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À La Une - Diplomatie

Aoun et Poutine lient le retour des réfugiés à des "conditions favorables" en Syrie

La décision de Trump sur le Golan constitue "un jour noir", dénonce le chef de l'Etat libanais lors d'une visite officielle en Russie.

Le président russe Vladimir Poutine (d) recevant son homologue libanais Michel Aoun, mardi 26 mars 2019, au Kremlin, à Moscou. AFP / POOL / MAXIM SHEMETOV

Le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue libanais, Michel Aoun, qui se sont entretenus mardi au Kremlin, dans le cadre de la visite officielle de M. Aoun en Russie, sont convenus d'appeler à un soutien international à l'initiative de Moscou pour le retour des populations syriennes réfugiées dans les pays voisins de la Syrie, tout en liant ce retour à la création de "conditions favorables" en Syrie, notamment sur les plans économique et social.    

Dans un communiqué conjoint publié quelques heures après leur entretien, les deux chefs d’État ont souligné que "le terrorisme, sous toutes ses formes, constitue une grande menace pour la paix et la sécurité internationales, pour la stabilité et le développement durable dans la région et le monde". Ils ont affirmé qu'ils entendent "coopérer pour lutter contre ce mal international". Ils ont refusé "toute violation des principes de souveraineté et d'égalité entre les pays et l'utilisation d'organisations terroristes et extrémistes comme instruments permettant d'accomplir certains objectifs politiques et géopolitiques". 

En ce qui concerne la Syrie, où les forces russes sont alliées au régime de Bachar el-Assad, Michel Aoun et Vladimir Poutine ont tous deux affirmé "respecter l'indépendance, l'unité et la souveraineté" syriennes et estimé qu'il n'existe "aucune alternative à une résolution pacifique du dossier syrien". Les deux parties "sont en faveur d'une résolution par les instances politiques et diplomatiques de ce conflit", poursuit le texte du communiqué.

Les deux présidents ont en outre souligné "soutenir les efforts déployés pour mettre en œuvre l'initiative russe pour le retour des déplacés syriens, à l'intérieur et l'extérieur du pays, et assuré que la résolution de ce problème dépend de la création de conditions favorables, notamment sur les plans économique et social, ce qui implique la reconstruction du pays après le conflit". Ils ont dès lors invité la communauté internationale, l'ONU et toutes les organisations humanitaires à "fournir tout le soutien possible pour mettre en œuvre cette procédure".


"Partenaire traditionnel de longue date"
A l'issue de leur réunion, M. Poutine, cité par la présidence libanaise, a affirmé que "le Liban est un partenaire traditionnel et de longue date au Moyen-Orient". Le président Aoun a pour sa part remercié Vladimir Poutine pour "ses positions qui défendent les minorités chrétiennes d'Orient" et a dit "espérer la poursuite de l'aide" russe à ce niveau. Le chef de l’État libanais a ensuite abordé la question du Golan avec son homologue russe : La reconnaissance par les États-Unis de l'annexion du Golan par Israël "contrevient aux lois internationales et nous regrettons une telle décision" de la part du président Trump, a fait savoir le président Aoun.

M. Aoun et la délégation libanaise qui l'accompagnait ont été conviés à un déjeuner de travail avec le chef de l’État russe. Ce dernier a promis de répondre favorablement à l'invitation du président libanais à visiter le Liban.

Plus tôt en journée, Michel Aoun avait également évoqué la question du Golan à l'issue d'un entretien avec le président de la Douma, Viatcheslav Volodyne. "La décision du président américain d'accorder à Israël le droit d'annexer le Golan représente un jour noir auquel assiste le monde et constitue un acte arbitraire en contradiction avec la légalité internationale qui réglemente les questions de frontières entre Etats", a déclaré le président Aoun.

La Syrie, son allié russe ainsi que plusieurs États arabes ont rejeté lundi la décision des États-Unis de reconnaître la "souveraineté" d'Israël sur la partie occupée du Golan syrien, Damas qualifiant les États-Unis de "premier ennemi des Arabes". Israël a conquis une grande partie du Golan syrien (1.200 km2) lors de la guerre israélo-arabe de 1967, avant de l'annexer en 1981. Cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale.


