Pour la 42e commémoration de l’assassinat de Kamal Joumblatt, célébrée en présence d’une foule de personnalités politiques, la Syrie, accusée par le Parti socialiste progressiste d’avoir commandité l’opération, était une fois de plus dans le point de mire de son fils, Walid, chef du PSP.
« C’est par le sang de Kamal Joumblatt qu’ils sont entrés au Liban et par le sang de Rafic Hariri (ancien Premier ministre assassiné) qu’ils en sont sortis », a affirmé M. Joumblatt dans son allocution, citant Mohsen Ibrahim, l’ancien chef de l’Organisation de l’Action communiste libanaise (OACL), l’un des contemporains et amis de Kamal Joumblatt. « Telle est la vérité. Nous allons poursuivre inlassablement (le combat) parce qu’ils ne partiront jamais de manière définitive. Avec patience et subtilité, ensemble avec les patriotes et les nationalistes arabes, nous persévérerons en vue de l’indépendance de ce pays et sa souveraineté, mais aussi pour consacrer l’arabité du Liban prévue dans l’accord de Taëf, qui doit également être préservé », a poursuivi M. Joumblatt, rapportant encore des propos que lui avaient confiés M. Ibrahim. Et d’ajouter : « Nous allons persévérer, tout en étant conscients que les difficultés et les problèmes sont énormes. Notre vision et nos objectifs sont cependant clairs. Un jour nous vaincrons, si Dieu le veut. »
Il y a 42 ans, le 16 mars 1977, Kamal Joumblatt, député et chef du Mouvement national, était assassiné à l’âge de 60 ans, dans sa voiture sur une route du Chouf, victime d’un guet-apens dressé à quelques centaines de mètres seulement d’un barrage syrien, peu après s’être opposé à l’intervention armée syrienne au Liban. Cet assassinat mettait fin à la longue carrière politique d’un homme qui aura profondément marqué son époque autant par son action, les partis et mouvements politiques qu’il a fondés que par ses écrits.
Une mémoire que Moukhtara tente chaque année de ressusciter, lors d’un rassemblement populaire organisé par Walid Joumblatt, l’occasion pour le chef du PSP et les compagnons de Kamal Joumblatt de déposer des roses sur la sépulture du leader druze.
Des insomnies
L’ex-député du bloc joumblattiste Antoine Saad s’en est pris lors du meeting oratoire à ceux qui prônent aujourd’hui le retour du Liban dans le giron de la Syrie, « en le plaçant tantôt sous le signe de la normalisation des relations (…), tantôt par le biais d’accusations de traîtrise, ou encore en imputant au Premier ministre Saad Hariri l’intention de chercher à implanter les réfugiés syriens que le président Bachar el-Assad lui-même refuse de rapatrier ». M. Saad a appelé les responsables politiques à « s’inspirer » du parcours de Kamal Joumblatt, notamment de sa vision réformiste, pour mettre fin à la corruption qui gangrène le pays et aux crises successives dans lesquelles il se débat. « Les forces politiques devraient prendre l’exemple de Kamal Joumblatt en tablant sur les mesures de réformes réalistes qu’il avait préconisées pour sortir de cette lutte illusoire et comateuse prétendument menée contre la corruption », a ajouté l’ancien parlementaire.
Pour le ministre de l’Économie Mohammad Choucair, en assassinant un homme « aussi éclairé et pertinent, ils ont voulu tuer toute une orientation, ainsi que la flamme qui animait sa lutte et la cause nationale qu’il défendait ». Et sur son compte Twitter, l’ancien ministre de la Justice Achraf Rifi a salué la mémoire de Kamal
Joumblatt, dont l’assassinat « continue à ce jour de provoquer des insomnies chez les auteurs du crime ».
« Kamal Joumblatt était le leader d’un mouvement national de libération et un activiste en faveur des droits des peuples », a rappelé l’ambassadeur de Russie Alexander Zasypkine. Évoquant le legs intellectuel du fondateur du PSP, il a salué les « qualités morales de l’homme, sa sagesse politique et sa philosophie ».
Également présent, l’ambassadeur d’Arabie saoudite Walid Boukhari a estimé que cette commémoration est une occasion pour « exprimer notre solidarité avec Walid Joumblatt et consolider la relation historique entre le PSP et l’Arabie saoudite », une manière de réaffirmer son appui au leader druze, qui fait l’objet, depuis un certain temps, d’une campagne destinée à l’isoler politiquement, notamment de la part de certaines composantes du camp prosyrien.
Pour mémoire
Teymour Joumblatt, l’homme qui veut en finir avec la politique des clans
commentaires (3)
Cet homme avait des qualités intellectuelles indéniables mais limitées par ses propres démons communautaires et des engagements plutôt tournés ,dans un premier temps, vers ses voisins que ses propres concitoyens. Et voilà le résultat ! Dés qu’il prend du recul et comprend la situation en ce qui concerne les intentions syriennes, il se fait assasiner ... Vous avez ici la preuve flagrante que Le Liban n’est pas seulement oriental.
L’azuréen
10 h 33, le 21 mars 2019