Le président français Emmanuel Macron a affirmé lundi que la France faisait le "distinguo" entre la branche militaire du Hezbollah qu'il qualifie de "terroriste" et le mouvement politique avec lequel Paris peut "échanger", en réaction à la décision des autorités britanniques de placer la totalité de la formation chiite sur leur liste des organisations accusées de terrorisme.
"Nous avons constamment distingué deux réalités du Hezbollah. D’une part, la branche militaire que nous qualifions de terroriste et, d’autre part, le mouvement politique qui est représenté au Parlement qui peut faire l’objet de contacts et avec qui nous pouvons échanger", a déclaré M. Macron lors d'une conférence de presse conjointe avec le président irakien Barham Saleh à l'Elysée.
"Nous continuerons à faire ce distinguo", a poursuivi le président français. "Ce distinguo permet de lutter contre ceux qui ont des actions strictement militaires de type terroriste et de poursuivre cette politique dite de dissociation du Liban, afin d'éviter que le Liban ne soit en quelque sorte le théâtre importé des conflits régionaux", a-t-il ajouté, en référence à la politique de distanciation à l'égard des conflits régionaux prônée par le gouvernement libanais.
"Il n’appartient pas à la France ou à d’autres puissances extérieures de savoir quelle force politique représentée au Liban serait bonne ou non. C’est au peuple libanais de le faire", a conclu M. Macron.
Plus tôt dans la journée, le ministre britannique de l'Intérieur, Sajid Javid, avait "pris la décision de proscrire le groupe dans son intégralité". Cette interdiction entrera en vigueur vendredi si elle reçoit l'aval du Parlement, ce qui ne devrait être qu'une formalité. L'appartenance au Hezbollah ou toute incitation à le soutenir sera considérée comme un crime passible de dix ans de prison. Le gouvernement israélien s'est réjoui de l'annonce britannique et a demandé aux pays de l'Union européenne de suivre cet exemple.
Le Hezbollah est considéré comme une organisation terroriste par Israël et les Etats-Unis, mais seule sa branche armée est classifiée comme telle par l'Union européenne. Elle fait ainsi une distinction entre cette aile-là et la composante politique du parti chiite. L'UE avait imposé en 2013 des sanctions contre la branche armée du Hezbollah. En 2017, plusieurs pays arabes, notamment ceux du Golfe, ont qualifié le parti de "terroriste".
Le bloc du Hezbollah au Parlement est composé de 14 députés. Le parti chiite dispose en outre de trois portefeuilles au sein du nouveau gouvernement du Premier ministre Saad Hariri : la Santé, dirigé par Jamil Jabak, qui ne fait pas officiellement partie du parti mais est le médecin personnel de son secrétaire général, Hassan Nasrallah ; la Jeunesse et les Sports, dirigé par Mohammad Fneich ; et le ministère d’Etat pour les Affaires du Parlement, dirigé par Mahmoud Comati.
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23 h 05, le 25 février 2019