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Liban - Nations unies

Paris et Berlin veulent « maintenir l’unité du Conseil de sécurité » sur le dossier libanais

Les ambassadeurs Delattre (à g.) et Heusgen lors de leur point de presse commun aux Nations unies. Photo S.Z.

La France et l’Allemagne, qui pour la première fois dans l’histoire des Nations unies assureront les présidences « jumelées » du Conseil de sécurité en mars et en avril, entendent maintenir l’unité de ce Conseil de sécurité sur le dossier libanais en général, et sur la question du Hezbollah en particulier.

Interrogé par L’Orient-Le Jour sur le point de savoir si Paris, Berlin et Bruxelles comptent s’aligner sur la décision de Londres d’inscrire, comme Washington, le Hezbollah sur la liste des groupes terroristes, l’ambassadeur de France au Palais de Verre, François Delattre, a rappelé la position « bien connue et exprimée à de nombreuses reprises par nos plus hautes autorités ». Rappelons que le président Macron avait indiqué en février dernier que la France faisait un « distinguo » entre l’aile militaire du Hezbollah et son bras politique. Cette distinction « permet d’éviter que le Liban ne soit en quelque sorte le théâtre importé des conflits régionaux. Il n’appartient pas à la France ou à d’autres puissances extérieures de savoir quelle force politique représentée au Liban serait bonne ou non. C’est au peuple libanais de le faire ». M. Macron fait référence à la politique de distanciation à l’égard des conflits régionaux prônée par le gouvernement libanais.

Et François Delattre affirme ainsi que l’un des objectifs « centraux » de la France, « à la fois comme ami du Liban et comme plume sur le dossier libanais, c’est de maintenir l’unité du Conseil de sécurité sur ce sujet. C’est l’une des boussoles qui guident notre action ici à New York. Et le fait est qu’au cours des dernières années, nous avons pu obtenir des expressions unanimes du Conseil de sécurité à plusieurs reprises… », a-t-il rappelé.

L’ambassadeur d’Allemagne Christoph Heusgen rappelle à son tour l’importance de la présence allemande au Liban. « Le second contingent en nombre de soldats à la Finul est allemand. Nous avons une composante maritime et, de ce fait, nous suivons évidemment les développements de très près », note-t-il. « La décision de souscrire le bras politique du Hezbollah doit être, bien sûr, mûrement réfléchie. Je veux dire que nous n’avons pas d’illusions sur son armement, mais en même temps, nous devons et nous voulons travailler avec le gouvernement. Cela doit être bien réfléchi. Ce sont des décisions qui doivent être prises au niveau de l’Union européenne et de la France », soutient-il.


(Lire aussi : Le Conseil de sécurité appelle les partis libanais à ne pas soutenir les conflits externes)


Le ministère de la Santé
Le Liban sera au centre des discussions au Conseil de sécurité lors des présidences jumelées franco-allemandes en mars et en avril. C’est d’ailleurs courant mars que le Conseil de sécurité recevra le rapport du secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution 1701, qui préconise la cessation des hostilités entre le Hezbollah et Israël en 2006. Ce rapport fera l’objet de consultations au Conseil prévues le 27 mars en présence du nouveau coordonnateur spécial des Nations unies pour le Liban, Ján Kubis. Quant au rapport de suivi de la résolution 1559, il sera présenté en avril lors de la présidence allemande.

Par ailleurs, un rapport mensuel du Conseil de sécurité du mois de mars, distribué à l’intention des diplomates et journalistes, fait le point sur les principaux développements récents survenus au Liban avec pour point d’orgue le fait que d’importants progrès ont été réalisés par le Hezbollah et ses alliés aux élections législatives de mai 2018. Cette évolution leur a fourni « une meilleure position de négociation dans les pourparlers, dirigés par (le Premier ministre Saad) Hariri, sur la formation du nouveau gouvernement. Le Hezbollah a tiré parti de sa représentation accrue pour influencer la nomination de l’important poste de ministre de la Santé, dont le ministère dispose d’un budget substantiel et reçoit une aide étrangère. Le nouveau ministre de la Santé, Jamal Jabbak, n’est pas membre du Hezbollah, mais aurait des liens étroits avec les dirigeants du groupe », écrit encore ce rapport.

