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Liban - Sécurité

Coopération franco-libanaise contre les menaces terroristes chimiques ou biologiques

Lors d’un colloque, hier au Grand Sérail, responsables et experts français et libanais ont discuté de la gestion sûre de matières dangereuses.

Au Grand Sérail hier, MM. Bolot et Foucher, Mme Tabch et M. Nsouli, sur la tribune.

NRBC, des initiales pour désigner quatre catégories d’agents qui, s’ils sont manipulés de manière peu sûre ou s’ils tombent dans de mauvaises mains, représentent un danger mortel : nucléaires, radioactifs, biologiques et chimiques. Des termes qui font froid dans le dos, surtout quand la menace terroriste impliquant l’utilisation de l’un de ces agents semble être une réalité à prendre sérieusement en compte. C’est sur ce sujet sensible qu’a porté hier un colloque organisé au Grand Sérail pour des responsables et des experts français et libanais, dans le cadre d’une collaboration continue entre le Liban et la France, en vue d’élaborer une feuille de route de la coordination interministérielle sur les NRBC.

Le colloque était placé sous le parrainage du Premier ministre Saad Hariri, représenté par la députée Roula Tabch, et en présence de l’ambassadeur de France Bruno Foucher, du préfet Pascal Bolot, directeur de la protection et de la sécurité d’État en France, et du directeur du Centre d’énergie atomique du Conseil national de la recherche scientifique, Bilal Nsouli, représentant la Commission nationale sur l’application des conventions concernant les NRBC et la lutte contre les armes de destruction massive.

L’objectif d’une telle réunion est de renforcer la résilience des deux pays face au renforcement de la menace terroriste qui utiliserait l’un des agents NRBC, a résumé M. Bolot. Et cette menace « bien réelle » est confortée par de nombreux indices qui montrent l’intérêt de groupes tels qu’el-Qaëda ou l’État islamique dans de telles technologies, dont l’accès est facilité par la documentation volumineuse sur internet, a-t-il ajouté. La défaite de l’EI, a-t-il estimé, ne devait que mettre les États davantage sur leurs gardes, et les pousser à développer une capacité de riposte allant de la vigilance à la mise en place de mesures préventives, en passant par la préparation proprement dite (notamment l’élaboration d’un plan et d’une stratégie et la recherche sur des contre-agents dans le domaine médical) ou encore la réactivité en cas d’attaque, pour protéger la population le plus efficacement et le plus rapidement possible.

M. Foucher a précisé, dans son intervention, que la coopération entre la France et le Liban s’est « considérablement renforcée depuis 2017, à la demande des autorités libanaises ». Il a souligné qu’il s’agissait d’un échange des expertises françaises en matière de gestion de crise, d’un renforcement « des liens d’amitié dans ce domaine » et d’une expertise française dans le cadre d’un projet européen. « Il s’agit là, sur trois ans, de plus de 600 000 euros pour le renforcement capacitaire des acteurs de la défense civile, indique M. Foucher. Dans le cadre du projet que nous menons et outre ces sommes croissantes allouées à la coopération, nous devrions fournir pour la période 2019-2020 plus de 69 experts NRBC au profit des Forces de sécurité intérieure, de la Défense civile, des gardes gouvernementaux et des pompiers de Beyrouth. »


(Pour mémoire : L’ambassade de France relance la coopération franco-libanaise pour la recherche scientifique)


« Il faut rester réactif »

Interrogé par L’Orient-Le Jour sur le fait de savoir si les utilisations civiles de ces agents allaient également être abordées au cours du colloque, M. Bolot a souligné qu’« il peut y avoir des usages impliquant l’un ou l’autre de ces agents, notamment dans le milieu médical, pouvant entraîner un certain nombre de blessures et de dégâts ». « Là, a-t-il poursuivi, il s’agit du contrôle des appareils radiologiques, dont on doit connaître la provenance, l’usage et le contrôle du bon état de marche. Cela suppose d’avoir les bons moyens de les recenser, et d’avoir des équipes capables de contrôler sur place ce type de matériel. En France, nous avons un système d’alerte et de veille où les hiérarchies doivent signaler tout dysfonctionnement aux autorités compétentes. »

