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À La Une - crises alimentaires

Au Liban, plus de 90% des familles de réfugiés syriens en état d'insécurité alimentaire, selon l'ONU

En 2018, plus de 113 millions de personnes dans 53 pays étaient au bord de la famine.

Une réfugiée syrienne avec ses deux enfants devant une tente dans un camp de réfugiés syriens à Marjeyoun, au Liban-Sud, le 16 novembre 2017. Photo d'archives REUTERS/Ali Hashisho

Plus de 90% des familles syriennes réfugiées au Liban se trouvent dans une situation d'insécurité alimentaire. C'est ce qu'indique un rapport mondial publié par plusieurs agences de l'ONU et des bailleurs de fonds internationaux, qui préviennent que les chocs climatiques et les conflits, comme la guerre en Syrie, resteront les premières causes des crises alimentaires dans le monde en 2019. 

Sur base de chiffres collectés lors d'une enquête menée en 2017, le rapport de l'ONU souligne que 91% des familles de ressortissants syriens souffrent, à différents degrés, d'insécurité alimentaire, 53% étant dans une situation d'insécurité "légère", 36% dans une situation "modérée", et 2% souffrant d'insécurité alimentaire "sévère", des chiffres qui augmentent dans certaines régions du pays comme le Akkar (Liban-Nord) et à Jezzine (Liban-Sud). Le rapport souligne qu'au moment de l'enquête, les trois quarts des familles syriennes au Liban avaient souffert de manque de nourriture ou d'argent permettant d'en acheter et 96% de ces familles avaient mis en place des stratégies pour lutter contre la faim, en passant par exemple plusieurs jours sans manger ou, dans certains cas, les membres féminins de la famille mangeant moins que d'autres. 

Le Liban accueille, selon les chiffres du Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU, un peu plus de 970.000 réfugiés syriens, officiellement inscrits sur les registres onusiens. Les trois quarts de ces réfugiés vivent sous le seuil de la pauvreté.  Alors que leur retour en Syrie fait désormais partie du discours de toutes les formations politiques, ces dernières s'écharpent sur la nécessité de coopérer ou pas avec le régime de Bachar el-Assad pour assurer ce retour. La communauté internationale, elle, appelle à un règlement politique du conflit avant d'assurer le retour des réfugiés.



(Lire aussi : Pollution du Litani : évacuation de réfugiés syriens d'une localité du Liban-Sud)



Afrique, Afghanistan, Yémen et Syrie
En 2018, plus de 113 millions de personnes dans 53 pays étaient au bord de la famine, particulièrement en Afrique, indique en outre le rapport publié à Bruxelles en prélude à une réunion d'experts de haut niveau sur le sujet. Le Yémen, la République démocratique du Congo, l'Afghanistan, l'Ethiopie, la Syrie, le Soudan, Soudan du sud, et la partie nord du Nigéria étaient les huit pays les plus touchés par une malnutrition aiguë, selon le rapport, qui étudie en détail chaque année depuis trois ans la cinquantaine de pays qui peinent le plus à nourrir leur population.

L'Afrique est affectée de manière "disproportionnée" par la faim aiguë, avec près de 72 millions de personnes concernées, a déclaré à l'AFP Dominique Burgeon, chef des urgences de l'Agence des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, FAO, au cours d'un entretien téléphonique.

"Jusqu'à 80% des populations" des pays au bord de la famine "dépendent de l'agriculture" a-t-il dit. "Il faut leur apporter à la fois une aide humanitaire d'urgence pour se nourrir et des moyens d'existence en relançant l'agriculture" et la production d'aliments, selon lui.


