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Liban - réformes

Électricité : la réunion ministérielle pour débattre du plan de réforme risque d’être houleuse

Le bras de fer CPL-FL se poursuit et les accusations de corruption enflamment les échanges.

La centrale de Zouk. Mohammad Azakir/Photo Reuters

L’approche de la réunion de la commission ministérielle chargée de plancher sur le plan de réforme du secteur de l’électricité a relancé de plus belle hier la guerre verbale entre le Courant patriotique libre et les Forces libanaises autour de ce dossier hautement technique.

Le débat public autour de ce sujet, qui fait l’objet depuis lundi dernier d’échanges virulents entre les deux formations prenant par moments une tournure personnelle, avait commencé lorsque le chef des FL Samir Geagea, qui s’exprimait à l’issue d’une réunion du groupe parlementaire La République forte de son parti, a appelé à une solution permanente pour la crise de l’électricité, qui devrait commencer par une lutte contre le gaspillage à caractère technique entachant le processus de production du courant électrique.

Par ces propos, le leader chrétien s’est attiré une foudre de réactions en chaîne, les représentants du CPL ayant accusé les FL de chercher à créer une polémique pour le simple plaisir de « faire du parasitage » destiné à attaquer politiquement le CPL et pour « leurrer l’opinion publique ». Les FL ont contre-attaqué en dénonçant des « projets douteux » et un dossier qui « sent la corruption », promettant de ne pas lâcher prise et de persévérer dans leur opposition pour mettre un terme au gaspillage des deniers publics.

Hier, l’échange acerbe entre les deux partis s’est poursuivi par députés interposés, avec quasiment les mêmes arguments. « Nous n’allons pas sommeiller et vous n’allez pas de toute évidence vous réveiller », a lancé Wehbé Katicha, député FL à l’adresse du bloc politique relevant du CPL.

Formulée par un député du CPL, Georges Atallah, la réplique ne s’est pas fait attendre. Dans un tweet, ce dernier a reproché à M. Katicha, un ancien officier de l’armée, d’avoir « trahi » l’institution militaire.


(Lire aussi : Les centrales de Deir Ammar et Zahrani ont été ravitaillées, le plan Boustani ferait consensus)


« À celui qui dit qu’il ne sommeillera point, je lui dis qu’il aurait mieux fait de rester éveillé du temps où il relevait d’une institution noble et de s’abstenir de la trahir et de se soulever contre elle », a-t-il dit. Le jeu de mots autour de « l’éveil » s’est poursuivi avec les propos exprimés par Nicolas Sehnaoui, député de Beyrouth et vice-président du CPL, qui a qualifié les responsables FL de « gardiens de l’obscurité ». D’autres députés du CPL, notamment Eddy Maalouf et Roger Azar, ont également réagi sur le même ton, toujours sur Twitter, déclenchant une guerre de tweets entre partisans des deux formations. S’il n’est pas inédit, ce déchaînement entre les deux formations chrétiennes autour de ce qui semble être une vision divergente sur la manière de gérer les réformes dans ce secteur ultrasensible, placé à la tête des priorités du gouvernement, est un indicateur du climat qui pourrait régner lors de la seconde réunion du comité ministériel.

Le plan Boustani prévoit pour début 2020 une augmentation de 180 % des tarifs d’Électricité du Liban, figés depuis 1994 et subventionnés depuis. Cette mesure prend en compte une hausse de la production la même année et donc une suppression totale des factures de générateurs pour les usagers. Le plan prévoit également une amélioration de la collecte et l’installation de compteurs intelligents à partir de 2019. Les pertes non techniques (vols et branchements illégaux) sont évaluées à 21 % de la production. Une modernisation et une extension du réseau de transport et de distribution, également envisagés, permettraient de remédier aux pertes techniques qui représentent, elles, 16 % de la production.

De leur côté, les FL persistent et signent : le plan doit mener en parallèle plusieurs réformes à commencer par une lutte contre le gaspillage à caractère technique et non technique et par la réhabilitation des réseaux et les centrales en attendant la construction de nouvelles usines, déjà prévues dans l’ancien plan et dont « le cahier des charges agréé, en 2017, en Conseil des ministres n’a jamais eu de suite », affirme Ghassan Hasbani, vice-président du Conseil et fin connaisseur du dossier.


(Lire aussi : Électricité : que prévoit le plan de Nada Boustani ?)



« Ce ne sont pas tant les grandes lignes du plan – qui est intentionnellement imprécis en plusieurs points – que l’on conteste que les méandres de son application escomptée », dit-il, arguant le fait que « le diable réside dans les détails ». « Tout ce qu’on demande c’est qu’il n’y ait pas de solution temporaire et que le plan de réforme fasse l’objet d’une seule adjudication comprenant toutes les étapes du projet », dit-il.

Le vice-Premier ministre revient à la charge pour la énième fois pour réclamer la mise sur pied de l’autorité de régulation, ainsi que d’un conseil d’administration au sein d’EDL, et des adjudications transparentes, « des requis clairement formulés par Pierre Duquesne », le diplomate français chargé par le président Emmanuel Macron du suivi du processus CEDRE, lors de son passage, début mars, à Beyrouth.

