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Moyen Orient et Monde - Maroc

À Casablanca, les partisans du Hirak du Rif réclament la libération des détenus

Les leaders de ce mouvement qui a agité le Rif en 2016-2017 ont été condamnés à de lourdes peines le 26 juin dernier.

Des partisans du Hirak manifestent en faveur de la libération d’un de leurs chefs, Nasser Zefzafi, durant son procès. Photo AFP

Au milieu de la foule de manifestants, un cercueil noir barré du mot « justice » en arabe est porté par une dizaine de militants. Plus loin, un autre manifestant brandit une pancarte avec l’inscription : « Un deuil de 20 ans ». Vingt ans, c’est la peine de prison ferme reçue le 26 juin dernier par le leader du Hirak du Rif Nasser Zefzafi au terme d’un long procès de neuf mois. Il était jugé à Casablanca avec 52 autres meneurs de ce mouvement de revendications sociales qui a agité le Rif, au nord du Maroc, en 2016-2017. En réaction à ce verdict, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche à Casablanca derrière les familles des détenus à l’appel notamment de partis de gauche et de syndicats.

« J’ai été très choquée par les peines, surtout celles de 20 ans. Nous sommes tous ici pour demander la libération des détenus », explique Mariam, une doctorante de 29 ans. Même si Nasser Zefzafi était jugé notamment pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’État », un crime passible de la peine de mort, les partisans du Hirak espéraient une issue plus favorable aux accusés. « Ils n’ont fait que demander du travail, un hôpital, des services publics, de l’emploi. Ils ont manifesté pacifiquement et l’État les accuse de crimes qu’ils n’ont pas commis », proteste Si Mohammad, un professeur de 30 ans.


(Lire aussi : Zefzafi, le révolté devenu "icône" du mouvement du "Hirak" au Maroc)


Le Hirak avait commencé en octobre 2016 quand un vendeur de poissons, Mohcine Fikri, est mort broyé dans une benne à ordures en tentant de récupérer sa marchandise saisie par les autorités à al-Hoceima. De nombreux habitants de cette ville du Rif, région longtemps délaissée par les autorités, étaient alors descendus dans la rue pendant des mois pour réclamer le développement de la zone. En juin 2017, Nasser Zefzafi interrompait un prêche dans une mosquée de la ville. L’incident allait déclencher des centaines d’arrestations et mettre fin à la plupart des manifestations. En parallèle, le gouvernement promettait l’accélération des projets de développement dans la province d’al-Hoceima.

 « Les Rifains ne demandaient que des choses basiques ! En réalité, l’État a voulu frapper les leaders, dont Nasser Zefzafi, pour donner une leçon au reste du pays. C’est un verdict politique », assure Abdelouahed, un autre manifestant. Le Maroc a en effet connu d’autres mouvements de revendications sociales après celui du Rif, dans la ville minière de Jerada ou encore à Zagora. Le boycott de trois marques emblématiques dénonçant la « vie chère » a aussi connu un succès inédit et de nombreux manifestants, dimanche, s’affichaient comme boycotteurs. « Ce boycott, relayé sur les réseaux sociaux, est efficace car les Marocains craignent les troubles que connaissent d’autres pays de la région », assure Rachidia, une manifestante de 56 ans.


(Lire aussi : Maroc: trois ans de prison pour un des journalistes ayant couvert le "Hirak")


Hier, l’un des avocats de la défense, Me Abderrahim Jamai, a aussi dénoncé lors d’une conférence de presse le « procès politique » des leaders du Hirak. Du côté des parties civiles, notamment les policiers blessés, les avocats estimaient en revanche que le procès avait été équitable. « Les peines sont très légères par rapport à ce que prévoit la loi et à la façon dont ils se sont comportés devant le juge », commentait Me Mohamed Karout après le verdict.

Deux jours après le jugement, le journaliste rifain Hamid el-Mahdaoui était aussi condamné à trois ans de prison. « Mon mari a été condamné car il est indépendant et qu’il parle de la corruption, de la mauvaise gestion des institutions de l’État. Ce verdict n’a aucun fondement juridique », assure Bouchra el-Mahdaoui, la femme du journaliste, présente à la manifestation dimanche.

Malgré la forte présence policière, des manifestations ont éclaté à al-Hoceima dans la foulée du verdict du 26 juin. « Vingt-cinq personnes sont détenues suite à ces manifestations », indique Me Rachid Belaali. Membre du comité de défense des détenus d’al-Hoceima, il a recensé plus de 850 personnes poursuivies dans la région depuis le début du Hirak.

Alors que les condamnés ont tous fait appel (sauf un), des personnalités marocaines font appel au roi Mohammad VI qui dispose, selon la Constitution, d’un pouvoir de grâce. Une proposition de loi a aussi été déposée par un petit parti de gauche, la Fédération de la gauche démocratique, pour obtenir leur amnistie. Dans la rue, les partisans du Hirak veulent maintenir la pression : ils se sont donné rendez-vous dimanche prochain à Rabat, la capitale du royaume, pour une nouvelle manifestation.



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