(Lire aussi : Bassil refuse de conditionner le retour des réfugiés syriens)



Fragilité des pays voisins des conflits

Pour 2019, le rapport alerte notamment sur la situation des pays voisins de conflits, qui accueillent massivement des réfugiés, et se retrouvent à leur tour en fragilité alimentaire. "En particulier en Egypte, en Jordanie, au Liban et en Turquie où sont accueillis des réfugiés syriens, au Bangladesh où arrivent des Rohingya venus du Myanmar, en Ouganda qui héberge des réfugiés du Soudan du sud et de la République démocratique du Congo, au Cameroun et au Burundi où parviennent les réfugiés de République centrafricaine et de RD Congo, en Colombie, en Equateur et au Pérou où affluent les migrants vénézuéliens" indique le rapport, en citant aussi "les pays autour du lac Tchad en Afrique où se réfugient "les populations chassées par les violences liées à Boko Haram".

En Irak et Syrie, deux pays ayant souffert de sévères sécheresses, la situation a empiré en 2018, les conditions climatiques ayant annulé la résilience dont avaient fait preuve les agriculteurs syriens pendant les huit ans de conflit, selon M. Burgeon.

La production syrienne de blé a ainsi "massivement" chuté l'an passé, à 1,2 million de tonnes, alors qu'elle s'élevait en moyenne à 4,1 MT de 2002 à 2011, avant le conflit: "C'est la production la plus basse depuis 30 ans (1989)" a souligné M. Burgeon, qui souhaite une aide au secteur "semencier" dans ce pays, autrefois grenier à blé du Moyen-Orient.



"Afghanistan : vendre ses bœufs pour se nourrir"
En Afghanistan, l'insécurité alimentaire a également empiré après avoir connu la même sécheresse, souligne l'expert. "Dans la région d'Hérat, j'ai rencontré des familles d'agriculteurs obligées de vendre leurs bœufs, utilisés pour le labour, afin de se nourrir : c'est le summum de la vulnérabilité alimentaire quand il n'y a plus de semence et plus de moyen de cultiver. Il faut les aider à diversifier leurs sources de revenus, en développant par exemple la production de safran", a-t-il dit.

Le Venezuela, pour lequel les données fiables manquaient jusqu'à présent, devrait être déclaré en état de crise alimentaire en 2019, estime M. Burgeon en se disant "préoccupé" par la hausse "importante et significative" de la pauvreté dans ce pays frappé par une émigration massive.

Le rapport prévoit pour 2019 une augmentation de l'insécurité alimentaire à Haïti, l'Etat le plus pauvre du continent américain, en état de "vulnérabilité chronique", selon M. Burgeon.

En Amérique Centrale, le rapport pointe du doigt les risques pesant sur le "corridor sec": Guatemala, Honduras, Salvador et Nicaragua, ainsi que l'ouest du Costa Rica et du Panama. Dans cette zone, affectée par le changement climatique et le phénomène El Niño, 45 millions d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Outre la FAO, le réseau d'information sur la sécurité alimentaire (FSIN) qui a rédigé le rapport comprend d'autres agences de l'Onu, comme l'Unicef ou le Programme alimentaire mondial (Pam), l'Union européenne, l'agence américaine pour le développement USAid, ainsi que des comités régionaux comme le comité permanent de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS).


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commentaires (3)

QUE L,ONU S,EN OCCUPE ET CHARGE LA FACTURE AU REGIME DE DAMAS !

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 34, le 02 avril 2019

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Commentaires (3)

  • QUE L,ONU S,EN OCCUPE ET CHARGE LA FACTURE AU REGIME DE DAMAS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 34, le 02 avril 2019

  • Merci à la coalition internationale de venir les secourir et les ramener chez eux, eu égard au bordel qu'ils ont organisé en armant, soutenant et exonérant les uns et les autres au gré de leurs intérêts respectifs.

    Christine KHALIL

    16 h 38, le 02 avril 2019

  • D'un côté l'ONU fait tout pour empêcher les réfugiés syries de rentrer chez eux en Syrie, de l'autre elle nous alerte sur "l'insécurité alimentaire" de ces derniers chez nous... ONU !!! faudrait savoir ce que vous voulez ! Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 49, le 02 avril 2019

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