L'ancien ministre de la Justice, Achraf Rifi, s'en est pris violemment au ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, dimanche, l'accusant notamment de corruption dans l'affaire de la location des navires-centrales turcs pour approvisionner le pays en électricité.
"Nous avons précédemment mis en garde contre les tentatives de vider de son sens la Constitution et ce qui se passe aujourd'hui, après des mois de sabotage de la formation du gouvernement et sa mise sur pied sur base d'équilibres dysfonctionnels, prouve que la formation armée (le Hezbollah, ndlr) et ses alliés veulent renverser l'Etat, faire échouer l'accord de Taëf (qui avait mis fin à la guerre civile, 1975-1990, ndlr) et généraliser la corruption", affirme Achraf Rifi dans un communiqué.
Il a estimé que le discours de Gebran Bassil, prononcé lors d'un dîner de son parti à l'occasion de la célébration du 14 mars 1989, date du lancement de la guerre de libération par le général Michel Aoun, alors chef d'un gouvernement de militaires, contre les troupes syriennes au Liban, "reflète ces intentions". "L'attachement de M. Bassil à faire venir de nouveaux navires-centrales est en soi de la corruption, tout comme son entêtement à monopoliser les nominations administratives pour sa formation politique", a accusé M. Rifi.
Le recours aux barges de la société turque Karadeniz pour combler le déficit de production d’Électricité du Liban fait partie des pistes du plan Bassil pour l’électricité adopté en 2010 par le Conseil des ministres. La location a démarré en 2013, alors que M. Bassil, chef du Courant patriotique libre (CPL, fondé par le chef de l'Etat, Michel Aoun), était en poste au ministère de l’Energie, où se sont succédé Arthur Nazarian (bloc du CPL) et César Abi Khalil (membre du CPL). La location des navires-centrales est décriée par plusieurs formations politiques qui font état de corruption dans ce dossier.
Fin février, M. Bassil avait fait l'objet d'accusations similaires de la part de la députée Paula Yacoubian, contre qui il avait ensuite porté plainte au civil.
Lors de la conférence annuelle du CPL, le ministre Bassil s'est exprimé sur le dossier de la corruption, affirmant qu'il ne permettrait pas "que le virus de la corruption se répande dans le corps du CPL". "S'il se présente, nous l'éradiquerons", a-t-il lancé. Il a ajouté que "si la vérité entre en confrontation avec des intérêts personnels", il ne couvrira aucun corrompu, "ni au nom de l'amitié, ni au nom de l'appartenance politique".
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09 h 48, le 18 mars 2019