Gouvernement : Hariri à Baabda

Le Premier ministre libanais désigné, Saad Hariri, est arrivé jeudi soir au palais présidentiel, à Baabda, où il doit présenter au président de la République, Michel Aoun, la composition de son futur gouvernement, attendu depuis plus de huit mois. 

Les contacts se sont accélérés jeudi pour la formation du gouvernement, le positionnement du ministre qui représentera les députés sunnites pro-8 Mars soutenus par le Hezbollah et la distribution de certains portefeuilles ministériels étant au cœur des discussions.

Dans la journée, Fayçal Karamé, un des membres de la "Rencontre consultative" qui regroupe ces députés sunnites anti-haririens, a confirmé que la question du choix de la personne qui les représentera avait été tranchée, indiquant que le chef de l'Etat, Michel Aoun, est appelé à choisir entre trois noms : Hassan Mrad, fils du député Abdel Rahim Mrad (membre de la Rencontre consultative), Osman Majzoub, proche de M. Karamé, et Taha Naji, candidat malheureux des Ahbache (islamistes prosyriens) lors des derniers élections législatives de mai dernier.

Les dernières discussions sur le fameux obstacle sunnite concernaient le positionnement du ministre choisi, à savoir s'il fera partie des réunions de la Rencontre consultative ou du bloc parlementaire aouniste. Avant les fêtes de fin d'année, les six députés sunnites s'étaient accordés sur le nom de Jawad Adra pour les représenter. Mais le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a insisté à l'inclure dans le bloc aouniste, ce qui aurait octroyé au président de la République et au CPL le tiers de blocage. En désaccord avec M. Bassil, les sunnites pro-8 Mars ont fini par désavouer M. Adra, le compromis avait alors été enterré.

Dans un communiqué publié dans la journée, MM. Karamé et Jihad Samad, autre membre de la "Rencontre", ont dénoncé ceux qui "cherchent à remporter une fausse victoire comme ils ont échoué à le faire avec Jawad Adra", démentant être opposés à la nomination de Hassan Mrad, le fils d'Abdel Rahim Mrad, autre membre de la "Rencontre consultative", dans le prochain cabinet. De son côté, Abdel Rahim Mrad a affirmé qu'il n'y avait pas de divergences au sein de la "Rencontre consultative".

Le bloc parlementaire du Hezbollah, principal soutien des députés sunnites pro-8 Mars, qui s'est réuni dans l'après-midi, a de son côté exprimé "l'espoir que les données positives circulant ces dernières heures aident à la formation du gouvernement". "Ce qui est attendu, c'est que le futur gouvernement assume ses responsabilités", ont ajouté les députés du parti chiite. 

(Lire aussi : Gouvernement : encore « un petit nœud » sunnite à trancher...)

Hariri sollicite l'aide de Geagea
Sur un autre plan, le Premier ministre désigné a contacté le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, pour lui demander de l'aider dans la distribution des derniers portefeuilles. Ce dernier avait déclaré, peu avant l'annonce de la formation du gouvernement, que le bloc parlementaire des FL a accepté de céder le portefeuille de la Culture en échange de celui de la Réforme administrative. M. Geagea  avait ajouté que cette acceptation était liée à la condition que le gouvernement soit formé immédiatement, faute de quoi, cet échange n'aurait pas lieu d'être.

Des discussions entre différentes formations politiques avaient été lancées depuis plusieurs jours pour distribuer les derniers portefeuilles ministériels, dont ceux de l'Environnement, l'Industrie, la Culture, l'Information ou du Tourisme. Le leader druze Walid Joumblatt a déclaré au quotidien émirati anglophone The National qu'on lui avait "récemment demande de faire des concessions" et qu'il avait "poliment refusé", ajoutant qu'il n'entendait pas abandonner les portefeuilles de l’Éducation et de l'Industrie qui lui ont été promis.

Dans la journée, le palais présidentiel de Baabda a fait savoir que Michel Aoun suivait les derniers développements des discussions autour de la formation du gouvernement. La veille, le président Aoun, Saad Hariri et Gebran Bassil, se sont entretenus au palais de Baabda du dossier gouvernemental, loin des projecteurs.

Mardi, M. Hariri avait affirmé que la question de la formation du gouvernement serait "tranchée dans les deux prochains jours, d'une façon positive ou négative", se refusant à toute autre précision. Ces derniers jours, la question de sa récusation était apparue, tout comme une possible remise à flot du cabinet sortant.

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