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Liban - Coopération

« Maintenant, je peux donner le bain plus souvent aux enfants... »

Dans la Békaa, l’aide de l’UE profite aussi bien aux réfugiés syriens qu’aux villageois libanais.


La famille de Hasna et de Issa au grand complet.

Hasna et Issa ont six enfants, âgés de quatre à seize ans. Ils font partie des familles les plus pauvres de Zabboud, un village de la Békaa-Est. « Auparavant, nous vivions en attendant l’eau », dit Hasna, dont le mari ne travaille plus en raison de maux de dos.

Aujourd’hui, elle montre le linge multicolore étendu dans un champ où se promènent des poules face à la modeste maison, où elle vit avec son mari, ses enfants, ses beaux-parents et sa belle-sœur handicapée. « Auparavant, je ne pouvais pas faire aussi souvent la lessive, et les tâches ménagères les plus simples, comme faire la vaisselle, étaient quasi impossibles. Maintenant, je peux faire deux à trois lessives par semaine. Je peux aussi donner le bain plus souvent aux enfants », dit-elle. Car Zabboud fait partie d’un groupe de sept villages de la Békaa-Est à bénéficier d’un projet financé par le Fonds fiduciaire régional de l’Union européenne en réponse à la crise syrienne, plus connu sous l’appellation Madad, qui vient en aide aussi bien aux réfugiés syriens qu’à la communauté hôte. Zabboud est un village pauvre, qui compte 2 500 habitants vivant de l’agriculture. Ses jeunes s’enrôlent dans l’armée libanaise pour avoir un salaire à la fin du mois. Le village a cependant prêté allégeance depuis longtemps au Hezbollah qui tient la municipalité, alors que neuf jeunes de Zabboud ont trouvé la mort en Syrie en se battant dans les rangs du parti chiite.

Baptisé « Miyahcon » (Votre eau), le projet mis en place grâce au fonds Madad entre dans le cadre des projets d’infrastructure dont bénéficie le Liban suite à la crise syrienne. Dans la Békaa, où il est mis en place par l’ONG italienne Gruppo di Volontariato Civile (GVC), il devrait bénéficier à une population de 150 000 habitants composée de Libanais et de réfugiés syriens. Ce projet mis en place également dans des villages près de Tripoli et de Bint Jbeil a commencé dans l’urgence et s’est transformé en projet de développement. Pour réussir, GVC a travaillé étroitement avec les diverses municipalités ainsi qu’avec l’Office des eaux de la Békaa, les réfugiés et les habitants. Il fallait surtout convaincre ces derniers de l’utilité des compteurs et aussi de l’importance de payer une facture annuelle. Il fallait entre autres sur le terrain réparer les canalisations d’eau, en ajouter d’autres au réseau, construire un réservoir où notamment du chlore est incorporé à l’eau.


(Lire aussi : Madad, le fonds européen qui soutient réfugiés syriens et communautés hôtes)

L’électricité grâce aux réfugiés syriens ?

Même s’ils vivent dans le besoin, Hasna et Issa ne rechignent pas à payer leur abonnement annuel. « Auparavant nous étions obligés de payer beaucoup plus d’argent pour acheter des citernes d’eau, surtout en été », explique Issa.

Fatima, qui vit avec sa sœur Jamilé, renvoie le même son de cloche. Les deux femmes du troisième âge sont célibataires et habitent tout près du réservoir d’eau construit par GVC. « Notre village manque de tout. Auparavant nous payions régulièrement environ 100 dollars par mois pour des citernes d’eau. Aujourd’hui notre abonnement nous coûte à l’année 240 000 livres et nous avons l’eau presque tout le temps, alors qu’il y a deux ans, elle était coupée des journées entières pour être rétablie quelques heures la semaine. Elle était aussi de mauvaise qualité », explique Fatima. « Tout a changé pour nous. C’est comme si nous vivions dans le désert et qu’aujourd’hui nous sommes au jardin d’Éden », dit-elle, montrant les roses et les fleurs épanouies, plantées sur la terrasse où elle reçoit ses invités. « Ce qu’il nous manque ? Tout presque, mais surtout l’électricité. Nous avons l’eau courante régulièrement grâce aux réfugiés syriens. J’espère que les institutions qui financent ces projets soutiendront des programmes qui établissent le courant électrique. Qui sait, peut-être que c’est grâce aux réfugiés syriens que nous aurons l’électricité 24 heures sur 24! » s’exclame-t-elle.

Le président du conseil municipal Rifaat Alaëddine est satisfait du projet. Pour lui, l’affaire est simple : « Ce sont les étrangers qui ont amené l’eau au village. C’est l’ONG italienne, dit-il, qui a tout mis en place et qui a poussé l’Office des eaux de la Békaa à agir. »

Comment a-t-il convaincu les habitants de la localité de payer leur facture ? « Il y a deux ans, une fois que le projet a été véritablement achevé avec la construction des réseaux nécessaires et du réservoir, la municipalité a payé l’abonnement pour tout le village et chacun a reçu l’eau courante chez lui. Les habitants étaient satisfaits, et, l’année qui a suivi, ils se sont mis eux-mêmes à payer et cela parce que le projet est efficace. Aujourd’hui 95 % des maisons du village paient leur facture d’eau », dit-il.

Elena Diato, chef du projet au sein du GCV, explique : « Nous travaillons selon les besoins des villages, nos équipes se rendent auprès des habitants et travaillent en coopération avec les municipalités. » « Miyahcon est un projet pilote dont le modèle peut-être utilisé plus tard comme exemple par le gouvernement libanais en matière d’infrastructure relative à la distribution de l’eau », souligne-t-elle en conclusion.


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