Rechercher
Rechercher

Liban - Conseil des ministres

Le Conseil des ministres otage de la politique politicienne...

Le gouvernement s’engage à opérer les réformes du programme CEDRE dans les plus brefs délais, affirme Saad Hariri.

Saad Hariri s’entretenant avec les ambassadeurs européens. Photo Dalati et Nohra

Les querelles de politique politicienne n’en finissent pas d’entraver l’action du cabinet de Saad Hariri et de retarder les solutions aux dossiers les plus épineux, notamment les réformes économiques, l’électricité et la question des réfugiés syriens. Le Conseil des ministres tiendra donc ce midi une séance ordinaire au Sérail sous la présidence de M. Hariri. L’occasion pour les ministres d’examiner un ordre du jour en 26 points, dont la stratégie nationale pour la lutte contre la corruption et le lancement du second round pour l’attribution de licences d’exploration et de production d’hydrocarbures offshore.

La tenue de la réunion au Sérail implique un (nouveau) report des nominations des vice-gouverneurs de la Banque du Liban, dont le mandat avait expiré le 31 mars dernier. Cette question s’était heurtée à une opposition du leader du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt contre le maintien de Saad Andari (druze) à son poste. Lors de leur meeting, lundi dernier, MM. Joumblatt et Hariri se seraient entendus sur le nom de Fadi Fleyhane, croit savoir une source proche du dossier contactée par L’Orient-Le Jour. Le problème n’est pas à Moukhtara, soulignent les milieux de M. Joumblatt. Une allusion à la mésentente survenue entre le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil et son allié de longue date, le parti Tachnag, autour de la reconduction à son poste du quatrième vice-gouverneur, Harout Samuelian. Des informations que le secrétaire général du parti arménien, Hagop Pakradounian, n’a pas tardé à démentir. S’exprimant à l’issue d’un entretien avec le chef du gouvernement en présence du ministre du Tourisme, Avédis Guidanian, le député du Metn a déclaré : « Ce poste est réservé aux arméniens-orthodoxes. Et ce qui est évoqué dans les médias est infondé. Il n’y a de problème ni avec le CPL ni avec le Premier ministre. » M. Pakradounian a ajouté : « Notre décision est claire : en cas de reconduction, nous renouvellerons (le mandat de Harout Samuelian). Sinon, nous proposerons des jeunes. » « Il est de notre droit de conserver les postes consacrés aux Arméniens au sein de l’État », a-t-il encore dit.


(Lire aussi : Le consensus sur la réforme de l’électricité « presque atteint »)


L’électricité
Le dossier de l’électricité ne sera pas non plus évoqué lors de la séance gouvernementale. D’autant que la commission ministérielle ad hoc chargée d’examiner le plan de la ministre de l’Énergie Nada Boustani (CPL) se réunira à nouveau après la séance. Et en dépit de l’atmosphère positive que s’efforcent de distiller les membres de cette commission, la polémique politique se poursuit, les divers protagonistes appelant à de sérieuses réformes du secteur.

C’est dans ce cadre que s’inscrivent les propos tenus hier par Nicolas Nahas, député de Tripoli (bloc de l’ancien Premier ministre Nagib Mikati). Dans une déclaration à la Voix du Liban (93.3), il a estimé que le plan Boustani ne prévoit pas les réformes exigées dans le cadre de la Conférence de Paris, appelant à ce que la Direction générale des adjudications (DDA) soit la partie compétente pour organiser les appels d’offres pour la construction des usines de production.

À son tour, Bilal Abdallah, député joumblattiste du Chouf, a assuré que son parti « n’est pas satisfait » du plan Boustani. « Nous ne sommes pas satisfaits de voir les décisions importantes prises en l’absence d’un conseil d’administration (d’Électricité du Liban) et d’une autorité de régulation (du secteur) », a-t-il souligné dans un entretien accordé à la Voix du Liban (93.3). Le leader des Marada Sleiman Frangié a quant à lui appelé, devant l’ambassadeur du Royaume-Uni Chris Rampling, à des réformes transparentes par des projets conformes à des cahiers des charges clairs, assurant que son parti s’opposera à tout projet douteux.


(Lire aussi : Trois réunions de l’exécutif pour presque rien)


Les réfugiés
À ce tableau, s’ajoute la question des réfugiés syriens que le gouvernement n’examinera pas et qui a déclenché une nouvelle – et virulente – phase de la querelle désormais chronique CPL-FL. À peine leur désaccord autour du projet Boustani réglé, les rapports entre les deux partis se sont envenimés à nouveau hier. Et pour cause : les FL accusent implicitement Gebran Bassil d’avoir laissé filtrer dans les médias le procès-verbal de la réunion de la commission parlementaire des Affaires étrangères, lundi. À en croire ces médias, Pierre Bou Assi, député FL de Baabda et ancien ministre des Affaires sociales, aurait déclaré que sous son mandat, le ministère avait arrêté de recenser les réfugiés syriens.

Lors d’un point presse tenu au Parlement conjointement avec son collègue de Zahlé Georges Okaïs, M. Bou Assi a mis les points sur les i, tout en s’en prenant au leader du CPL. Stigmatisant « une entorse au règlement intérieur de la Chambre et une atteinte à la dignité des députés et de la commission », M. Bou Assi a indiqué que la séance visait à interroger le ministre des Affaires étrangères au sujet des réfugiés. « À l’heure où nous cherchons des solutions à une dangereuse crise, certains cherchent à créer des problèmes et à se montrer soucieux des intérêts du pays, contrairement aux autres », a-t-il tonné, rappelant que le ministère des Affaires sociales n’a pas à recenser les réfugiés. « D’autant qu’il s’occupe des Libanais orphelins, de ceux à besoins spéciaux, des toxicomanes… » Et de rappeler que son parti a toujours plaidé pour le retour des réfugiés sans attendre une solution politique au conflit.

