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La Corée du Sud craint des attentats nord-coréens contre ses ambassades

Photo prise le 22 avril 2024 et diffusée par l'agence de presse officielle nord-coréenne montrant le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un observant un exercice virtuel d'entraînement à la contre-attaque nucléaire, dans un lieu non divulgué en Corée du Nord. Photo AFP/KCNA VIA KNS

La Corée du Sud a accusé vendredi la Corée du Nord d'ourdir des attaques "terroristes" contre ses ambassades et ses expatriés, et a relevé son niveau d'alerte pour ses missions diplomatiques dans cinq pays.

Dans un communiqué, le Service national du renseignement (NIS) sud-coréen a dit avoir "détecté de nombreux signes que la Corée du Nord est en train de préparer des attaques terroristes contre le personnel de nos ambassades ou nos citoyens dans plusieurs pays", en citant la Chine, l'Asie du Sud-Est et le Moyen-Orient.

"La Corée du Nord a envoyé des agents dans ces pays pour accroître la surveillance des ambassades sud-coréennes et se livre également à des activités spécifiques comme rechercher des citoyens sud-coréens pouvant devenir des cibles potentielles" d'actes de terrorisme, a ajouté le NIS.

Jeudi, le ministère sud-coréen des affaires étrangères a annoncé avoir relevé le niveau d'alerte antiterroriste pour ses ambassades au Cambodge, au Laos et au Vietnam, ainsi que pour ses consulats à Shenyang, dans le nord-est de la Chine, et à Vladivostok, en Extrême-Orient russe. Pyongyang possède également des représentations diplomatiques dans ces cinq lieux.

Vague de défections

Selon le NIS, ces menaces semblent liées à une vague de défections d'expatriés nord-coréens bloqués à l'étranger pendant la pandémie de Covid-19 et qui cherchent par tout moyen à éviter de rentrer, maintenant que Pyongyang a rouvert ses frontières. La défection est un crime grave en Corée du Nord et ceux qui la tentent s'exposent à des peines très sévères, de même que leurs familles restées au pays. Même des personnes ayant un lien indirect avec l'individu ayant fait défection peuvent être punies.

Le NIS a dit soupçonner les diplomates nord-coréens d'envoyer à Pyongyang de faux rapports, mettant ces défections sur le compte de "circonstances externes" - à savoir, les incitations de la Corée du Sud - afin d'éviter d'en être jugés responsables. Le résultat est que le régime nord-coréen pourrait être en train de "préparer des représailles" contre des diplomates sud-coréens, estime-t-il.

Un total de 196 transfuges nord-coréens sont arrivés en Corée du Sud l'an dernier, le chiffre le plus élevé depuis 2017, selon le ministère sud-coréen de la Réunification. Une dizaine d'entre eux appartenaient à l'élite du pays, comme les diplomates et leurs familles.

La Corée du Nord, qui était déjà un des pays les plus fermés du monde, a hermétiquement scellé ses frontières début 2020 pour se protéger du Covid-19, ce qui a empêché les diplomates et les autres Nord-Coréens expatriés de rentrer dans leur pays. Selon les experts, ce séjour prolongé à l'étranger a pu en conduire beaucoup à douter de plus en plus du régime isolé de leur pays.

"En vivant à l'étranger, ces Nord-Coréens ont pu envoyer leurs enfants dans des écoles normales, évitant ainsi l'éducation à la propagande et le besoin constant d'obéir au régime", explique l'AFP Ahn Chan-il, un transfuge qui dirige l'Institut mondial d'études sur la Corée du Nord.

Selon lui, "les diplomates et agents nord-coréens en poste à l'étranger subissent des pressions constantes et brutales de la part de Pyongyang pour faire face aux défections des expatriés d'élite. On ne peut pas écarter la possibilité d'un attentat contre les Sud-Coréens de l'étranger".

De plus, "la fin de la pandémie a permis aux agents nord-coréens, auparavant confinés dans leur pays, de partir en mission à l'étranger, tandis que les Sud-Coréens aussi peuvent voyager sans aucune restriction", fait remarquer à l'AFP Lee Man-jong, président de l'Association coréenne d'étude du terrorisme.

Plusieurs précédents

Une attaque nord-coréenne contre des Sud-Coréens à l'étranger ne serait pas une première. Pyongyang est soupçonné d'être derrière l'assassinat en 1996 de Choi Duk-keun, un consul sud-coréen à Vladivostok. M. Choi avait été assommé dans la cage d'escalier de son immeuble et s'était également vu injecter du poison. Les auteurs du crime n'ont jamais été retrouvés.

Selon les médias sud-coréens, le consul, également agent secret, enquêtait sur les activités clandestines de la Corée du Nord en Extrême-Orient russe, notamment le trafic de drogue et la contrefaçon de monnaie.

En novembre 1987, une bombe placée par un couple d'agents nord-coréens avait explosé à bord d'un avion de la compagnie Korean Air en vol entre Bagdad et Séoul, tuant les 115 personnes à bord, presque toutes de nationalité sud-coréenne. Et en octobre 1983, trois agents nord-coréens avaient fait exploser une bombe à Rangoun, en Birmanie, pendant une visite du président sud-coréen de l'époque, Chun Doo-hwan. Ce dernier avait survécu mais 21 personnes, dont plusieurs de ses ministres, avaient été tuées.

La Corée du Sud a accusé vendredi la Corée du Nord d'ourdir des attaques "terroristes" contre ses ambassades et ses expatriés, et a relevé son niveau d'alerte pour ses missions diplomatiques dans cinq pays.

Dans un communiqué, le Service national du renseignement (NIS) sud-coréen a dit avoir "détecté de nombreux signes que la Corée du Nord est...