Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a refusé vendredi de lier le retour des réfugiés syriens dans leur pays à d'autres considérations, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue bulgare, Ekaterina Zakharieva, à Sofia, deuxième étape d'une tournée dans des pays d'Europe de l'Est après son voyage à Moscou.
Le Liban accueille près d’un million de réfugiés syriens, et la question de leur retour fait polémique sur la scène politique libanaise. Certains responsables appellent à organiser le retour de ces réfugiés vers la Syrie, estimant que le pays quasi-entièrement reconquis par les forces du régime est désormais "sûr". D'autres calquent leur point de vue sur celui de la communauté internationale et appellent à un règlement politique du conflit avant d'assurer ce retour.
M. Bassil, tout comme le président Michel Aoun, martèlent depuis longtemps que le retour des réfugiés ne devrait pas être lié à une résolution politique du conflit syrien. Cependant, le communiqué conjoint publié mardi à l'issue de la rencontre entre le chef de l'Etat et son homologue russe, Vladimir Poutine, appelle à "l'établissement de conditions favorables, notamment socio-économiques" en Syrie avant d'envisager le retour des réfugiés, ce qui a été perçu par les experts comme une inflexion de la position libanaise.
"Personne ne peut nous empêcher de ne pas accueillir des personnes réfugiées, déplacées ou infiltrées de Syrie parce que les justifications de cet accueil n'existent plus", a encore dit M. Bassil. Après avoir accueilli près d'un million de réfugiés syriens à la suite du déclenchement du soulèvement en 2011, le Liban a imposé depuis janvier 2015 des conditions draconiennes à leur arrivée sur le sol libanais.
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"Progrès" de certains pays
Le chef de la diplomatie libanaise s'en en outre félicité des "progrès" faits par certains pays concernant la façon d'envisager le retour des réfugiés, estimant notamment que la position du secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a évolué après sa récente visite au Liban.
"Le Département d'Etat mène les discussions concernant le moyen pour les Etats-Unis et leurs partenaires arabes et occidentaux de réaliser les conditions adéquates sur le terrain en Syrie pour le retour des réfugiés chez eux, avait déclaré M. Pompeo. C'est ce que veulent les Libanais. Et je crois honnêtement que c'est la meilleure solution pour ces individus (les réfugiés syriens). Nous devons nous assurer que les conditions sont bonnes (...)" pour leur retour.
Mercredi, Gebran Bassil, qui effectuait une visite en République tchèque, avait salué à Prague la ligne dure adoptée par les pays d'Europe centrale et de l'Est envers l'accueil des réfugiés sur leur sol, la qualifiant d'"inspiration" pour son pays.
(Lire aussi : Aoun et Poutine lient le retour des réfugiés à des "conditions favorables" en Syrie)
"Pas de place pour l'occupation"
Sur un autre plan, M. Bassil a affirmé que "l'identité des fermes de Chebaa et Tilal Kfar Chouba et du village de Ghajar, est libanaise". Il a souligné que les Libanais "ont prouvé qu'ils étaient capables de faire valoir leurs droits. "L'occupation n'a pas sa place sur notre territoire", a-t-il insisté. Le ministre a encore déclaré que "le Golan occupé est et restera syrien".
Alors que le président américain, Donald Trump, a reconnu officiellement lundi la souveraineté d'Israël sur le plateau du Golan, conquis en 1967 par Israël et annexé en 1981, le Liban a émis certaines craintes quant à une nouvelle reconnaissance de territoires occupés, qui toucherait des hameaux du sud du pays.
Jusqu’ici, le droit international ne reconnaît pas la libanité des fermes de Chebaa, un secteur de 25 km2 à la frontière entre le Liban, le Golan syrien et Israël, du fait du refus des autorités syriennes de procéder à un tracé de la frontière et d’adresser les cartes et documents nécessaires aux Nations unies.
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commentaires (6)
LA DEMAGOGIE EST TRES MAUVAISE DANS LR PROBLEME DES REFUGIES SYRIENS. LA PREMIERE CONDITION QUI S,IMPOSE D,ELLE-MEME C,EST L,ACCORD DU REGIME SYRIEN A LEUR RETOUR. CE QUE N,EST PAS LE CAS. ARRETEZ LES DEMAGOGIES !
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 04, le 29 mars 2019