Quant à Georges Okaïs, il s’est livré à une violente diatribe contre le CPL et son chef. « Certains protagonistes ne peuvent survivre que par les querelles avec les FL », a-t-il lancé dans une allusion claire au parti fondé par Michel Aoun. « Pour justifier leur échec à gérer le dossier des réfugiés, ils le transforment en une victoire médiatique en déformant la réalité et en commettant des entorses au règlement intérieur de la Chambre », a enchaîné le député, indiquant avoir demandé au chef du législatif Nabih Berry une copie du procès-verbal, « pour ne pas égarer l’opinion publique ».


Hariri optimiste
Mais en dépit de tous ces obstacles liés à la politique politicienne, Saad Hariri continue de se montrer optimiste quant à la productivité de son équipe et sa capacité à opérer les réformes attendues. C’est dans ce sens que vont les propos qu’il a tenus hier devant les ambassadeurs européens au Liban conduits par Christina Lassen, chef de la Délégation de l’Union européenne à Beyrouth. « Le Liban respecte la politique de distanciation par rapport aux conflits de la région », a-t-il assuré, mettant l’accent sur les retombées négatives de la crise des réfugiés sur le Liban. « La solution réside dans un retour de ceux-ci chez eux », a-t-il estimé. Se félicitant du partenariat liant le Liban à l’UE, M. Hariri a exposé les orientations de son cabinet, notamment en matière de réformes, ainsi que la mise en application du processus CEDRE. « L’UE a aidé le Liban pour la tenue de la Conférence de Paris, et le gouvernement s’est engagé à appliquer les réformes dans les plus brefs délais », a affirmé M. Hariri.

De son côté, Nabih Berry s’est invité à nouveau dans la partie en convoquant la Chambre à un débat de politique générale, le mercredi 10 avril à 11h. Une façon pour lui d’exhorter le cabinet à aller de l’avant. À son tour, Yassine Jaber, président de la commission parlementaire chargée de suivre la mise en application des lois, a incité le cabinet à exécuter les textes adoptés par la Chambre. À l’issue d’un entretien avec le chef de l’État Michel Aoun, il a indiqué avoir remis à ce dernier une liste de 52 textes non encore appliqués. « Il est du devoir du gouvernement d’exécuter les lois votées par la Chambre », a-t-il rappelé, estimant que les atermoiements s’expliquent soit par l’absence de décision politique, soit par le retard (ou la négligence) des décrets de mise en application.


Lire aussi
Réforme ou chloroforme ?, l'éditorial de Issa GORAIEB

L’ultrasensible dossier de réforme de l’électricité examiné sous l’œil vigilant de la Banque mondiale

Les centrales de Deir Ammar et Zahrani ont été ravitaillées, le plan Boustani ferait consensus

Réformes : le Liban officiel exaspère les pays occidentaux

Électricité : que prévoit le plan de Nada Boustani ?


Pour mémoire
Électricité : la réunion ministérielle pour débattre du plan de réforme risque d’être houleuse

Boustani lie le déficit public à la tarification figée d’EDL

Les querelles de politique politicienne n’en finissent pas d’entraver l’action du cabinet de Saad Hariri et de retarder les solutions aux dossiers les plus épineux, notamment les réformes économiques, l’électricité et la question des réfugiés syriens. Le Conseil des ministres tiendra donc ce midi une séance ordinaire au Sérail sous la présidence de M. Hariri. L’occasion pour...

commentaires (2)

Post-scriptum qui n'a rien à voir : Comme des milliers de mes concitoyens, je n'admets plus l'absence prolongée du billet du vendredi de Gaby Nasr. Les spadassins, les orangina, les tondus, les barbichus, les hurluberlus etc. nous manquent. On n'en a marre des bateaux turcs, des tunnels, du sexe des fermes de Chebaa etc. Même les goélands de l'île de Clipperton, l'albatros de l'archipel des Kerguelen m'ont demandé des nouvelles d'Istiz Nabeuh dans le tohu-bohu de notre République de poche.

Un Libanais

12 h 22, le 04 avril 2019

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Post-scriptum qui n'a rien à voir : Comme des milliers de mes concitoyens, je n'admets plus l'absence prolongée du billet du vendredi de Gaby Nasr. Les spadassins, les orangina, les tondus, les barbichus, les hurluberlus etc. nous manquent. On n'en a marre des bateaux turcs, des tunnels, du sexe des fermes de Chebaa etc. Même les goélands de l'île de Clipperton, l'albatros de l'archipel des Kerguelen m'ont demandé des nouvelles d'Istiz Nabeuh dans le tohu-bohu de notre République de poche.

    Un Libanais

    12 h 22, le 04 avril 2019

  • COMMENT DECIDER DES REFORMES SI POUR CHACUNE D,ELLE IL FAUT UN CONSENSUS GENERAL ? OU EST LE JEU DE LA DEMOCRATIE... OU PLUTOT LE SENS DES INTERETS VITAUX DU PAYS QUI IMPOSENT DES REFORMES TRES URGENTES ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 04, le 04 avril 2019

Retour en haut