Le président français Emmanuel Macron a salué jeudi la bravoure des pompiers qui ont pris "tous les risques" pour sauver in extremis des flammes la cathédrale Notre-Dame de Paris, où des travaux étaient en cours sur "trois points de fragilité majeurs" dont souffre encore l'édifice.
"Merci à vous qui avez pris tous les risques (...). Le pays et le monde tout entier nous ont regardés et vous avez été exemplaires", a déclaré M. Macron devant plus de 250 pompiers et une cinquantaine de policiers, membres de la Croix-Rouge et de la Protection civile, réunis à la mi-journée dans la salle des fêtes de l'Elysée.
La lutte pour maîtriser le gigantesque brasier, qui a suscité l'émotion dans le monde entier, avait mobilisé 600 pompiers, que le président français avait qualifiés de "héros" dans une allocution solennelle prononcée lundi soir. Parfois au péril de leur vie, les soldats du feu avaient lutté contre les flammes quinze heures durant dans la nuit de lundi à mardi, sauvant de justesse la cathédrale d'une destruction totale.
Une cérémonie d'hommage s'est ensuite tenue sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris, à quelques centaines de mètres de la cathédrale. "Vous avez sauvé une part de nous-mêmes (...), je veux vous dire notre gratitude infinie", a lancé la maire de Paris Anne Hidalgo aux pompiers, longuement applaudis par la foule.
"C'était important d'avoir un moment de recueillement et de remerciement de la Nation pour les pompiers", a estimé Isabelle, une Parisienne âgée de 40 ans. Ils "ont travaillé toute la nuit pour sauver Notre-Dame".
En pleine Semaine sainte avant les fêtes de Pâques, une veillée est organisée jeudi soir dans la célèbre basilique du Sacré-cœur de Montmartre (nord de Paris), qui restera ouverte toute la nuit.
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Les autorités françaises ont annoncé une série de mesures pour tenir "le défi immense" de reconstruire Notre-Dame en cinq ans, lancé par le chef de l'Etat, avec un concours international d'architectes, une incitation fiscale aux dons et un projet de loi pour une souscription nationale.
Trois jours après le sinistre, la cathédrale restait sous haute surveillance. L'édifice présente "trois points de fragilité majeurs", a souligné jeudi le ministre de la Culture Franck Riester. Sur le pignon du transept nord (la nef transversale), "des travaux importants ont été réalisés pour faire le frettage de la partie supérieure. Il menaçait de s'écrouler", a-t-il indiqué.
Deuxième point sensible : le pignon (partie haute) occidental, entre les deux beffrois. "Il est très fragilisé, il penche notamment parce que la statue de l'ange, en haut, est tellement brûlée qu'elle est fendue sur toute la hauteur", a expliqué Franck Riester. Une opération pour retirer cet ange était prévue ce jeudi. Enfin, l'angle du beffroi sud "a été tellement chauffé, avec des pierres devenues totalement friables, qu'il y a un risque que les chimères s'effondrent". "L'opération pour enlever les chimères est lancée." Il y a par ailleurs "un vrai risque" que la voûte s'effondre ailleurs que là où elle l'a déjà fait, a averti le ministre, raison pour laquelle "des échafaudages vont être installés".
"Notre chère cathédrale est à genoux" mais elle "revivra", elle "se redressera!", a lancé l'archevêque de Paris Mgr Aupetit mercredi soir lors d'une messe à l'église Saint-Sulpice, dans le centre de Paris. Y assistaient des centaines de personnes, dont l'épouse du président, Brigitte Macron.
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Dès le lendemain de l'incendie, Emmanuel Macron a souhaité que la cathédrale, monument historique le plus visité d'Europe avec 12 millions de touristes en 2017, soit reconstruite dans les cinq ans. Le Comité international olympique a salué cet objectif qui permettrait à la capitale de retrouver tout son lustre pour les JO de Paris-2024.
Une cathédrale de bois "éphémère" devrait être érigée sur le parvis de Notre-Dame durant toute la durée de la reconstruction.
Le débat fait déjà rage entre ceux qui veulent reconstruire à l'identique et ceux qui prônent l'utilisation de matériaux modernes comme le titane pour la toiture ou une architecture plus contemporaine de la flèche, qui s'est effondrée devant les caméras du monde entier.
Si Emmanuel Macron a souhaité qu'"un geste architectural contemporain puisse être envisagé" pour rebâtir la flèche, droite et extrême droite ont appelé à reconstruire Notre-Dame "à l'identique", sans la "défigurer". Et la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a relayé le hashtag "#TOUCHEPASANOTREDAME".
Autre polémique, la mobilisation éclair de milliardaires et de grands groupes français, qui ont promis des centaines de millions d'euros de dons, a été critiquée par des responsables politiques et syndicaux ainsi que par des représentants des "gilets jaunes", qui manifestent depuis cinq mois notamment pour une hausse de leur pouvoir d'achat.
Bernard Arnault, PDG du numéo un mondial du luxe LVMH, a jugé "consternant" de "se faire critiquer" après avoir fait un don de 200 millions d'euros pour la reconstruction, et annoncé qu'il renonçait à la défiscalisation de ces dons.
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Je viens d'apprendre que, selon Nicolas Géant qui s'occupe des ruches de Notre-Dame, que les 200.000 abeilles ont survécu, mais il n'a rien dit des faucons pèlerins qui nichent sur les parois de la cathédrale depuis des années et des années. En mon nom personnel, je demande à Nicolas Géant que sont devenus mes homologues les faucons pèlerins de Notre-Dame de Paris ?
21 h 17, le 18 avril 2019