Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a appelé mardi l'Exécutif à mettre sur pied une "politique gouvernementale claire" pour le retour des réfugiés syriens installés au Liban, insistant sur l'importance d'une coopération tripartite avec la communauté internationale et la Syrie, alors que la question d'une normalisation des relations avec la Syrie divise la classe politique libanaise.
"La question du retour des déplacés crée des dissensions en ce qui concerne la façon d'organiser ce retour", a souligné M. Bassil lors d'une conférence de presse tenue au siège du Parlement, où il a rencontré les députés de la commission parlementaires pour les Affaires étrangères. Il a dans ce cadre invité les responsables à "appliquer la loi libanaise et coopérer avec la communauté internationale et le gouvernement syrien, sans exclure aucune de ces parties". "Le retour des réfugiés ne peut être assuré que via une politique gouvernementale libanaise claire, dont le titre ne serait pas de +résoudre+ la question des déplacements mais d'assurer le retour des Syriens dans leur pays", a affirmé M. Bassil. Il a appelé le Conseil des ministres à "respecter tous les engagements internes et extérieurs" à ce sujet.
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Plaintes devant les instances internationales
"La commission parlementaire pour les Affaires étrangères a soutenu et recommandé une adoption de la feuille de route pour les déplacés, qui aurait dû être adoptée depuis 2015, ce qui a été empêché par des querelles politiques", a-t-il ajouté.
Le ministre a demandé à la communauté internationale de fournir des aides "pour le retour des Syriens et non pas pour qu'ils restent" au Liban. Il a prévenu que "tout projet de distribuer des aides ou des prêts" encourageant une implantation des réfugiés au pays du Cèdre ferait l'objet d'une plainte devant les instances internationales.
Le Liban accueille près d’un million de réfugiés syriens, et la question de leur retour fait polémique sur la scène politique libanaise. Certains responsables appellent à organiser le retour de ces réfugiés vers la Syrie, estimant que le pays quasi-entièrement reconquis par les forces du régime est désormais "sûr". D'autres calquent leur point de vue sur celui de la communauté internationale et appellent à un règlement politique du conflit avant d'assurer ce retour.
Dans son discours lors du 30e sommet de la Ligue arabe à Tunis, dimanche, le chef de l'Etat libanais, Michel Aoun, s'était dit "extrêmement inquiet de l'insistance de la communauté internationale à garder" les réfugiés syriens au Liban et "préoccupé quant à "l'usage du terme +retour volontaire+, et par l'insistance de la communauté internationale à lier le retour des réfugiés à une solution politique en Syrie, voire même à donner la priorité à cette solution politique, alors que nous savons tous qu'elle peut prendre un temps indéfini". "C'est à se demander si la communauté internationale n'essaye pas de +prendre en otages+ les réfugiés syriens afin de les utiliser comme moyen de pression à la fois en Syrie et au Liban pour imposer des solutions programmées ?", avait-il insisté.
La semaine dernière, à l'issue de sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine à Moscou, le président Aoun avait toutefois concédé, dans un communiqué conjoint, que le retour des réfugiés était lié à la création de "conditions favorables" en Syrie, notamment sur les plans économique et social.
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La Syrie et ses alliés pratiquent la politique de "remplacement" afin d'expédier les sunnites syriens chez tout le monde pour les remplacer par des Alaouites ou similaires. Une seule solution s'impose, le recours au Conseil de Sécurité de l'ONU dès demain matin. Winston Churchill avait dit en 1940 : Je suis prêt à coopérer avec le diable pour sauver mon pays.
Un Libanais
20 h 00, le 02 avril 2019