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Liban - Polémique

« Protection » russe des chrétiens : Joumblatt et Saydet el-Jabal critiquent les remerciements de Aoun à Poutine

Michel Aoun lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine à Moscou, la semaine dernière. Photo Dalati et Nohra

Le Rassemblement de Saydet el-Jabal a dénoncé hier les propos tenus par le président de la République, Michel Aoun, lors de sa visite officielle à Moscou le 26 mars dernier à l’adresse du président russe Vladimir Poutine sur les chrétiens d’Orient. Le chef de l’État avait alors officiellement remercié son homologue russe pour sa « protection permanente des minorités chrétiennes de l’Orient ».

« La protection des chrétiens ne saurait être autrement qu’à travers le vivre-ensemble avec les musulmans, pas à travers la recherche de protections suspectes », a indiqué Saydet el-Jabal dans un communiqué à l’issue de sa réunion hebdomadaire à Achrafieh sous la présidence de l’ancien député Farès Souhaid, sans nommer expressément Michel Aoun.

À la rhétorique aouniste, Saydet el-Jabal a opposé l’exemple « des initiatives répétées de l’Église catholique en direction du monde arabo-musulman et à la rencontre des musulmans dans le but de découvrir les espaces communs et dans une perspective d’espoir ».

Le rassemblement s’est félicité dans ce cadre de « la visite du pape François au Maroc et sa rencontre avec le roi autour de la nécessité du dialogue et de faire de Jérusalem une ville ouverte à l’ensemble des religions », rappelant qu’il s’agissait là d’une initiative que Saydet el-Jabal défend depuis 2015.

La formation a enfin appelé l’Église maronite à accompagner ces initiatives, d’autant qu’elle avait été pionnière dans l’ouverture des perspectives de rencontres (entre les religions) depuis la visite du patriarche Raï en Arabie saoudite et compte tenu de son expérience à travers l’histoire en matière de vivre-ensemble «.

Farès Souhaid

Farès Souhaid avait déjà critiqué les propos du président Aoun dans une série de tweets en date du 29 mars. « Le délaissement par les maronites du vivre-ensemble et de l’édification d’un État de droit, ainsi que leurs remerciements à Poutine parce qu’il “protège” leur présence en Orient vont à l’encontre de leur histoire progressiste et en faveur de la Nahda », avait-il réagi dans un premier message sur Twitter. « Je comprends les angoisses de tous à un instant régional et international délicat. Ce n’est pas la première fois que des choix nous sont imposés. Notre choix est celui du Liban du vivre-ensemble, un État qui protège tout le monde. Le reste est de l’humiliation », avait-il ajouté.

Dans un second tweet, M. Souhaid avait poursuivi son argumentation : « Je m’oppose aux remerciements formulés par le président Aoun au président Poutine. Le président est celui du Liban et il lui est demandé de protéger les Libanais. Il s’avère que le choix du président en faveur de l’Alliance des minorités se trouve au cœur de ses convictions politiques, et il s’agit d’un point de divergence entre nous. L’absence d’initiative sunnite libanaise et arabe joue en faveur de M. Aoun. »L’opposition de Saydet el-Jabal et de Farès Souhaid à la doctrine de l’Alliance des minorités n’est pas neuve. Fin 2014, sous l’égide de M. Souhaid et de Samir Frangié et en présence notamment de l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, Saydet el-Jabal avait organisé un séminaire à l’hôtel Gabriel pour dire « non » d’une même voix au projet de l’Alliance des minorités, celui de la déétatisation et de la surcommunautarisation dans l’objectif de transformer toutes les communautés, désormais sur la défensive en raison de la montée aux extrêmes, en minorités apeurées, irrationnelles, agressives et à la recherche permanente d’un protecteur providentiel. « J’ai honte que quelqu’un parle en mon nom en vertu de mon appartenance confessionnelle et se permette de quémander ma protection personnelle à l’étranger. Ma protection vient de l’État, que je forme avec mon partenaire musulman. Que ceux qui réclament une protection étrangère demandent d’abord à l’étranger de corriger ses nombreuses erreurs – en Palestine, en Irak et son silence inadmissible en Syrie – pour participer avec nous à la bataille de la paix », avait affirmé à l’époque Samir Frangié dans son intervention.

Georges Sabra et Joumblatt

Le président du Conseil national syrien (opposant au régime Assad), Georges Sabra, a lui aussi rejeté, sur son compte Twitter, les propos tenus par le chef de l’État à Moscou. « Si le président libanais, son gendre et ses partisans ont besoin d’une protection en raison de leurs actes et de leurs positionnements, et c’est pourquoi ils vont la rechercher chez Vladimir Poutine, les chrétiens en Orient, qui ont apporté la chrétienté au monde entier, n’ont besoin de protection de personne. Ils se trouvent sur leur terre et entre les fils de leur patrie, avec lesquels ils partagent les mêmes valeurs », avait écrit M. Sabra, avant de conclure : « Parlez pour vous-mêmes, Général. »Hier, c’est le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, qui a critiqué à son tour, toujours sur Twitter, le positionnement du président Aoun à Moscou, mais sans le nommer. « Il semble que certains ne veuillent pas apprendre des leçons et des expériences du passé et de ses tragédies. Nous voilà revenus à la conception de l’Alliance des minorités au lieu de nous focaliser sur l’importance de la citoyenneté et sur la déclaration commune d’al-Azhar entre le pape et le cheikh d’al-Azhar », a indiqué M. Joumblatt.

M. Joumblatt réagissait sans doute notamment à la chronique du professeur Antoine Courban publiée hier dans nos colonnes sous le titre « Le Liban de la nouvelle Question d’Orient », analysant la symbolique des propos du président Aoun à Moscou et le message antithétique qu’ils renvoient par rapport à la rencontre et la signature d’un traité de fraternité entre le pape et le grand imam d’al-Azhar, Ahmad el-Tayyeb, le 2 février dernier à Abou Dhabi.

Le Rassemblement de Saydet el-Jabal a dénoncé hier les propos tenus par le président de la République, Michel Aoun, lors de sa visite officielle à Moscou le 26 mars dernier à l’adresse du président russe Vladimir Poutine sur les chrétiens d’Orient. Le chef de l’État avait alors officiellement remercié son homologue russe pour sa « protection permanente des...

commentaires (3)

Oh que oui!C'est pour cela qu'il ne reste pratiquement plus de Chrétiens, ni en Iraq ni en Syrie! Ah la belle ptotection poutinienne...

Georges MELKI

14 h 26, le 10 avril 2019

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Commentaires (3)

  • Oh que oui!C'est pour cela qu'il ne reste pratiquement plus de Chrétiens, ni en Iraq ni en Syrie! Ah la belle ptotection poutinienne...

    Georges MELKI

    14 h 26, le 10 avril 2019

  • LE PRESIDENT AOUN A BIEN FAIT DE REMERCIER POUTINE POUR LA PROTECTION DES CHRETIENS ET LEUR ARMEMENT DANS CERTAINES REGION DE LA SYRIE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 51, le 02 avril 2019

  • ils ont tort ceux qui critiquent M Aoun. ils auraient du s'y attaquer des la 1ere fois que le slogan de "la bataille pour le recouvrement des droits des chretiens " avait ete lance par les aounistes. Mais, mais mais, TROPPO TARDI. PS. trop tard surtout que certains y avaient vu eux meme un avantage .

    Gaby SIOUFI

    11 h 52, le 02 avril 2019

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