Rechercher
Rechercher

Économie - Finances publiques

Moody’s salue la formation du gouvernement mais reste prudent

Moody’s a prévenu que le risque pesant sur la stabilité financière du pays demeurait « élevé ». Photo P.H.B.

Moody’s, l’une des principales agences de notation financière américaines avec Fitch et Standard & Poor’s, a salué dans un commentaire publié hier la formation du nouveau gouvernement, un processus qui était bloqué depuis les législatives de mai.

Évoquant une avancée « positive » pour la solvabilité du pays, l’agence a également « espéré » que le nouvel exécutif lancerait les « réformes budgétaires nécessaires pour débloquer l’enveloppe de plus de 11 milliards de dollars d’aides promises par les soutiens du pays lors de la conférence de Paris (dite CEDRE) », en avril dernier.

Moody’s a toutefois prévenu que le risque pesant sur la stabilité financière du pays demeurait « élevé », cette dernière étant notamment fragilisée par un faible niveau de croissance qui peut « compliquer les efforts du gouvernement pour assainir les finances publiques ». L’agence considère en outre que la situation du pays restera « fragile » tant que le « manque de confiance des investisseurs continuera de peser sur la croissance des dépôts, ce qui augmentera le risque que le gouvernement envisage un rééchelonnement de sa dette publique ou toute opération similaire » qu’elle assimile à un défaut de paiement.


(Lire aussi : Eurobonds : l’embellie se confirme après la formation du gouvernement)



Équilibre délicat

Moody’s a enfin commenté l’attribution d’un ministère de services, celui de la Santé, à une personnalité proche du Hezbollah, Jamil Jabak, en indiquant que le fait que ce dernier ne soit pas encarté au parti chiite « mettait en lumière l’équilibre délicat » de la nouvelle administration. Elle a en outre mis en garde contre les effets d’un éventuel durcissement des sanctions américaines.

L’agence de notation a été la plus prompte à sanctionner la paralysie du processus de formation du gouvernement pendant de longs mois et ses effets sur le calendrier des réformes devant être lancées par le Liban, dont les titres de dettes étaient notés « B3 » avec perspective « stable » depuis l’été 2017. En décembre, ses analystes, rapidement imités par ceux de Fitch, ont d’abord dégradé la perspective du pays de « stable » à « négative », avant de déclasser au lendemain du sommet économique arabe qui s’est déroulé à Beyrouth en janvier sa notation d’un cran, à « Caa1 » avec perspective « stable ».

Ce déclassement, que Moody’s avait justifié en invoquant également le « risque accru » que le gouvernement procède à un rééchelonnement de la dette publique, avait d’autant plus surpris qu’il était survenu quelques heures seulement après que le Qatar eut annoncé son intention d’investir un demi-milliard de dollars dans des obligations libanaises libellées en devises – les eurobonds.


(Lire aussi : Situation financière au Liban : quelques clés pour comprendre la fébrilité actuelle)


Quelques semaines plus tôt, les cours et les rendements de ces derniers avaient atteint un niveau critique après la publication, le 10 janvier, d’un article du quotidien al-Akhbar qui, citant le ministre sortant des Finances Ali Hassan Khalil, avait évoqué une imminente restructuration de la dette publique. Si ce scénario a rapidement été démenti par les autorités, son évocation avait néanmoins été un des éléments déclencheurs qui ont poussé Moody’s à réviser la note du Liban, le pays possédant un des pires ratios dette/PIB (à environ 150 %) et intérêts de la dette/revenus de l’État (à plus de 40 %) parmi les pays étudiés par l’agence. Le pays cumule une dette publique de près de 84 milliards de dollars (+5,2 % à fin novembre) tandis que son déficit public a explosé (+124 % à 4,5 milliards de dollars à fin septembre, selon les derniers chiffres du ministère des Finances).

Si la formation du gouvernement a calmé les marchés (les eurobonds ont repris des couleurs depuis le 10 janvier, notamment après la formation du gouvernement), la nouvelle équipe doit désormais accélérer la mise en œuvre des réformes que le pays doit lancer pour assainir ses finances publiques et restructurer son économie. Mais selon plusieurs banquiers contactés par L’Orient-Le Jour, Moody’s ne devrait pas, sauf surprise, réviser la note souveraine du pays avant qu’une partie des réformes ne soit lancée et que leurs effets concrets sur la confiance des investisseurs ne commencent à se manifester.



Pour mémoire
Dette publique : pas de restructuration en vue, insistent des banquiers

Hassan Khalil et Kanaan évoquent un accord pour financer l’État sans budget

Rétro 2018 : L’économie libanaise au bout du rouleau en 2018

Moody’s maintient la note du Liban, mais dégrade sa perspective

Moody’s, l’une des principales agences de notation financière américaines avec Fitch et Standard & Poor’s, a salué dans un commentaire publié hier la formation du nouveau gouvernement, un processus qui était bloqué depuis les législatives de mai. Évoquant une avancée « positive » pour la solvabilité du pays, l’agence a également « espéré » que le...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut