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À La Une - crise

Pour l'opposition, le Soudan doit "immédiatement" rejoindre la CPI

"Le régime renversé pourrait encore tenter de faire un coup d'Etat", prévient le chef du principal parti d'opposition soudanais, Sadek al-Mahdi.

Des manifestants soudanais agitant un drapeau national, lors d'un rassemblement devant le siège de l'armée, à Khartoum, le 27 avril 2019. Photo AFP / ASHRAF SHAZLY

Le chef du principal parti d'opposition au Soudan, Sadek al-Mahdi, a affirmé samedi que son pays devrait rejoindre immédiatement la Cour pénale internationale (CPI), qui a émis des mandats d'arrêt pour génocide contre le président déchu Omar el-Bachir. S'adressant aux journalistes à Khartoum, M. Mahdi a en outre déclaré que la destitution et l'arrestation le 11 avril par l'armée du général Bachir, sous la pression de la rue, n'était "pas un coup d'Etat".

Ce chef du parti Oumma, devenu le principal leader de l'opposition au Soudan, avait été évincé du pouvoir en 1989 par le coup d'Etat de M. Bachir alors qu'il était le dernier Premier ministre démocratiquement élu dans ce pays pauvre d'Afrique. "Il n'y a plus d'objection à répondre à nos demandes (de rejoindre la CPI) et nous devrions le faire immédiatement", a indiqué M. Mahdi.

La CPI a lancé des mandats d'arrêt contre l'ex-président soudanais pour qu'il réponde d'accusations de génocide, crimes de guerre et contre l'humanité lors du conflit au Darfour, une région occidentale du Soudan. M. Bachir, 75 ans, a toujours rejeté ces accusations. Pour rejoindre la CPI chargée de juger les pires violations du droit humanitaire dans le monde et basé à la Haye, le Soudan doit ratifier son traité fondateur, le Statut de Rome en devenant ainsi un "Etat partie".

Les manifestations déclenchées le 19 décembre dernier avaient coïncidé avec le retour d'exil de M. Mahdi, poussé à l'exil à plusieurs reprises. 

Le Soudan est gouverné par un Conseil militaire de transition depuis la mise à l'écart de M. Bachir.


(Lire aussi : Le Sud-Soudan observe avec inquiétude la contestation dans le Nord)


"Revendications populaires" 
Pour le chef de l'opposition, "ce qui s'est passé au Soudan n'est pas un coup d'Etat" mais une situation dans laquelle les forces armées "ont pris le parti des revendications populaires". "Il est possible de se mettre d'accord sur (la mise en place) d'une autorité civile avec le Conseil militaire, car ce dernier n'a pas planifié de coup d'Etat", a dit M. Mahdi, tout en soulignant que son parti ne se joindrait pas au gouvernement civil de transition. "Le régime renversé pourrait encore tenter de faire un coup d'Etat", a-t-il prévenu.

Depuis le 6 avril, les manifestants sont rassemblés jour et nuit devant le QG de l'armée à Khartoum, dans le prolongement d'un mouvement de protestation déclenché le 19 décembre pour dénoncer initialement le triplement du prix du pain, avant de se muer en contestation contre Omar el-Bachir. Les manifestants ont décidé de maintenir leur sit-in après le départ de M. Bachir afin d'obtenir le transfert du pouvoir à une autorité civile. Ils réclament aussi le jugement du président déchu et des principaux responsables de son régime.
"Nous ne partirons qu'après avoir obtenu un pouvoir civil et des lois garantissant la liberté d'expression", a lancé Rawan al-Fateh, un manifestant.

Samedi soir, des bus ont amené des centaines de contestataires, venus de la province de Kassala (est) pour participer au sit-in, selon un photographe de l'AFP sur place.

Samedi, un comité conjoint regroupant les représentants de la contestation et ceux du Conseil militaire a tenu sa première réunion, selon l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), qui réunit les partis politiques et groupes de la société civile à la tête de la contestation. Al-Oumma fait partie de l'ALC. Cette réunion était destinée à établir un lien de confiance entre les "partenaires de la révolution", a déclaré Rachid al-Sayed, porte-parole de l'ALC. "Le Conseil militaire a promis que le sit-in ne sera pas dispersé par la force", a-t-il déclaré aux journalistes, assurant que d'autres réunions étaient prévues samedi.



(Lire aussi : Pour les habitants du village natal de Bachir, il était temps qu’il parte)



"Programme de redressement" 
La mise en place du comité conjoint a été annoncée mercredi.
Les leaders de la contestation se sont réunis à plusieurs reprises avec le Conseil militaire de transition qui a pris le pouvoir pour deux ans, sans parvenir à une percée. Dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhane, le Conseil militaire a jusqu'à présent résisté aux appels à céder le pouvoir, y compris ceux de la communauté internationale. Trois des dix membres du Conseil militaire ont toutefois démissionné mercredi.

Selon un porte-parole de l'ALC vendredi, Rashid al-Sayed, une période de transition de quatre ans sera nécessaire à la mise en oeuvre d'un "programme de redressement" permettant au Soudan de sortir de la crise.
Le pays est confronté à une situation économique désastreuse. Amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, il fait notamment face à un grave déficit en devises étrangères.



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