(Lire aussi : Bassil à Russia Today : Il y a un désaccord entre nous et Washington au sujet du Hezbollah)



"Une nouvelle étape"
Le président Aoun a par ailleurs indiqué, à l'issue de l'entretien avec le président de la Douma, que sa visite en Russie constituait "une nouvelle étape dans les relations libano-russes, qui renforce la coopération et l'amitié entre les deux pays".

Évoquant la présence des réfugiés syriens au Liban, il a estimé qu'il est "dans l'intérêt de l'Europe de régler le problème des déplacés, car la situation économique difficile au Liban va pousser ces déplacés à trouver des pays d'accueil alternatifs, et leur première destination sera l'Europe".

Le dossier des réfugiés syriens est au centre des discussions entre les deux pays, le Liban accueillant plus d'un million de déplacés depuis le début du conflit en Syrie en 2011. La Russie avait annoncé en juillet dernier, à l'issue du sommet de Helsinki qui avait réuni Vladimir Poutine et son homologue américain Donald Trump, une initiative pour un retour massif des réfugiés syriens de Liban et de Jordanie. Mais celle-ci est restée lettre morte en raison notamment de l'absence de financement.

Pour sa part, le président de la Douma, cité par la présidence libanaise, a exprimé sa volonté de coopérer avec les parlementaires libanais et leur a adressé une invitation par le biais du président Aoun pour participer à la conférence internationale sur le développement qui se tiendra à Moscou en septembre.



(Commentaire : Le Liban, nouveau banc d’essai des ambitions régionales russes)



Michel Aoun s'est également entretenu avec le président de la compagnie pétrolière semi-publique russe Rosneft, Igor Sechin et a évoqué avec lui la réhabilitation en cours, menée par son entreprise, de l'infrastructure pétrolière à Tripoli, au Liban-Nord.
En janvier, le ministère libanais de l'Énergie avait signé un contrat de vingt ans avec Rosneft pour la réhabilitation, l’expansion et l’exploitation des réservoirs de carburants à Tripoli.

Avant son entretien avec M. Volodyne, le président Aoun a déposé une gerbe sur la tombe du soldat inconnu à Moscou. Le chef de l'Etat est notamment accompagné durant son séjour du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil.



AFP / POOL / MAXIM SHEMETOV


Lundi, le président Aoun avait rencontré une délégation d'hommes d'affaires russes et affirmé durant ses entretiens que le Liban avait "un rôle clé" dans la reconstruction de la Syrie. Les hommes d'affaires russes ont fait savoir qu'ils étaient "prêts à contribuer au plan de développement économique du Liban, en participant à plusieurs projets économiques mis en place par le gouvernement libanais, notamment dans les domaines de l'énergie, du pétrole, du gaz, de l'eau, de la reconstruction et des infrastructures".

M. Aoun avait conclu sa journée par une rencontre avec des Libanais installés en Russie.  Il a promis d'œuvrer au "renforcement des liens entre la diaspora libanaise et le Liban".

Le voyage officiel du président libanais en Russie intervient quelques jours après la visite au Liban du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, qui a depuis Beyrouth tenu des propos incendiaires contre le Hezbollah.


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Le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue libanais, Michel Aoun, qui se sont entretenus mardi au Kremlin, dans le cadre de la visite officielle de M. Aoun en Russie, sont convenus d'appeler à un soutien international à l'initiative de Moscou pour le retour des populations syriennes réfugiées dans les pays voisins de la Syrie, tout en liant ce retour à la création de...

commentaires (16)

Aoun et Poutine lient le retour des réfugiés à des "conditions favorables" en Syrie. L'ensemble de la communauté internationale n'a jamais dit autre chose. Alors, pourquoi les différents coups de gueule de notre (trop) bouillant ministre des AE?

Yves Prevost

07 h 50, le 27 mars 2019

Tous les commentaires

Commentaires (16)

  • Aoun et Poutine lient le retour des réfugiés à des "conditions favorables" en Syrie. L'ensemble de la communauté internationale n'a jamais dit autre chose. Alors, pourquoi les différents coups de gueule de notre (trop) bouillant ministre des AE?

