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Nos Lecteurs ont la Parole - Nicolas SBEIH

Récréation

Heureusement qu’on est dans une période d’expédition des affaires courantes. Une période où le gouvernement, selon l’interprétation qu’on a fait de la Constitution, n’a pas le droit de prendre des décisions, ou même de se réunir. On file la parfaite école buissonnière. Cela dure depuis mai dernier et ça risque de durer encore avec la période de formation du gouvernement, de préparation de la déclaration ministérielle et des séances parlementaires de confiance. Mais pourquoi heureusement ?

C’est que les gouvernements au Liban, qui prenaient très peu de décisions significatives, étaient assaillis en permanence de revendications et de jérémiades venant de toutes parts. C’était vraiment encombrant et les autorités passaient leur temps à essayer de trouver des justifications à leur sieste. Maintenant l’excuse est toute prête : on n’a pas le droit de prendre des décisions, « c’est la Constitution ». Il est vrai que les projets de la conférence CEDRE sont en suspens, l’électricité à la dérive, l’économie en arrêt maladie… jusqu’aux menues décisions qui pourraient débloquer un jardin public à Kfarchouba, ou la nomination d’un garde forestier à Tannourine. Mais tout ceci était source de migraines infinies pour les responsables. Laissez-les donc profiter de leur récréation, la cloche n’a pas sonné encore. En revanche, les ministres en profitent pour user de leurs propres prérogatives à leur guise, en recrutant notamment des dizaines de leurs fans à des postes qui n’existent pas encore, mais qui pourraient exister un jour.

Cet attachement à la Constitution ou à une interprétation un peu trop restrictive de la Constitution est quand même un peu burlesque, au vu des expériences passées. On l’a raillée cette Constitution, et de la belle façon depuis plus de 20 ans : deux mandats présidentiels élastiques (Élias Hraoui et Émile Lahoud), deux commandants de l’armée élus (Émile Lahoud et Michel Sleiman), un Parlement bloqué pendant deux ans par son président, une vacance présidentielle de 30 mois, des budgets imaginaires pendant 12 ans… sans mentionner la milice toujours en exercice.

Et puis subitement, tout le monde est devenu constitutionnaliste jusqu’à la moëlle épinière. Le République de Platon est passée par là. C’est touchant, à la limite...


Heureusement qu’on est dans une période d’expédition des affaires courantes. Une période où le gouvernement, selon l’interprétation qu’on a fait de la Constitution, n’a pas le droit de prendre des décisions, ou même de se réunir. On file la parfaite école buissonnière. Cela dure depuis mai dernier et ça risque de durer encore avec la période de formation du gouvernement, de...

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