Ce texte constate aussi que « le nouveau gouvernement est confronté à plusieurs défis immédiats, notamment la dette publique croissante et le manque de croissance économique. En outre, le Fonds monétaire international exerce des pressions sur le Liban pour qu’il entreprenne des ajustements budgétaires pour faire face à la dette publique. Un autre train de réformes est nécessaire pour que le Liban puisse accéder aux prêts promis lors de la conférence des donateurs de 2018 à Paris ».

Et le rapport d’insister sur le fait que « le principal problème du Conseil est que le Hezbollah et d’autres acteurs non étatiques conservent toujours des quantités importantes d’armes. Cela empêche le gouvernement d’exercer toute son autorité sur son territoire, menace la souveraineté et la stabilité du Liban et contrevient aux obligations qui lui incombent en vertu des résolutions 1559 et 1701 ». « L’engagement du Hezbollah dans la guerre civile syrienne et le mouvement des armes syriennes sont une question connexe au Hezbollah », conclut le rapport du Conseil de sécurité.


(Lire aussi : Le Conseil de sécurité réaffirme la nécessité du désarmement de « tous les groupes armés »)


Multilatéralisme
Pour en revenir aux présidences « jumelées » franco-allemandes du Conseil de sécurité, c’est la première fois que cela arrive dans l’histoire des Nations unies. Quelle est la signification profonde de cette « démarche innovante » historique entre les deux pays ? Lors d’une conférence de presse commune, tenue vendredi soir au Palais de Verre, les ambassadeurs Delattre et Heusgen ont expliqué les enjeux et la portée de ce « jumelage ». Ce rapprochement, fruit du traité de coopération et d’intégration d’Aix-la-Chapelle signé en janvier dernier entre le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel, se dessine dans la perspective où le Royaume-Uni prépare sa sortie de l’Union européenne en mars et l’élection d’un nouveau Parlement en mai. Avec ce « jumelage », Paris et Berlin n’entendent pas partager le siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, mais la diplomatie franco-allemande « fait de l’admission de l’Allemagne comme membre permanent une priorité politique ».

« Il ne s’agit pas d’une fusion des deux présidences, mais bien d’une coordination étroite entre elles, dans le respect de l’identité propre de chacun des deux partenaires, au service de trois objectifs : donner un nouvel élan au partenariat franco-allemand à New York ; défendre les valeurs européennes ; contribuer à exprimer dans l’enceinte des Nations unies une voix européenne forte dont le monde a besoin aujourd’hui, et défendre et promouvoir le multilatéralisme, qui nous apparaît plus nécessaire que jamais à un moment où il est par ailleurs mis à l’épreuve », a précisé M. Delattre, président du Conseil de sécurité pour le mois de mars. « Le traité d’Aix-la-Chapelle est l’expression de la voix européenne » pour « donner à cet organe une nouvelle impulsion au multilatéralisme, du moins en ce qui concerne la paix et la sécurité », a également insisté M. Heusgen.

La France et l’Allemagne, qui pour la première fois dans l’histoire des Nations unies assureront les présidences « jumelées » du Conseil de sécurité en mars et en avril, entendent maintenir l’unité de ce Conseil de sécurité sur le dossier libanais en général, et sur la question du Hezbollah en particulier.Interrogé par L’Orient-Le Jour sur le point de savoir si...

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DES JEUX ET DES ENJEUX POLITIQUES !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 43, le 04 mars 2019

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  • DES JEUX ET DES ENJEUX POLITIQUES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 43, le 04 mars 2019

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