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Moyen Orient et Monde - Journée internationales des droits de l'Homme

« Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont les pires dans le monde en matière de droits de l’homme »

Sarah Leah Whitson, directrice de la division MENA à Human Rights Watch (HRW), fait pour « L’Orient-Le Jour » un état des lieux inquiétant de la région.

Les États du Moyen-Orient sont, en ce 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, toujours et encore à la traîne par rapport au reste du monde. Illustration Hasenonkel/bigstock

Les droits de l’homme les plus élémentaires sont bafoués tous les jours au sein de la totalité des pays arabes. Si quelques avancées mineures ont été constatées ces dernières années, notamment en faveur des droits des femmes, les États de la région sont, en ce 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, toujours et encore à la traîne par rapport au reste du monde. Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch (HRW), fait pour L’Orient-Le Jour un état des lieux.

Quelle est la situation du Moyen-Orient par rapport au reste du monde, sur la question du respect des droits de l’homme ?

Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont les pires dans le monde en matière de droits de l’homme. Nous avons toutefois constaté des actions positives de la part de certains pays, comme la Tunisie, notamment au niveau des droits des femmes. Le projet de réforme sur l’héritage est un pas décisif et rare envers l’égalité homme-femme. Au Liban, les instances bougent pour appliquer la nouvelle loi sur la torture adoptée en 2017. Un autre pas extrêmement important et unique dans la région est la loi sur l’asile des réfugiées adoptée par le Qatar en septembre 2018. Ce pays a notamment promis d’entreprendre un certain nombre de réformes sur le travail des migrants. Il a déjà fixé un âge minimum pour les travailleurs migrants, et a presque entièrement aboli les visas de sortie, qui constituaient un très grand problème pour les travailleurs migrants. Et on espère l’abolition prochaine du système de kafala (parrainage) au Qatar.


(Lire aussi : Devoirs de l’homme, l'édito de Ziyad Makhoul)


Constatez-vous que le respect des droits de l’homme dans la région est en déclin ou, au contraire, qu’il progresse ?

Si l’on regarde la région dans son ensemble, elle est en état de crise, marquée d’une part par des guerres catastrophiques en Syrie, au Yémen, par un conflit qui se poursuit en Libye et par des violences perpétuelles en Irak, à Gaza et dans le Sinaï. Treize pays arabes sont en ce moment même en guerre ou en train de se battre à travers une coalition. Ce sont des ressources déployées pour rien, et des centaines de milliards de dollars dépensés dans des armes utilisées pour tuer des Arabes. Des ressources humaines et matérielles qui servent au final une destruction et non pas une construction. Je ne sais pas si 2017 était mieux que 2018 dans la région, mais en matière de droits de l’homme, la courbe reste sur une trajectoire très négative.


(Lire aussi : Liban : Entre liberté de la presse et défi des réseaux sociaux)


En moins d’un an, l’Arabie saoudite est passée d’une image réformatrice à celle d’un pays qui torture et assassine ses dissidents sans se cacher. Quel est le niveau de gravité de la situation là-bas ?

Nous avons travaillé très dur pour exposer la réalité de la situation en Arabie saoudite. Il y a eu certaines améliorations au niveau de l’espace social avec l’ouverture de cinémas, de stades et la tenue de concerts, mais au final ils continuent à faire de la ségrégation. Les femmes ont obtenu le droit de conduire, des barrières sont en train de tomber pour leur permettre d’avoir accès au marché du travail. Mais c’est ironique par exemple que des femmes travaillent dans les agences qui délivrent des passeports, alors qu’elles n’ont pas le droit de voyager hors du pays sans l’accord d’un membre masculin de la famille. L’Arabie saoudite est assez riche en anecdotes ironiques et il y règne une sorte de schizophrénie entre ce que le gouvernement veut faire, d’une part, et la répression intense menée, de l’autre. Le prince héritier, Mohammad ben Salmane, a décidé de contrôler tous les citoyens, et même ceux qui pourraient être ses alliés au sein de l’establishment, parce que son message est : la seule personne habilitée à parler, c’est moi. Et tous ceux qui se risquent à exprimer leur opinion risquent la punition.