M. Duquesne avait appelé le gouvernement libanais à « donner des signaux » sur sa volonté d’engager des réformes, conformément à la déclaration ministérielle du cabinet, affirmant que ce dernier n’avait pas beaucoup de temps devant lui.

« Les fonds ne seront pas distribués gratuitement et la réforme doit d’abord se faire dans le secteur de l’électricité car sans électricité, il n’y aura pas de développement ni d’investissement », a-t-il ajouté en allusion aux promesses de dons et de prêts faites par les pays donateurs au Liban, pour l’aider à sortir de sa crise.


Les FL, à l’avant-garde de la contestation

Déjà, sous l’ancien gouvernement, les FL avaient été à la tête d’un mouvement de contestation regroupant plusieurs formations ( le PSP, les Marada, Amal et le Hezbollah ) qui toutes objectaient la politique suivie par l’ex-ministre en charge, César Abi Khalil, en matière de solution à adopter pour remettre le secteur sur pied.

Cette fois-ci, et depuis que Mme Boustani a rendu public son plan d’action, les FL semblent se retrouver seules dans l’arène de la contestation publique, du moins pour l’instant. Une thèse que conteste M. Hasbani qui assure que les FL « ne sont pas les seules à s’opposer à certains points du plan », mais qu’elles sont soutenues par les mêmes formations qui s’étaient déjà alignées sur leur position au sein de l’ancien cabinet.

« Le CPL a choisi de se contenter d’attaquer M. Geagea, une cible facile, ne pouvant se permettre de déclarer la guerre aux autres contestataires comme le Hezbollah et Amal notamment », dit-il.

Le vice-président du Conseil souligne que lors de la première réunion du comité ministériel chargé du suivi du plan de réformes, la ministre de l’Énergie a dû faire face à moult critiques, non seulement de la part des FL.

Tout en reconnaissant que la seconde réunion du comité sera la dernière puisqu’elle devra probablement aboutir à la décision de transmettre le plan, avec les observations formulées par les différentes parties, au Conseil des ministres pour qu’il l’avalise, les FL assurent que les ministres de leur formation ne voteront en faveur du plan que « s’il est modifié et leurs remarques prises en compte ».


Pour mémoire

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commentaires (7)

On ne parle pas de corde dans la maison d'un pendu. Les FL s'amusent à évoquer les bateaux turcs centrales électriques, ce qui provoque l'ire collective du CPL. Je ne peux m'empêcher de dire à ceux qui ont mijoté le projet contesté de l'électricité dès le début : - Le linceul n'a pas de poches. - On n'a jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard.

Un Libanais

17 h 02, le 01 avril 2019

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Commentaires (7)

  • On ne parle pas de corde dans la maison d'un pendu. Les FL s'amusent à évoquer les bateaux turcs centrales électriques, ce qui provoque l'ire collective du CPL. Je ne peux m'empêcher de dire à ceux qui ont mijoté le projet contesté de l'électricité dès le début : - Le linceul n'a pas de poches. - On n'a jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard.

    Un Libanais

    17 h 02, le 01 avril 2019

  • Électrocution assurée entre geagix qui file du mauvais courant et le CPL qui distribue des forces nouvelles.

    FRIK-A-FRAK

    15 h 08, le 01 avril 2019

  • Mais...qui se fait encore illusion que nos responsables sauront un jour se mettre d'accord sur quelque chose ??? Ils savent faire des déclarations à Moscou, Tunis et même en...Irak...font un petit tour et s'en retournent se bagarrer chez eux...à Beyrouth... quelle chance nous avons, n'est-ce pas ? Irène Saïd

    Irene Said

    14 h 34, le 01 avril 2019

  • Pour nous, pauvres citoyens lambda, qui développons une certaine « ignarerie », pourquoi ne pas, des deux cotés, publier les chiffres et les faits qui nous permettent de juger. Les communiqués , stériles et insultants, par le biais des réseaux sociaux ne font que masquer la réalité et se transforment en foire d’empoigne

    C…

    13 h 03, le 01 avril 2019

  • Y a de l'électricité dans l'air........Ca sent mauvais..

    Tabet Karim

    10 h 19, le 01 avril 2019

  • la location de barges n'avait d’intérêt que pour palier a un moment très court vu le coût, l'investissement dans des vraies usines de production coûtait nettement moins cher, et ce n'est pas la peine d'avoir fait math sup pour le comprendre. Donc on peut comprendre que des doutes subsistent sur l'honnêteté de ce choix

    yves kerlidou

    09 h 09, le 01 avril 2019

  • TANT QU,IL Y A LES BARGES TURQUES COMBINE DU SIECLE CA SENT LA LATTA DE LA CORRUPTION A DES KILOMETRES. AKHADOU EL LATTA OU AKALOU EL BATTA...

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 14, le 01 avril 2019

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