    Yves Prevost

    07 h 50, le 27 mars 2019

  • pour le retour des populations syriennes réfugiées dans les pays voisins de la Syrie, tout en liant ce retour à la création de "conditions favorables" en Syrie, notamment sur les plans économique et social. TOUT LE CONTRAIRE DE CE QUE LE PRESIDENT A ETE CHERCHE A MOSCOU. J'ESPERE QUE LE GENDRE NE PARLERA PAS DE VICTOIRE POUR LE LIBAN DANS SES ENTRETIENS AVEC LES RUSSES SUR LES REFUGIES ILS ETAIENT PARTI POUR PRINCIPALEMENT TROUVER UNE AIDE POUR LE RETOUR RAPIDE EN SYRIE DES REFUGIES , ILS ONT RECU LA REPONSE QUE L'OCCIDENT LEUR AVAIT DONNE DEJA ET QU'ILS REFUSAIENT: ATTENDRE ATTENDRE ET ENCORE ATTENDRE MALHEUREUSEMENT

    LA VERITE

    00 h 38, le 27 mars 2019

  • Golan Solan Nolan ne nous intéresse pas, l'important est que les russes ont déclaré, et le président à accepter, d'attendre que des conditions favorables se présentent pour le retour des réfugiés. Wow! Attendre quoi exactement? Que l'économie du Liban s'écroule complètent pour qu'on finisse par se loger dans les camps des réfugiés? Ou que le régime syrien distribue des barazik quotidiens aux réfugiés et les amène à ses frais en Syrie dans des limousines made in Iran, quoi exactement? Qu'on signe la paix avec les USA et le Zimbabwe et qu'on renvoie Israël dans le désert du Sinaï pour 40 ans à se régaler de mann et salwa!? Et ntor ya kdish ta yinbout marijuana!

    Wlek Sanferlou

    22 h 55, le 26 mars 2019

  • C'est excellent que le Liban change de curseur. Les nouveaux maîtres du monde seront là Russie et la Chine. L'olj n'a pas pipé un mot sur la visite de Xi jin ping en France. Pourtant on y voit un étalage de la puissance économique et un respect de l'Europe.

    FRIK-A-FRAK

    22 h 48, le 26 mars 2019

  • Poutine a l'air de bien rigoler.

    Christine KHALIL

    20 h 31, le 26 mars 2019

  • Chacun voit midi à sa porte. Le Liban qui voit un mirador israëlien dans l'occupation des collines de Kfarchouba, seul territoire libanais occupé par Israël, souhaite que l'ONU et le Conseil de Sécurité prennent une décision afin qu'il soit rendu à notre pays. Aujourd'hui, des instruments modernes voient un homme marcher sur la Lune, par conséquent n'importe quel pays verrait venir ses envahisseurs sans avoir un mirador à sa frontière. L'occupation de Kfarchouba était un jour noir, son évacuation serait un jour rouge, blanc et vert.

    Un Libanais

    18 h 18, le 26 mars 2019

  • AU LIEU DE SE CONCENTRER SUR LES REFORMES POUR ESSAYER DE SAUVER LE PAYS DE L,ABYSSE OU NOS ABRUTIS L,ONT MIS ON PERD SON TEMPS PAR DES VOYAGES DANS DES PAYS QUI ONT EUX PLUS BESOIN ECONOMIQUEMENT QUE LE LIBAN D,ETRE SAUVES ET PARTANT NE PEUVENT RIEN NOUS OFFRIR DE CONCRET DANS CE DOMAINE. LA EUSSIE SANS LES OCCIDENTAUX ET LES PAYS ARABES NE PEUT RIEN DECIDER NI ENTREPRENDRE SEULE POUR LE RAPATRIEMENT DES REFUGIES SYRIENS. SURTOUT RIEN FINANCER. ESPERONS QUAND MEME QUE CETTE VISITE APPORTERA QUELQUE CHOSE SI MAIGRE SOIT-IL DE POSITIF AU PAYS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 40, le 26 mars 2019

  • Oui les syriens n’ont rien fait pour le golan tout comme vous ne faites rien pour chebaa et c’est bien pour ça qu’il s’agit d’un jour noir. Il est encore plus noir pour nous chiites du liban qu’il ne l’est pour vous puisque encore une fois c’est nous qui allons payer le prix de l’irresponsabilité des autres composantes du pays avec qui on se partage le pouvoir le jour ou israel tentera d’avancer ses pions en territoire libanais (le golan est un precedent qui ouvre la voie à d’autre annexations)

