Le chef du gouvernement libanais Saad Hariri a affirmé mardi, depuis le palais de Baabda, que "c'est le Premier ministre qui représente le Liban" à la conférence de Bruxelles III qui s'est ouverte dans la journée, suite à la protestation du ministre d’État des Affaires des Réfugiés, Saleh Gharib, qui n'y a pas été convié.
"Le Premier ministre représente le Liban. Il y a beaucoup de remue-ménage sur ce sujet", a-t-il affirmé à l'issue d'un entretien avec le président Michel Aoun.
"A Bruxelles, je vais discuter du développement de la position du Liban sur le retour des réfugiés syriens", a déclaré le Premier ministre lors d'un point presse. "Nous aurons une vraie opportunité de parler avec les responsables concernés dans ce dossier", a-t-il ajouté. "Nous allons à Bruxelles car nous souhaitons que les réfugiés syriens reviennent dans leur pays mais il y a une réalité avec laquelle nous devons traiter. Ils sont présents chez nous. Il faut les aider et aider ceux qui les accueillent", a affirmé M. Hariri.
La conférence de Bruxelles III de "Soutien à l’avenir de la Syrie et de la région" organisée conjointement par l'UE et l'ONU s'est ouverte dans la journée et s'étalera sur trois jours. M. Hariri doit s'exprimer jeudi.
Auparavant dans la journée, le président Aoun avait demandé à la France et à l'Union européenne d'aider le Liban à faire rapatrier les réfugiés syriens installés sur son sol.
"Nous aimerions que la France et l'Europe nous aident à faire rentrer chez eux les déplacés, d'autant que les rapports qui nous parviennent indiquent que ceux qui sont revenus chez eux vivent dans des conditions rassurantes", a déclaré le chef de l’État qui recevait à Baabda une délégation de députés français. "L'expérience des années 1970 a consolidé dans l'esprit des Libanais l'importance du dialogue et contribué à éloigner le Liban de l'embrasement régional", a-t-il ajouté.
Le Liban accueille près d’un million de réfugiés syriens, et la question de leur retour divise les responsables libanais, certains dont le président Aoun appelant à organiser leur retour sans tarder, estimant que le pays quasi-entièrement reconquis par les forces du régime est désormais "sûr". D'autres responsables calquent leur point de vue sur celui de la communauté internationale et appellent à un règlement politique du conflit avant d'assurer ce retour.
C'est le cas des Forces libanaises qui sont représentées au sein du gouvernement du Premier ministre Saad Hariri. "Il n'y a toujours pas de politique commune sur ce dossier, mais des feuilles de route, des idées et des approches différentes", a estimé le vice-Premier ministre Ghassan Hasbani (FL) ."Certaines parties estiment que la communauté internationale n'est pas un facilitateur car, selon elles, cette dernière n'aide pas le Liban à mettre en place des mécanismes opérationnels en faveur d'un retour volontaire. D'autres estiment que la communauté internationale constitue une couverture pour toutes les solutions envisageables", a-t-il déclaré. "D'autres encore affirment leur attachement à un dialogue avec le régime syrien, alors que la plupart des réfugiés encore présents ont peur de revenir", a-t-il poursuivi.
La tenue de la conférence de Bruxelles III a accentué les divisions, surtout que le ministre d’État pour les Affaires des réfugiés Saleh Gharib (un druze prosyrien) a exprimé son mécontentement de ne pas avoir été invité à la cette conférence. Il pourrait cependant y être convié à la dernière minute. "Les invitations adressées à plusieurs ministres libanais pour participer à la conférence de Bruxelles ont été lancées par la communauté internationale", a déclaré M. Hasbani. M. Hariri doit présider la délégation libanaise, alors que les ministres de l’Éducation, Akram Chehayeb (PSP), et des Affaires sociales, Richard Kouyoumjian (FL), ont été invités par l'UE pour participer à des réunions préparatoires.
M. Kouyoumjian a indiqué sur Twitter qu'il se trouvait à Bruxelles "pour le Liban et pour confirmer la présence de ce pays sur les scènes européenne et internationale". "L'intérêt supérieur du Liban est notre obsession. Le retour des déplacés syriens dans leur pays et l'aide aux hôtes libanais de ces déplacés sont nos priorités", a ajouté le ministre. "Que les porte-voix du régime syrien et de ses alliés se taisent. Si le régime syrien voulait vraiment le retour des déplacés, ils seraient rentrés en quelques semaines", a-t-il conclu.
"On va pousser le plus possible pour obtenir de l’aide pour Liban, en tant que communautés hôtes car toutes nos infrastructures sont affectées par la présence des déplacés syriens : nos écoles, nos hôpitaux, nos infrastructures électriques et hydrauliques. Nous allons demander du soutien", a déclaré M. Kouyoumjian à notre envoyée spéciale à Bruxelles, Anne Ilcinkas.
"Nous voulons aussi demander à la communauté internationale d’accentuer sa pression sur le régime syrien pour qu’il facilite leur retour. Le régime syrien peut prendre certaines mesures, s’il veut leur retour, il doit montrer sa bonne volonté", a ajouté le ministre libanais. "Même la communauté internationale, les Nations unies, sont prêtes à aider les Syriens à l’intérieur de la Syrie. Pourquoi le régime syrien ne commence-t-il pas à leur montrer que les déplacés qui retournent en Syrie ne seront pas affectés, mis en prison, torturés? Le régime doit le faire pour faciliter leur retour. Le retour des Syriens est une matière de surenchère politique maintenant au Liban. C'est au gouvernement libanais de mette ce dossier sur la table et pas aux partis politiques", a-t-il dit.
Saad Hariri doit s'exprimer jeudi au cours de la réunion des ministres des Affaires étrangères dans le cadre de cette conférence, alors que des réunions préparatoires se tiennent mardi et mercredi. La réunion a pour objectif d’apporter des réponses à la crise des réfugiés syriens, notamment en matière d’éducation, de protection, de santé, de moyens de subsistance et de transparence dans la répartition des aides. "Le Premier ministre va représenter l'ensemble des Libanais lors de la conférence et présenter la politique générale du Liban sur le dossier" des réfugiés syriens, a déclaré M. Hasbani.
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commentaires (16)
Fais comme tu le sens Saad , mais fais de sorte que ces réfugiés victimes de la lâche agression sur leur pays rentrent chez eux sous la gouvernance du HÉROS BASHAR EL ASSAD. Sinon tu perds ton temps et celui du Liban. Celui des vrais partisans du LIBAN D'ABORD.
FRIK-A-FRAK
23 h 16, le 12 mars 2019