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Lifestyle - This is America

L’heure est aux Christmas Cookies !

Venu de la Vieille Europe, ce simple biscuit, un peu madeleine de Proust, est devenu une spécialité nationale.


Les Christmas Cookies, une symbolique festive et nationale. Photo Bigstock

Cette semaine, dans les cuisines de la plupart des foyers américains, les fours tournent à plein régime, produisant des Christmas Cookies que l’on voudrait uniques. Chacun y va de sa recette, du secret de sa réussite (transmis uniquement de mère en fille), de sa décoration (de la plus flamboyante à la plus zen). Cette tradition remonte au XVIIe siècle lorsque les émigrants anglais, écossais et hollandais ont introduit les cookies au pays de l’Oncle Sam. Les formes, inspirées de la fête (sapins, étoiles et autres rennes et bonshommes rouges), étaient une spécialité hollandaise qui s’est de suite américanisée. On a d’abord utilisé ces petits gâteaux festifs pour décorer les sapins, ensuite pour une consommation élargie. Aujourd’hui, ce rituel a pris de l’ampleur. Les Christmas Cookies faits maison sont destinés à la famille, aux amis, aux voisins, aux collègues de bureau et autres proches.


Passage obligé des futures First Ladies

Et ce n’est pas tout ! La pâte à cookies a si bien pris qu’elle est devenue une affaire nationale. Depuis 1992, à chaque élection, les conjoints des candidats soumettent une recette de biscuit. Cet exercice est ainsi devenu une tradition : tous les quatre ans, les aspirantes à la fonction de First Lady doivent proposer une recette de cookies au magazine Family Circle. Les internautes sont ensuite invités à voter pour la plus appétissante des pâtisseries.

Hillary Clinton s’était d’ailleurs retrouvée prise dans une sorte de « cookiegate ». En mars 1992, alors que Bill Clinton était opposé à Jerry Brown lors d’un débat organisé dans le cadre des primaires démocrates en vue de la présidentielle, M. Brown avait accusé l’époux de Hillary de « faire passer de l’argent de l’État » au cabinet d’avocats dans lequel travaillait sa femme. Une situation relevant du « conflit d’intérêt », avait-il martelé. La réponse de Hillary n’avait pas tardé : « Je suppose que j’aurais dû rester à la maison pour y préparer des cookies et y faire du thé, mais j’ai préféré accomplir ma profession, profession que j’ai débutée bien avant que mon mari ne se décide à entrer dans la vie publique. »De sa phrase avait été retenu, par certains, une sorte de dénigrement des cookies qui avait suscité un tollé. Et Hillary avait dû se résoudre à proposer une recette de Chocolate Chip Cookies, dont le résultat avait finalement été jugé meilleur que les cookies de Barbara Bush. En 1992, puis en 1996, c’est donc la recette de Hillary qui l’avait emporté. L’actuelle hôtesse de la Maison-Blanche, Melania Trump, a, quant à elle, opté pour des cookies en forme d’étoiles, sans fioriture aucune.

Cette compétition culinaire présidentielle avait débuté avec Mamie Eisenhower dans les années 50. Longtemps en veilleuse, elle a été relancée en 1992.


Les grands médias politiques mettent la main à la pâte

Hors de la Maison-Blanche, la plupart des Américaines se font un devoir et un plaisir de concocter leur propre recette, surtout en période de fête. L’objectif étant, souvent, de créer sa propre version du cookie. Ce phénomène s’est ancré dans la culture locale au point que, non seulement la presse féminine l’a embrassé, mais aussi les médias les plus sérieux qui lui réservent désormais une place de choix dans leurs colonnes. Ainsi, dans une rubrique intitulée Voraciously (voracement), le Washington Post révèle les huit recettes favorites de ses lecteurs à travers le temps : notamment les Cowboy Cookies, de l’ancienne First Lady Laura Bush, épouse de l’ancien président, George W. Bush ; les cookies aux perles de chocolat et au cognac, et ceux à base de farine de pois chiches, parfumés à la cardamome et à l’eau de rose. Le Wall Street Journal revient sur les astucieux cookies « élégants et photogéniques, au citron et au thym ». Pour le New York Times, « au-delà de pétrir, cuire et glacer les cookies chez soi, c’est tout un art et une thérapie de les modeler ».

Aux États-Unis, on recense désormais des dizaines de milliers de « cookiers », ou faiseurs de cookies comme ils se surnomment, qui opèrent pour toutes sortes d’occasions et pour toutes sortes de raisons. L’élite a ses sites en ligne et ses designers, Instagram est leur terrain de jeu favori. L’une d’elles, Callye Alvarado (37 ans), considérée comme la reine de la communauté moderne des cookies, affiche près de 180 000 followers.De plus, un célèbre site intitulé « The Spruce Eats » a retracé la carte géographique américaine des cookies, ou le mode de réalisation spécifique à chacun des cinquante États de la bannière étoilée.

Et dire qu’au départ, selon les historiens culinaires, ce que l’on appelle cookies étaient de simples morceaux d’une pâte de gâteau que l’on utilisait comme échantillon pour tester le degré de chaleur d’un four avant de l’enfourner !


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