Le chef de la diplomatie libanaise, Gebran Bassil, s'est félicité jeudi des propos tenus la veille par son homologue américain, Mike Pomeo, devant le Congrès américain, au sujet des réfugiés syriens présents au Liban.
"J'étais au Liban où j'ai évoqué la question des près d'un million et demi de réfugiés syriens présents dans le pays aujourd'hui, et du poids qu'ils constituent pour le Liban et du risque qu'ils posent pour la démocratie de ce pays", a expliqué M. Pompeo, lors de sa première audition en tant que secrétaire d'Etat devant deux commissions de la Chambre des représentants, autour de questions relatives au budget et à d'autres dossiers d'ordre diplomatique.
"C'est le Département d'Etat qui mène les discussions concernant le moyen pour les Etats-Unis et leurs partenaires arabes et occidentaux de réaliser les conditions adéquates sur le terrain en Syrie pour le retour des réfugiés chez eux", a-t-il ajouté. "C'est ce que veulent les Libanais. Et je crois honnêtement que c'est la meilleure solution pour ces individus (les réfugiés syriens). Nous devons nous assurer que les conditions sont bonnes (...)" pour leur retour, a conclu Mike Pompeo.
Le ministre libanais des Affaires étrangères s'est félicité aujourd'hui sur Twitter de ces propos. "Le témoignage de M. Pompeo devant le Congrès au sujet des déplacés est un pas en avant qui prouve que le dialogue franc et courageux et les positions patriotiques claires sont le chemin vers l'accomplissement de l'intérêt national", a dit M. Bassil. "Le combat pour la défense de notre existence est long et difficile, mais notre volonté est forte. Le retour (des réfugiés syriens) se fera, et nous n'accepterons qu'un retour sécurisé et digne", a conclu le chef de la diplomatie libanaise.Le Liban accueille près d’un million de réfugiés syriens, et la question de leur retour fait polémique sur la scène politique libanaise. Certains responsables, notamment le chef de l'Etat Michel Aoun, ainsi que Gebran Bassil, appellent à organiser le retour de ces réfugiés vers la Syrie, estimant que le pays quasi-entièrement reconquis par les forces du régime Assad est désormais "sûr". D'autres calquent leur point de vue sur celui de la communauté internationale et appellent à un règlement politique du conflit avant d'assurer ce retour.
Hier, Gebran Bassil, qui effectuait une visite en République tchèque, a salué à Prague la ligne dure adoptée par les pays d'Europe centrale et de l'Est envers l'accueil des réfugiés sur leur sol, la qualifiant d'"inspiration" pour son pays.
Mardi, lors d'une visite officielle à Moscou, le président libanais Michel Aoun, et son homologue russe Vladimir Poutine, sont convenus d'appeler à un soutien international à l'initiative de Moscou pour le retour des populations syriennes réfugiées dans les pays voisins de la Syrie, tout en liant ce retour à la création de "conditions favorables" en Syrie, notamment sur les plans économique et social.
La Russie avait annoncé en juillet dernier, à l'issue du sommet de Helsinki qui avait réuni Vladimir Poutine et son homologue américain Donald Trump, une initiative pour un retour massif des réfugiés syriens de Liban et de Jordanie. Mais celle-ci est restée lettre morte en raison notamment de l'absence de financement.
Lors de sa visite officielle au Liban vendredi et samedi dernier, Mike Pompeo s'était focalisé sur la question du Hezbollah, tenant des propos incendiaires contre le parti chiite libanais, en affirmant qu'il déstabilise le Liban.
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commentaires (10)
"nous n'accepterons qu'un retour sécurisé et digne". C'est exactement le contraire dee ce qu'il disait il y a quelques mois, mais bah!...
Yves Prevost
07 h 41, le 29 mars 2019