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À La Une - Conflit

Yémen: l'ONU veut desserrer l'étau sur deux villes dévastées

Un délégué houthi, Salim al-Moughaless, et un négociateur gouvernemental, Ahmed Ghaleb, ont échangé une poignée de mains. 


Un convoi de véhicules transportant le médiateur de l'ONU pour le conflit yéménite, Martin Griffiths, dans le port de Hodeida, sur la Mer Rouge, le 23 novembre 2018. REUTERS/Abduljabbar Zeyad

L'ONU, à l'initiative des consultations de paix sur le Yémen en Suède, veut réduire la violence dans deux villes dévastées par la guerre, le port stratégique de Hodeida et la cité assiégée de Taez. L'envoyé spécial de l'ONU au Yémen, le Britannique Martin Griffiths, a soumis à cette fin deux propositions écrites aux belligérants, le gouvernement soutenu par l'Arabie saoudite et les rebelles houthis appuyés par l'Iran.

"Je nourris l'espoir que nous puissions trouver un accord sur la désescalade pour réduire les combats dans ces deux endroits. J'espère que ce sera le cas. Mais nous n'y sommes pas encore", a-t-il déclaré lundi lors d'une conférence de presse à Rimbo, près de Stockholm. Les projets d'accord mis sur la table par le médiateur onusien prévoient, pour les deux villes, un cessez-le-feu.

Selon le document initial sur Hodeida consulté par l'AFP, la coalition militaire progouvernementale sous commandement saoudien cesserait ses opérations militaires contre Hodeida en échange d'un retrait des combattants houthis de la ville portuaire. Hodeida, par où entre l'essentiel de l'aide humanitaire au Yémen, serait ensuite placée sous la double tutelle du gouvernement et des rebelles, avec la supervision des Nations unies. La proposition ne prévoit pas le déploiement d'une mission de maintien de la paix. Mais selon M. Griffiths la proposition a été simplifiée entre-temps.

La crise alimentaire s'est récemment détériorée en raison de l'insécurité dans cette ville portuaire sur la mer Rouge par où transitent 70% des importations yéménites, selon le Programme alimentaire mondial (PAM). Les forces progouvernementales tentent de reprendre Hodeida depuis des mois aux rebelles, soutenus par l'Iran, au prix de combats meurtriers. Les deux parties planchent par ailleurs sur une proposition de l'ONU sur la ville très éprouvée de Taez (sud-ouest), contrôlée par le gouvernement mais assiégée par les rebelles.

La proposition prévoit un cessez-le-feu sans préconditions, la constitution d'un groupe de travail conjoint incluant l'ONU pour vérifier son respect, et la réouverture de toutes les routes et de l'aéroport de Taez pour acheminer l'aide humanitaire.

(Lire aussi : Dialogue difficile entre belligérants au Yémen, des millions de personnes "affamées")


Hodeida, question la plus "difficile"

Selon un responsable onusien, Hodeida est la question la plus "difficile" à l'ordre du jour des consultations en Suède.

Les consultations de Rimbo, une localité rurale située à une cinquantaine de kilomètres de Stockholm, ne sont pas officiellement des pourparlers de paix. Elle doivent permettre aux belligérants de se parler après quatre années d'un conflit qui a fait au moins 10.000 morts et placé jusqu'à 20 millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire.

"L'effondrement de l'économie yéménite et l'instabilité de la monnaie ont mis en péril des millions de vies", a alerté lundi l'ONG Mercy Corps présente au Yémen. Selon Martin Griffiths, les deux camps font preuve de "bonne volonté" dans leurs échanges, ajoutant avoir été le témoin de multiples "interactions informelles" entre les négociateurs.

Un délégué houthi, Salim al-Moughaless, et un négociateur gouvernemental, Ahmed Ghaleb, ont même échangé une poignée de mains lundi devant des journalistes yéménites et un photographe qui a immortalisé la scène, rarissime. "Je n'avais jamais vu ça auparavant", a confié à l'AFP une de ces journalistes. Une source de l'ONU a indiqué que l'envoyé spécial avait également vu la photo, rapidement diffusée sur les réseaux sociaux.

Toutes les tentatives pour mettre fin à la guerre qui dure depuis quatre ans ont jusqu'ici échoué, alors que la situation humanitaire au Yémen, la pire du monde selon l'ONU, se dégrade de jour en jour.

En septembre, des pourparlers de paix ont achoppé sur le refus des négociateurs houthis de se rendre à Genève sans garanties sur leur voyage de retour vers Sanaa et sur l'évacuation de rebelles blessés vers Oman. Mais les images de dévastation provoquées par les raids aériens de la coalition et celles de la crise humanitaire, ont convaincu les grandes puissances de la nécessité d'accélérer un règlement du conflit.

L'Arabie saoudite reste également sous pression, empêtrée dans l'affaire de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, tué dans le consulat de son pays début octobre à Istanbul. "Des activités militaires se poursuivent dans différentes régions", a déclaré lundi le porte-parole de la coalition progouvernementale, Turki al-Maliki, depuis Riyad.

"Les rebelles ont renforcé leurs lignes de défense à l'intérieur de la ville de Hodeida", a-t-il ajouté, précisé que la coalition oeuvrait à "ouvrir des corridors humanitaires sécurisés entre Hodeida et Sanaa", la capitale.


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