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À La Une - Israël

Décès de Moshé Arens, ancien ministre de la Défense et "mentor" de Netanyahu

Il devient ministre après les massacres dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila au Liban en 1982, suite à la démission d'Ariel Sharon, et supervise le début du retrait de l'armée israélienne.

L'ancien ministre israélien de la Défense Moshé Arens et le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une conférence de presse. Photo d'archives/AFP

L'ancien ministre israélien de la Défense Moshé Arens qui avait lancé la carrière diplomatique et politique de Benjamin Netanyahu, est décédé lundi à l'âge de 93 ans, a annoncé le Premier ministre sur son compte Twitter. "Il n'y avait pas plus patriote que lui", a affirmé M. Netanyahu dans son message de condoléances tout en le présentant comme son "maître" et "mentor". Le président Reuven Rivlin a de son côté salué dans un communiqué la mémoire de l'"un des plus importants ministres de la Défense que l'Etat d'Israël ait jamais eu". Il est décédé des suites d'une "longue maladie", selon la radio publique israélienne.

Membre du Likoud, le grand parti de la droite, Moshé Arens a été ministre de la Défense à trois reprises dans les années 1980 et 90, ainsi que ministre des Affaires étrangères et auparavant ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis. C'est à ce poste, en 1982, qu'il a mis le pied à l'étrier à Benjamin Netanyahu alors âgé de 32 ans en le nommant chef adjoint de la mission à l'ambassade à Washington. Deux ans plus tard, le futur Premier ministre devenait ambassadeur à l'ONU.

Né en Lituanie, Moshé Arens a émigré en 1939 avec sa famille aux Etats-Unis où il a fait des études d'ingénieur aéronautique et rejoint le Betar, le mouvement des jeunes de la droite nationaliste. Il s'est installé en Israël en 1948 au moment de la création de ce pays. Il a entamé sa carrière politique en se faisant élire député du Likoud en 1973. Considéré comme un faucon, il a voté contre les accords de Camp David signés en 1978 avec l'Egypte, le premier accord de paix conclu par Israël avec un pays arabe.

C'est après les massacres dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila au Liban en 1982, qu'il est nommé ministre de la Défense par Menahem Begin suite à la démission d'Ariel Sharon. Il supervise alors le début du retrait de l'armée israélienne du Liban. Six ans plus tard, il prend le portefeuille des Affaires étrangères, Benjamin Netanyahu est son vice-ministre.

Après une pause de sept ans, il redevient ministre de la Défense en 1999. Cette année là, lors d’une tournée à la frontière israélo-libanaise, il affirme être "contre tout retrait unilatéral israélien car cela comporte un trop grand risque pour la sécurité des habitants du nord d’Israël". La même année, il affirme que le Liban n’est pas un État, ce à quoi l’ancien ministre Michel Eddé répondra que c’est Israël qui apparaît "instable" et "au bord de l’effondrement". "Les attaques insolentes d’Arens contre notre peuple et notre État illustrent la rancœur des sionistes à l’égard du Liban", avait estimé M. Eddé.

En 1999 également, Arens critique les accords de cessez-le-feu conclus après l’opération "Les raisins de la colère" (1996). "Si cela avait dépendu de moi, je n’aurais pas conclu ces accords qui restreignent notre liberté d’action", dit-il, estimant que l’opération "s’était mal terminée et n’avait pas abouti aux résultats escomptés". L’opération "les raisins de la colère" avait été marquée par le massacre, perpétré par Israël, de 106 personnes à Cana. 

Arens se retire de la politique en 2003. Ces dernières années, il avait écrit de nombreuses tribunes d'opinion dans le Haaretz, un quotidien d'opposition de gauche dont il n'approuvait pas la ligne politique.

En 2006, après la guerre entre Israël et le Liban, Moshé Arens affirme : "la guerre a été une défaite pour Israël. Du moins, c’est ainsi qu’elle a été perçue dans le monde arabe et c’est ça qui compte". L’offensive, dont l’un des principaux objectifs était de "rétablir la force de dissuasion d’Israël", a dans ce sens complètement échoué, précise M. Arens, puisqu’elle a "ébranlé la conviction dans le monde arabe qu’aucune coalition armée ne pouvait vaincre Israël".

"Les armes du Hezbollah constituent une menace stratégique sur Israël", avait assuré Arens en 2009. "Les roquettes du Hezbollah peuvent désormais couvrir tout le territoire israélien, avait-il mis en garde. Il faut en finir avec ce danger, avait-il ajouté appelant le gouvernement israélien à faire le premier pas en déclarant que les armes du Hezbollah ne peuvent pas être tolérées. Le gouvernement devrait, tôt ou tard, œuvrer pour se débarrasser de ces armes", avait-il martelé. 

Ces derniers temps, Arens avait pris ses distances vis-à-vis de son protégé Netanyahu. L'an dernier, il s'était prononcé contre la loi controversée soutenue par le gouvernement de Benjamin Netanyahu de "l'Etat-nation du peuple juif". Votée par le Parlement en juillet dernier, cette loi confère aux juifs le droit "unique" à l'autodétermination en Israël.

Politiquement, Moshé Arens était à l'opposé des convictions de son propre frère, Richard Arens, décédé en 1984 à l'âge de 62 ans. En 1983, le Washington post avait ainsi rapporté que les deux frères étaient "divisés par Israël". "Richard Arens déplore ce qu'Israël a fait au Liban, rapportait le quotidien américain. +J'ai honte+, déclarait Richard Arens". Professeur de droit à l'université de Bridgeport dans le Connecticut et militant pour la défense des droits de l'homme, Richard Arens représentait, à l'époque, un Palestinien incarcéré, injustement selon lui, dans le camp de Ansar au Liban, administré par Israël". "Toute l'invasion du Liban pose des problèmes extrêmement graves pour la paix dans le monde", avait affirmé Richard Arens.


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commentaires (2)

E bien il a vécu longtemps ce monsieur , on dirait que Dieu ne veut pas des assassins chez lui

Eleni Caridopoulou

16 h 10, le 07 janvier 2019

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Commentaires (2)

  • E bien il a vécu longtemps ce monsieur , on dirait que Dieu ne veut pas des assassins chez lui

    Eleni Caridopoulou

    16 h 10, le 07 janvier 2019

  • Un criminel de guerre en moins sur terre, mais un criminel de guerre en plus qui finira ses jours sans avoir été traduit en justice pénale internationale. Relisez son palmarès, il a obtenu des nominations à des postes important en usurpie qu'à cause ou grâce à ses performances criminels. Voilà le pays "démocratique" qui fait l'admiration de certains LIBANAIS bien de chez nous.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 09, le 07 janvier 2019

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