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Liban - Polémique

Rifi persiste et signe : Gebran Bassil est le responsable le plus corrompu

L’ancien ministre critique les propos du chef de l’État concernant la préparation « à Baabda » du projet de budget 2019.

L’ancien ministre de la Justice, Achraf Rifi. Photo d’archives ANI

C’est une véritable bombe qu’a lancée hier l’ancien ministre de la Justice, Achraf Rifi, qui a tiré à boulets rouges sur le ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil, qualifiant ce dernier de responsable « le plus corrompu » du pays. L’intervention de M. Rifi, qui vient de se réconcilier avec les chefs de file du courant du Futur après un froid qui aura duré plusieurs années, survient en pleine campagne dite de « lutte contre la corruption » dont plusieurs pôles politiques s’érigent en fer de lance, s’accusant mutuellement de détournements de fonds et d’abus de pouvoir.

Dans une longue tirade, M. Rifi a égrené, lors d’une conférence de presse, une série d’affaires de corruption dans lesquelles aurait trempé le chef du CPL, réitérant certaines des accusations qu’il a déjà lancées il y a un peu plus d’un mois et qui lui ont valu des poursuites en justice pour diffamation. Il est ainsi revenu à la charge avec un dossier détaillé sur ce qu’il considère être des pratiques de corruption et d’abus de pouvoir qu’il impute à M. Bassil, à commencer par l’affaire des navires-centrales grâce auxquels le chef du CPL aurait touché des commissions généreuses, jusqu’aux sommes faramineuses que ce dernier aurait empochées pour propulser au pouvoir députés et ministres. « J’ai accusé Gebran Bassil d’être le premier corrompu de la République libanaise et je suis en possession de dossiers qui peuvent le prouver », a affirmé M. Rifi en allusion à ses précédents propos. « J’espérais que la justice me convoque et prenne connaissance des dossiers en ma possession, afin qu’elle fasse son devoir et protège les finances publiques », a-t-il souligné. L’ancien ministre a toutefois regretté que « personne n’ait pris ses propos en considération ». « Je répète et répéterai mes propos et demande aux juges de me convoquer », a-t-il martelé.

Le tribunal des imprimés, présidé par le juge Raffoul Boustany, avait condamné la semaine dernière l’ancien ministre à une peine de trois mois de prison, commuée en une amende de 2 millions de livres, et au paiement de 15 millions de livres au ministre des Affaires étrangères qui avait intenté un procès en diffamation contre lui, suite à des accusations de corruption que le général Rifi lui avait adressées.


(Pour mémoire : « Que nos dirigeants arrêtent de voler et tout ira bien ! »)


Navires-centrales
En ce qui concerne la location polémique de navires-centrales permettant de combler le déficit de la production du courant électrique, Achraf Rifi a accablé M. Bassil, l’accusant d’avoir notamment profité du secteur de l’électricité et affirmant que le recours à la location de navires-centrales était « la cause principale de l’augmentation de la dette publique ». Il a souligné que Gebran Bassil était au départ contre la location de centrales flottantes mais qu’après une visite, en 2010, de responsables de la société Karadeniz louant ces bateaux au ministre, il était devenu « un des plus féroces partisans » d’un futur contrat avec cette société. Il a dans ce contexte souligné que la moitié du montant versé par le Trésor à la société couvre « une prime en cas de diminution de la consommation de fioul par les navires », rappelant que l’Inspection centrale avait mis en garde en 2013 contre Karadeniz.

Le coût total des navires-centrales pour les cinq premières années s’élève à 755 millions de dollars, a-t-il précisé. « De grâce, quel homme sage et intègre accepterait de louer des centrales-flottantes pour le double du coût ? » s’est interrogé M. Rifi, se disant prêt à remettre à la justice le dossier en sa possession. Pour étayer ses accusations de corruption, l’ancien ministre a repris, vidéo à l’appui, les propos lancés au mois de mars dernier par le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, qui avait également accusé le chef du CPL de « tentative de vol et de corruption » dans le dossier de la construction de la centrale de Deir Ammar 2. M. Khalil a estimé que M. Bassil a cherché à usurper le montant de la TVA imposée sur le contrat qui s’élève, selon lui, à « plusieurs millions de dollars ». M. Khalil avait expliqué qu’il s’était opposé à ce projet en raison de l’ajout de la TVA à son coût, alors que la Cour des comptes avait affirmé que cette taxe était incluse dans le contrat de base et ne devait pas être payée en supplément du coût total. M. Rifi a également invité la justice à entendre d’autres responsables politiques, dont le chef des Kataëb, Samy Gemayel, et l’ancien chef de gouvernement Nagib Mikati, qui, a-t-il dit, ont tous fait état des « malversations » du ministre des Affaires étrangères.

Poursuivant sur sa lancée, M. Rifi a affirmé que « la plupart de ceux qui se sont portés candidats » aux dernières législatives « sur les listes de Gebran Bassil ont payé des sommes exorbitantes » au chef du CPL, un candidat malheureux ayant payé 17 millions de dollars à M. Bassil.