Concernant sa vision de l’échange d’expérience entre la France et le Liban, le préfet a affirmé qu’« il s’agit d’une expérience croisée ». « Ce que nous essaierons de partager avec nos homologues libanais est l’organisation interministérielle (telle que pratiquée en France), c’est-à-dire comment nous faisons travailler ensemble, depuis plusieurs années, des ministères qui n’ont pas forcément les mêmes objectifs, dans l’objectif commun de répondre à une menace non conventionnelle liée à ces matières dangereuses. »

M. Bolot a souligné que le travail dans ce domaine n’est jamais terminé et peut toujours être amélioré « étant donné la capacité d’invention de l’ennemi qui peut toujours surprendre ; il faut rester réactif et trouver une bonne capacité d’anticipation au-delà de la capacité de réponse immédiate ».

Un rapport sur la prestation du Liban

Pour sa part, Bilal Nsouli précise à L’OLJ que la coopération avec la France a commencé il y a deux ans et demi, avec l’envoi d’experts français au Liban, « une coopération sérieuse et efficace ». Ces experts passent des semaines avec l’armée, les forces de l’ordre ou encore la commission spécialisée dans le sujet au Sérail, en vue d’organiser la coopération interministérielle. « Depuis plusieurs mois, nous avons œuvré pour cette rencontre entre interlocuteurs français et libanais, autour de tables rondes sur les sujets prioritaires, poursuit-il. Une feuille de route devrait en résulter, en vue de la coopération future. »

« Même si nous avons créé une commission chargée de ce sujet, les Français partagent avec nous une expérience qui peut nous aider à déterminer les rôles et les responsabilités des différentes parties concernées par ce problème, affirme-t-il. Et ce sujet prend de l’ampleur. Il n’y a qu’à lire les rapports d’Interpol pour se rendre compte qu’il y a des dizaines de tentatives d’actes terroristes avec utilisation de l’un de ces agents dangereux dans le monde chaque année. »

M. Nsouli précise que le sujet du terrorisme est primordial dans cette rencontre, mais aussi l’utilisation « sûre et transparente » de ces matières dans les domaines civils, comme le milieu hospitalier. « Il est important de s’assurer que ces matières destinées à un usage civil ne tombent pas entre les mains de ceux qui en feraient un usage illégal, poursuit-il. À titre d’exemple, notre action de contrôle des matières radioactives (dans la ferraillerie importée par exemple) se fait sous la supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique, et en ce qui concerne les matières chimiques, nous collaborons avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Nous respectons les standards internationaux sur toute la ligne. »

Mme Tabch a elle aussi insisté sur ce point, assurant dans son mot que « le Liban respecte toutes les conventions et les accords mondiaux sur les utilisations pacifiques et sécuritaires des matières chimiques, biologiques ou radioactives ». Elle a souligné que la décision même de créer une commission interministérielle spécialisée de la part du Premier ministre dénote « une vision stratégique » sur le sujet, et conforte « l’engagement et le rôle du Liban dans la lutte antiterroriste ». La députée a en outre ajouté qu’il faut moderniser le cadre législatif et promis de proposer plusieurs lois portant sur le domaine.

M. Nsouli confirme à L’OLJ qu’une mission exploratoire sur la protection matérielle des sites employant des matières radioactives (usines, hôpitaux, centres de recherche…) a été effectuée récemment avec l’AIEA. « La dernière avait été faite en 2006, dit-il. La différence entre 2006 et 2019 est notoire, du fait que nous travaillons sur cela depuis quinze ans. » Ce rapport terminé en février avait, rappelons-le, noté plusieurs progrès effectués par le Liban, ainsi que des recommandations pour une amélioration de l’action, qui ont été prises en compte dans le plan d’action de la commission.


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commentaires (2)

UNE NECESSITE ! ET UNE PREMIERE !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 02, le 20 mars 2019

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • UNE NECESSITE ! ET UNE PREMIERE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 02, le 20 mars 2019

  • Une avancée en matière de sécurité et de technique de reconnaissance des matières dangereuses. Bravo

    Sarkis Serge Tateossian

    10 h 16, le 20 mars 2019

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