, mais pour contribuer à faire évoluer les choses, sachant que je pourrai y arriver à la faveur de mes connaissances et mon expertise, même si je ne suis pas un professionnel de la politique », ajoute-t-il, indiquant que sa formation d’ingénieur a consolidé en lui « la rigueur dans la façon d’aborder les problèmes et de les résoudre ».

Ce philanthrope qui se rend chaque semaine dans sa ville natale de Tripoli pour rester à l’écoute de ses habitants se met aussi au service de LIFE (Lebanese International Finance Executives), une association qu’il a cofondée en 2009 notamment avec l’actuel ministre du Travail, Camille Abousleiman, et qui a pour objet l’entraide entre professionnels libanais de la finance à travers le monde et l’attribution de bourses d’étude à l’étranger à des étudiants prometteurs.

L’implication dans le domaine économique et humain n’empêche pas ce ministre choisi par l’ancien chef de gouvernement Nagib Mikati et désigné par M. Hariri de vouloir remplir un rôle politique important au sein de l’exécutif. « Même s’ils ne sont pas du ressort de mon ministère, je prépare minutieusement tous les sujets inscrits à l’ordre du jour du Conseil des ministres, d’autant qu’il est de mon devoir de donner mon opinion sur ces questions », affirme-t-il, soulignant qu’il prend toujours position « après avoir pesé le pour et le contre, loin de toute impulsivité ».

Patrie et football

Ses nouvelles fonctions lui permettent-elles encore de s’échapper de temps en temps ? « Depuis sept semaines que je me trouve au Liban, je n’ai pas fait une minute de sport, alors que j’aime particulièrement le football que je pratiquais régulièrement à Londres », sourit-il. Son ami de longue date Joe Issa el-Khoury, conseiller de M1 (groupe Mikati), affirme à L’OLJ que « c’est son fils aîné, Nadim, qui lui a communiqué sa passion pour ce sport, tandis que lui-même a transmis à ses deux enfants son amour pour la patrie ». « Né à Londres et vivant aux États-Unis où il poursuit des études d’ingénieur, Nadim a tenu à retrouver son père pour soutenir l’équipe libanaise lors d’un match joué en janvier dernier entre le Liban et le Qatar dans le cadre de la Coupe d’Asie des nations. »

Au-delà de l’engagement de Adel Afiouni pour le Liban, Joe Issa el-Khoury évoque « une éthique professionnelle qui se manifeste dans ses relations de travail », estimant en outre qu’« il est très sincère dans ses liens amicaux ».

Walid Fayad, responsable pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA) d’un cabinet de conseil, Partners in Performance, est du même avis. Ami du nouveau ministre depuis les bancs de Polytechnique, il note que « peu de gens peuvent tisser des relations aussi authentiques ». « Ce qui le caractérise surtout est que sans déployer d’efforts, il s’entend avec les gens, quels qu’ils soient », ajoute M. Fayad, précisant encore que « sans la moindre affectation, Adel Afiouni est proche de tout le monde ».


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L’Orient-Le Jour avait parlé de lui en juillet 1987 alors qu’il avait été reçu, cette année-là, premier au bac français – mention très bien – dans tout le Liban. Aujourd’hui, 32 ans plus tard, le journal retrouve Adel Afiouni devenu ministre d’État aux Technologies de l’information après un parcours riche en performances. En pleine guerre, le bachelier, premier de classe...

commentaires (2)

NOMMER UN SPECIALISTE... ENFIN ! CAR D,ORDINAIRE ON NOMMAIT A DES POSTES DE MINISTERES DIVERS DES DENTISTES, DES GYNECOLOGUES, DES PEDIATRES ETC... OU DES IGNORANTS !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 31, le 20 mars 2019

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Commentaires (2)

  • NOMMER UN SPECIALISTE... ENFIN ! CAR D,ORDINAIRE ON NOMMAIT A DES POSTES DE MINISTERES DIVERS DES DENTISTES, DES GYNECOLOGUES, DES PEDIATRES ETC... OU DES IGNORANTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 31, le 20 mars 2019

  • Un bonheur et une grande fierté de lire des parcours de cette qualité!

    NAUFAL SORAYA

    07 h 45, le 20 mars 2019

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