    Chady

    16 h 18, le 26 mars 2019

  • SOYONS SERIEUX UNE MINUTE APRES LA GUERRE DE 1914=1918 LA TURQUIE A ETE DEFAITE ELLE A PAR CONSEQUENT PERDU TOUS LES TERRITOIRES QU'ELLE CONTROLAIT LES GAGNANTS ONT REGNE SUR CE TERRITOIRE PUIS DURANT OU APRES LA GUERRE DE 1938-1944 LES FORCES OCCUPANTES ONT REDIVISE LE TERRITOIRE EN PLUSIEURS ETAT ( LIBAN SYRIE JORDANIE ISRAEL ETC.. ) MORALITE QUAND ON FAIT LA GUERRE ET ON LA PERD , ON PERD DES TERRITOIRES POURQUOI DONC TOUT CE TAPAGE AUTOUR DU GOLAN ET MEME ENTRE ISRAEL ET LA PALESTINE , LA JORDANIE A QUI REVENAIT DANS LA DIVISION LES REGIONS DE PALESTINE ACTUELLE AYANT PERDU LA GUERRE DE 1948 PUIS DE 1967 L'ONT PERDU CELA NE VEUT PAS DIRE QUE C'EST FONCIEREMENT CORRECT MAIS LA REALITE DU MONDE EST TEL QUE POURSUIVRE DES GUERRES MEURTRIERES POUR REPRENDRE PAR LA FORCE CE QU'ON A PERDU EST UNIQUEMENT VALABLE QUAND VOUS PENSEZ POUVOIR GAGNER A FAIRE UNE NOUVELLE GUERRE ET LA PERDRE ENCORE RISQUE DE FAIRE PERDRE ENCORE PLUS DE TERRITOIRES

    LA VERITE

    16 h 15, le 26 mars 2019

  • La sagesse (même élémentaire) veut que nous soyons attentifs à ce qu'il se passe autour de nous, car ce qui touche le monde arabe (le Golan en fait partie), nous touche aussi, que l'on veuille ou pas. Même ce qui se passe en Israël nous concerne aussi, puisque nous vivons dans un monde de plus en plus globalisé. Le président Aoun, n'a certainement pas fait que cette déclaration ...et il a surement travaillé avec les dirigeants russes sur plusieurs aspects relevant de l'économie, du pétrole en mer, de la sécurité et d'autres points importants nous reliant avec ce pays. Il en est de même avec les dirigeants occidentaux. Mais le Golan qui fait parler de lui partout dans les médias du monde, fallait-il que notre président s'empêche d'en parler ? Je ne pense pas.

    Sarkis Serge Tateossian

    16 h 08, le 26 mars 2019

  • un jour noir pour qui? surement pas pour le Liban La Syrie n'a rien fait en plus de 50 ans pour le recuperer alors nous devons etre plus royaliste que le roi evidement Nous n'avons rien a faire dans cette histoire le Liban a assez paye par l'occupation Syrienne pour ne pas pleurer sur le sort du Golan

    LA VERITE

    15 h 52, le 26 mars 2019

  • ON L'A ENVOYÉ POUR DÉFENDRE LE DROIT DE LA SYRIE ? IL JOUE BIEN SON RÔLE, C'EST LA RAISON QU'ON L'A MIS SUR CETTE CHAISE DE MALHEUR.

    Gebran Eid

    15 h 52, le 26 mars 2019

  • C est une très mauvaise nouvelle pour toute la région. Le droit normalement prime sur la force. Un peuple qui en opprime un autre n'est pas libre. Mes amitiés a tous les libanais.

    VIARD Philippe

    15 h 39, le 26 mars 2019

  • Et quand la Syrie occupait notre pays, le Liban, il n'y a pas si longtemps de cela, de quelle couleur étaient les jours ? Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 06, le 26 mars 2019

  • En 50 ans d'occupation "ils" n'ont même pas bougé leur auriculaire pour essayer de récupérer ne fût-ce qu'un pouce de ce territoire ... !!!???!!!

    Remy Martin

    14 h 26, le 26 mars 2019

  • Ah oui alors, c'est bien le premier de nos soucis!

    Christine KHALIL

    13 h 32, le 26 mars 2019

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