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À La Une - Portrait

Nasser Zefzafi, le révolté devenu "icône" du mouvement du "Hirak" au Maroc

Celui qui s'est imposé comme le visage de la contestation populaire dans le nord du royaume, avec ses discours virulents contre l'Etat "corrompu" ou "l'arbitraire" du pouvoir, a vu sa peine de 20 ans de prison confirmée vendredi.


Un manifestant brandit le portrait de Nasser Zefzafi, leader du mouvement de protestation dans la région du Rif, le 30 mai 2017 à Al-Hoceima, au Maroc. AFP/FADEL SENNA

Nasser Zefzafi, qui a vu sa peine de 20 ans de prison confirmée vendredi par la Cour d'appel de Casablanca, s'est imposé comme le visage de la contestation populaire dans le nord du Maroc, avec ses discours virulents contre l'Etat "corrompu" ou "l'arbitraire" du pouvoir.

Jugé en appel aux côtés de 41 autres accusés, cet ancien chômeur détenu depuis mai 2017 était absent à l'énoncé de la sentence: comme tous ses compagnons détenus, il boycotte les audiences depuis janvier pour dénoncer un procès "non équitable".

L'accusation a requis en appel une aggravation des peines ne correspondant au maximum prévu par la loi - théoriquement, la peine de mort pour ceux accusés de "complot visant à porter atteinte à la sécurité intérieure", comme Nasser Zefzafi.

Cet homme à la mâchoire carré avait été arrêté il y a deux ans pour avoir interrompu le prêche d'un imam hostile au mouvement dans une mosquée d'Al-Hoceïma, l'épicentre de la protestation qui a secoué la région historiquement frondeuse et marginalisée du Rif entre octobre 2016 et juillet 2017.

En première instance, devant la chambre criminelle de la cour d'appel de Casablanca, le militant de 39 ans devenu meneur charismatique grâce à ses talents d'orateur, avait fustigé un "procès politique" et des "accusations vides".


(Pour mémoire : À Jerada, les mines du désespoir)


"Résistance"
"C'est un procès contre les symboles de la résistance (...). La capitale Rabat a toujours considéré les Rifains comme des frondeurs", a-t-il dit en avril 2018 alors que les débats se focalisaient sur les intentions "séparatistes" des manifestants.

Après son arrestation, il "a été placé à l'isolement plus de quinze mois" pendant l'enquête "dans des conditions s'apparentant à de la torture", selon Amnesty International. Pendant le procès en première instance, le meneur avait assuré avoir été "torturé" pendant un interrogatoire de la police.

Finaliste du prestigieux prix Sakharov pour la liberté de conscience 2019, il vient d'être proposé pour le prix des droits de l'Homme Vaclav Havel 2019. Toutes les accusations de violences policières ont systématiquement été rejetées par les autorités marocaines.

Lors des manifestations qui ont agité Al-Hoceïma ou dans ses appels sur les réseaux sociaux, Nasser Zefzafi avait dénoncé sans relâche la "dictature", "la corruption" ou encore la "répression" de "l'Etat policier", tout en insistant sur le caractère "pacifique" du mouvement.

N'accordant aucun crédit aux partis politiques - des "pions" selon lui -, il en appelait alors directement au roi Mohammed VI pour enclencher une dynamique de développement dans cette région historiquement marginalisée.

C'est sur la base de discours prononcés l'an dernier par le roi sur la nécessité de relancer le développement dans les régions déshéritées qu'il avait construit l'essentiel de sa ligne de défense en première instance.


(Pour mémoire : La carotte et le bâton du palais contre les leaders du Hirak)


Propos virulents
Rappelant les propos royaux sur la "corrélation entre responsabilité et reddition des comptes", le ténor du Hirak avait affirmé que le procès allait à "contre-courant des discours du roi". Pour sa défense, il s'est aussi référé à la Constitution marocaine qui "autorise les manifestations pacifiques".

Fin octobre 2016, quand la mort atroce à Al-Hoceïma (nord) d'un vendeur de poisson, broyé accidentellement dans une benne à ordures, choque le pays, il n'est qu'un simple militant sur les réseaux sociaux. Devenu très populaire dans sa ville natale d'Al-Hoceïma, l'épicentre de la contestation, il a aussi été critiqué pour ses "surenchères", ses propos parfois très virulents et la manière dont il avait écarté plusieurs partisans.

La cour d'appel de Casablanca a confirmé vendredi soir toutes les peines prononcées en première instance contre le noyau dur des militants du Hirak. En première instance, 53 accusés avaient été condamnés de 1 à 20 ans de prison, 11 avaient ensuite été graciés par le roi.


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