Après des décennies de luttes, de haines accumulées et de sang, les Marada de Sleiman Frangié et les Kataëb de Samy Gemayel couronneront aujourd’hui leur réconciliation, lors d’un événement historique qui sera incarné par une visite du leader de Zghorta au siège central des Phalanges à Saïfi, un lieu hautement symbolique de la conscience politique chrétienne libanaise.
M. Gemayel recevra donc à 13 heures le chef des Marada, accompagné d’une délégation ministérielle et parlementaire. La délégation sera composée notamment de ministres et anciens ministres des Marada, dont Youssef Fenianos, Rony Arayji et Youssef Saadé, ainsi que de députés du bloc parlementaire de M. Frangié, selon des informations recueillies par L’Orient-Le Jour.Cette rencontre intervient après une tournée qu’a effectuée, il y a environ deux semaines, le chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil dans le caza de Zghorta où il s’était réuni avec le député Michel Moawad, rival traditionnel de M. Frangié. À cette occasion, M. Bassil avait lancé implicitement un défi à M. Frangié en réclamant un siège de député pour le CPL aux prochaines législatives, sachant que Sleiman Frangié a toujours été hostile à tout ancrage d’un parti politique non zghortiote dans son fief. On serait donc tenté de voir dans la réunion entre MM. Gemayel et Frangié une riposte aux ambitions affichées du chef du CPL. Mais dans les milieux des parties concernées, on affirme qu’elle s’inscrit plutôt dans une action visant à faire face à la monopolisation de l’opinion chrétienne pratiquée par le camp aouniste.La visite de M. Frangié à Saïfi n’est donc pas une réponse du tac au tac à celle de Gebran Bassil à Zghorta, mais constitue une nouvelle étape d’un long chemin que les deux formations parcourent vers la réconciliation et d’une action commune au plan de la communauté chrétienne, abstraction faite de leur désaccord sur les questions stratégiques du pays.
Déjà en 2009, Samy Gemayel s’était rendu à Bnechii, résidence secondaire de M. Frangié. Ce dernier avait affirmé à l’issue de leur rencontre que « la divergence est grande au niveau politique, mais nous pouvons nous unir sur les principes chrétiens ». En septembre 2018, Nadim Gemayel, député Kataëb, s’était rendu auprès du député Tony Frangié, fils du leader des Marada, avant de se recueillir devant la tombe de son grand-père homonyme, tué lors du massacre d’Ehden, imputé aux Kataëb, le 13 juin 1978. Une autre initiative dans le sens d’un rapprochement avait eu lieu plus récemment, lorsqu’une délégation Kataëb s’était rendue à Bnechii pour convier M. Frangié à la célébration de la journée des martyrs du parti, le 13 avril dernier.
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« Une visite institutionnelle »
Contacté par L’Orient-Le Jour, le vice-président des Kataëb, Salim Sayegh, rappelle qu’« entre les Gemayel et les Frangié, il y a toujours eu un échange de visites », précisant toutefois que « c’est bien la première fois que le leader des Marada se rend à la maison centrale de Saïfi, alors que par le passé les rencontres s’effectuaient à Bnechii ou à Bickfaya ». « Il s’agit aujourd’hui non plus d’une visite familiale ou personnelle, mais d’une visite institutionnelle », fait observer M. Sayegh, mettant l’accent sur le fait qu’« il n’est pas question d’une rencontre de chefs de clan mais d’une visite faite à un chef de l’opposition ».Pour le vice-président des Kataëb, « il faut inscrire la rencontre dans une volonté de réagir à la confiscation de l’opinion publique chrétienne imposée par certaines parties », dans une allusion au CPL. Et de déplorer que l’arrangement politique qui a conduit à l’accession de Michel Aoun à la présidence de la République « ait donné lieu à une pratique unilatérale qui ne tient pas compte de l’existence de la pluralité dans les rangs chrétiens ». M. Sayegh affirme, à cet égard, que « les Kataëb renouent avec les forces vives du pays et montrent que l’opposition représentée par les Kataëb n’est pas isolée ». « À ceux qui ont voulu écarter notre parti et sonner son glas, nous montrons que celui-ci est toujours présent dans l’équation nationale et qu’il entreprend une action pour changer le statu quo et construire progressivement une réelle alternative à la situation actuelle. »À la question de savoir si l’on pourrait s’attendre à une alliance prochaine entre les Kataëb et les Marada, M. Sayegh affirme que « les visions stratégiques sont différentes même s’il n’y a pas d’opposition idéologique et doctrinale sur les questions liées à l’indépendance du pays, à sa pluralité et à la défense de sa Constitution ». « L’important est de se déployer en coopérant avec les autres forces, à un moment où il faut prendre position face aux grandes échéances », a-t-il souligné, citant comme exemple « les sanctions qui vont frapper l’Iran et se répercuter sur le Liban ».
Agressivité et hégémonie
Une position partagée par un proche du chef des Marada, qui affirme qu’« en présence d’une différence de principes et de vues, le dialogue se maintient sans qu’on puisse parler d’une quelconque alliance ». Cette source met toutefois l’accent sur « le caractère historique » de la visite, affirmant qu’« il s’agira d’une concertation entre les représentants de deux partis politiques qui ne sont pas satisfaits de la manière agressive et hégémonique dont le camp aouniste, à travers un président de la République et dix ministres, gouverne le pays ». Et d’ajouter : « Parmi les quatre partis chrétiens qui dominent la scène locale, trois sont mécontents du comportement du CPL. » Le troisième parti insatisfait auquel cette source fait allusion étant les Forces libanaises qui, estime-t-il, « feront bientôt partie du front d’opposition (au courant aouniste) ». La rencontre intervient quelques mois après la normalisation des relations entre les FL et les Marada, consacrée par une réconciliation historique en novembre dernier, à Bkerké, sous les auspices du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, entre M. Frangié et le chef des FL, Samir Geagea.Pour Sami Nader, analyste politique, l’ouverture entre Saïfi et Zghorta est bénéfique, d’autant qu’elle « protège la diversité chrétienne ». Il rappelle à cet égard que le camp chrétien a « toujours été marqué par une pluralité rattachée à divers pôles, ce qui a toujours donné une vitalité politique ». « Au-delà de la scène chrétienne, cette pluralité participe de la démocratie au niveau national », estime M. Nader.
Pour mémoire
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suite au sujet de M Bassil meme dans les blagues de MINNA WOI JUR emission populaire de mtv il y a une pique enorme de corruption: Bassil a encore une maison a Batroun dit le comique et l'animateur lui demande si M Bassil a achete une maison a Batroun le comique repond NON C'EST LA SEULE MAISON QU'IL N A PAS ENCORE ACHETEE A BATROUN Quand on arrive a ce point dans des emissions televisees populaires et tres suivies a parler d'un membre du gouvernement et gendre du president en exercise CELA MONTRE COMBIEN SA REPUTATION EST AU PLUS BAS CHEZ TOUS LES LIBANAIS CAR SON TRAIN DE VIE , SES DEPENSES DURANT TOUS SES VOYAGES A L'ETRANGER SONT SI HONTEUSES QUE MEME LES EMISSIONS POPULAIRES S'EN GAUSSENT
16 h 15, le 24 avril 2019