(Lire aussi : Charles Malek, l’architecte de la primauté de l’individu et sa valeur humaine)


Est-il difficile pour vous de travailler dans ce pays ?

Nous n’avons pas pu nous rendre là-bas depuis deux ans environ, malgré les multiples promesses d’invitation afin de visiter le pays. C’est notamment très difficile au niveau des sources qui partagent avec nous des informations. Pour notre dernier rapport sur la torture de femmes activistes dans les centres de détention, nous avons fait en sorte que les sources restent anonymes, car elles, mais aussi leurs familles, étaient terrifiées. On se rend dans certaines régions en Syrie, mais il y a un nombre de pays au sein desquels le gouvernement nous a clairement fait comprendre que nous ne sommes pas les bienvenus, comme les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte, entre autres.


Quels sont les grands obstacles qu’il reste à surmonter ?

Les plus grands obstacles restent les gouvernements de la grande majorité des pays arabes, qui ne respectent pas les libertés et les droits de leurs citoyens. Dans les monarchies qui subsistent, on ne s’enquiert même pas des voix des gens, car il n’y a pas d’élections, mais un système héréditaire embarrassant, qui fait rire le reste du monde. En Égypte, l’opposition politique a été éliminée et il y a des simulacres d’élections, sans oublier la Syrie. Il y a une dynamique qui perdure : ces gouvernements font tout pour se maintenir au pouvoir parce qu’ils n’ont aucune légitimité, car ils ne représentent pas le peuple. Et pour cela ils estiment qu’ils n’ont que la force à leur disposition.


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Les droits de l’homme les plus élémentaires sont bafoués tous les jours au sein de la totalité des pays arabes. Si quelques avancées mineures ont été constatées ces dernières années, notamment en faveur des droits des femmes, les États de la région sont, en ce 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, toujours et encore à la traîne par rapport au...

commentaires (4)

Les pays arabes sont la lanterne rouge en matiere de droits de l homme avec comme grand dernier la dynastie genocide Assad qui ne cesse de se surpasser en matiere de crimes depuis 1970.

HABIBI FRANCAIS

10 h 14, le 10 décembre 2018

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Commentaires (4)

  • Les pays arabes sont la lanterne rouge en matiere de droits de l homme avec comme grand dernier la dynastie genocide Assad qui ne cesse de se surpasser en matiere de crimes depuis 1970.

    HABIBI FRANCAIS

    10 h 14, le 10 décembre 2018

  • “On peut juger de la grandeur d'une nation par la façon dont les animaux y sont traités.” de Gandhi moi, je dirais : ....dont les citoyens y sont traités¨ L'homme n'est il pas un animal doté d'une intelligence ????

    FAKHOURI

    08 h 44, le 10 décembre 2018

  • NULLE PART LES DROITS DE L,HOMME NE SONT PRESERVES SCRUPULEUSEMENT. ILS SONT SUJETS AUX INTERETS NATIONAUX ET DE POUVOIRS DANS LES PAYS DEMOCRATIQUES. ILS SONT NULS DANS LES PAYS DU M.O., DE L,AFRIQUE ET DANS UNE GRANDE PART DE L,AMERIQUE LATINE ET DE L,EXTREME ORIENT TOUT COMME DANS LES ATOLLS. EN DEUX MOTS IL FAUT LES CHERCHER PARTOUT A LA LOUPE ! C,EST UNE DENREE RARISSIME DANS NOTRE MONDE D,AUJOURD,HUI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 07, le 10 décembre 2018

  • Chantons la lambada.

    FRIK-A-FRAK

    00 h 33, le 10 décembre 2018

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