(Pour mémoire : Viol et lutte contre la corruption : une leçon de morale du CPL passe mal)



« Parlementaire, pas présidentiel... »
Par ailleurs, l’ancien ministre a accusé le président libanais Michel Aoun d’avoir violé la Constitution et empiété sur les prérogatives du gouvernement et du Premier ministre Saad Hariri avec ses propos prononcés dimanche sur le budget de l’État pour l’exercice 2019. « Le pays traverse une crise qui est en train d’être réglée. Tout le monde doit travailler jour et nuit pour la résoudre le plus rapidement possible car la situation ne permet pas de perdre du temps », avait indiqué le président Aoun, appelant « ceux qui n’ont pas l’expérience nécessaire pour résoudre cette crise rapidement à venir à Baabda ». « Nous les aiderons à la résoudre », a-t-il lancé, sans préciser à qui ce message s’adressait, appelant les responsables à clore ce dossier jeudi. « Nous sommes dans un régime parlementaire, pas présidentiel », a conclu M. Rifi.Aussitôt la conférence de presse terminée, le bureau de presse de M. Bassil a publié un communiqué dans lequel il déclare son intention d’engager de nouvelles poursuites contre l’ancien ministre de la Justice qui, précise le texte, vient de « réitérer ses propos mensongers en dépit d’une décision de justice le condamnant pour avoir omis de présenter les preuves » étayant ses accusations. « Nous allons prouver une fois de plus à l’opinion publique, et par le biais des voies légales, la non-crédibilité de M. Rifi qui a constamment recours au mensonge et à la diffamation, dans le but de se renflouer en vue de récupérer une popularité qu’il n’a plus », conclut le texte.


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C’est une véritable bombe qu’a lancée hier l’ancien ministre de la Justice, Achraf Rifi, qui a tiré à boulets rouges sur le ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre (CPL) Gebran Bassil, qualifiant ce dernier de responsable « le plus corrompu » du pays. L’intervention de M. Rifi, qui vient de se réconcilier avec les chefs de file...

commentaires (11)

COMMENT IL A FAIT LE PRÉSIDENT "OFFICIEL" DE LA RÉPUBLIQUE BASSIL POUR DEVENIR, À UNE VITESSE VERTIGINEUSE, UN ARCHI MILLIONAIRE ? QUI VA L'INTERROGER ? AOUN ? OU HASSAN NASRALLAH ?

Gebran Eid

19 h 10, le 23 avril 2019

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Commentaires (11)

  • COMMENT IL A FAIT LE PRÉSIDENT "OFFICIEL" DE LA RÉPUBLIQUE BASSIL POUR DEVENIR, À UNE VITESSE VERTIGINEUSE, UN ARCHI MILLIONAIRE ? QUI VA L'INTERROGER ? AOUN ? OU HASSAN NASRALLAH ?

    Gebran Eid

    19 h 10, le 23 avril 2019

  • C' est terrible de penser, que lorsqu' un dossier de corruption est présenté `a la justice, celà fini par un match nul, résultat de la politisation de la justice... Mais d' ou vient leurs fortunes colossales à ces messieurs, invendables sur le marché de l' emploi partout dans le monde!

    LeRougeEtLeNoir

    18 h 43, le 23 avril 2019

  • - 3ENDAK KAHRABA MA3EL BARJET ? - KEN 3ENDE TMEN SE3AT BEL NHAR. HALLA BA3AD HAL BARJET 3ENDE ARBA3 SAAT. WLEK SANFERLOU+++++

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 42, le 23 avril 2019

  • On découvre, scandalisés, l'ampleur de cette corruption parmi la classe politique de tous bords et communautés, qui a détruit notre pays, son écomomie, son indépendance et sa souveraineté, ainsi que sa réputation... Mais aucun ne veut reconnaître ses fautes ! Du plus grand au plus petit de ces responsables, chacun croit se blanchir en accusant et en salissant l'autre. Aucun de ces responsables, pourtant tous bien connus, n'a été puni, ni obligé de quitter son poste ! Alors, pourquoi changer un système qui fonctionne si bien et remplit leurs poches rapidement ? Tandis que celles du petit peuple sont vides... Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 47, le 23 avril 2019

  • CES BARGES... TOUJOURS CES BARGES... ET CE SCANDALE DU SIECLE. LA JUSTICE DEVRAIT S,Y PENCHER !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 42, le 23 avril 2019

  • Que tous ceux, quel que soit leur bord politique, qui possèdent des dossiers compromettants les présentent au Procureur de La République. Sinon, qu’ils se taisent et évitent la politique spectacle.

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 07, le 23 avril 2019

  • Look who is talking about who ?

    FRIK-A-FRAK

    09 h 51, le 23 avril 2019

  • Tout ce Rififi ne serait il pas pour détourner l’attention dont avait souffert l’un de ses nouveaux allies?

    Cadige William

    09 h 48, le 23 avril 2019

  • Ashraf fifi ,friand de rififi , accuse ,non sans animosité ,et pour des considérations apparemment personnelles . Ce n'est pas digne d'un ancien directeur des FSI et de surcroît un ancien ministre de la justice de lancer des "bombes" sans calculer les risques de les voir se retourner contre lui . Faut jamais manipuler des armes dangereuses sans en avoir lu et relu la notice de leur mode d'emploi .

    Hitti arlette

    09 h 22, le 23 avril 2019

  • Il est vrai que - sans connaître les détails - l'acharnement de notre hyperministre à défendre ce gouffre financier que constituent les navires-centrales à quelque chose d'étrange.

    Yves Prevost

    07 h 35, le 23 avril 2019

  • UNE INVESTIGATION DE LA JUSTICE SUR MEN AYNA LAKA HAZA CLARIFIERAIT LES CHOSES ET BLANCHIRAIT LES INNOCENTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 34, le 23 avril 2019

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