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Liban - Parution

« Croix de guerre », un retour sur les événements du Liban

Les batailles-clés menées par les milices chrétiennes sont racontées dans un livre signé Maroun Machaalani et Gabriel Gemayel.


Gabriel Gemayel et Maroun Machaalani devant les versions française, arabe et anglaise de leur livre.

Maroun Machaalani, ancien combattant chrétien, vient de publier ses Mémoires de la guerre du Liban. Écrit en français à quatre mains avec Gabriel Gemayel, le livre a pour titre Croix de guerre et il est traduit en anglais et en arabe.

L’ouvrage retrace, à travers le parcours de Maroun Machaalani, l’histoire des plus importantes batailles menées par les Kataëb et leurs alliés (qui deviendront ensuite les Forces libanaises), et ce à partir des premiers « rounds » du centre-ville en 1975, en passant par la guerre des hôtels quelques mois plus tard, à la bataille de Ouyoun el-Simane en 1981.

Le livre aurait pu être anodin s’il n’était pas signé Maroun Machaalani, un homme jadis proche d’Élie Hobeika, ancien chef des Forces libanaises reconverti en prosyrien et devenu ministre après la guerre, et dont le nom figure, tout comme Hobeika, sur la liste des personnes impliquées dans les massacres de Sabra et Chatila en septembre 1982, et si l’ouvrage n’était pas dédié à... la Sainte Vierge.

C’est que Maroun Machaalani, à l’instar de nombreux miliciens chrétiens qui ont pris part à la guerre du Liban, a fait son bout de chemin depuis la fin des événements pour s’en remettre à Dieu et se plonger dans la foi chrétienne. « Le Seigneur absout nos péchés à travers son Église, une fois que nous demandons son pardon », explique ce maronite originaire de Salima, dans le Metn. « Et puis de nombreux saints étaient au départ des hommes qui massacraient des chrétiens et qui ont fini par retrouver Dieu », ajoute-t-il, convaincu.

Pour Maroun Machaalani pourtant, ce livre n’est pas un mea culpa. « Je l’ai écrit parce qu’il faut que l’histoire des chrétiens qui se sont battus pour une cause soit documentée. Je l’ai écrit pour que les jeunes maronites du Mont-Liban sachent que nous nous sommes défendus pour leur préserver la terre, que nous avons résisté quand tout le monde était contre nous », dit-il.

Au fil de ses pages, l’ouvrage ne retrace pas les massacres de Sabra et Chatila. « Sabra et Chatila nécessitent un livre tout entier, non un chapitre que je ne pourrais jamais écrire seul. De nombreuses personnes et plusieurs parties sont impliquées. Les rapports montrent que quand les secours sont entrés dans le camp, certains cadavres dataient de trois jours, d’autres de 48 heures, d’autres encore de 24 heures. Nous n’étions pas les seuls là-bas. D’autres étaient arrivés avant nous », martèle-t-il, faisant allusion notamment à l’armée israélienne.


Travailler gracieusement

« Mettez-vous à notre place. Revenez à l’atmosphère qui régnait au Liban à l’époque. Imaginez la situation d’une personne qui a porté les armes à la sortie de l’adolescence, pensez à toutes les exactions qui avaient été commises contre les chrétiens du Liban », lance-t-il.

En réponse à une question, il souligne : « Nous avions une cause que nous avons défendue jusqu’au début des années quatre-vingt. » « Dans mon livre je n’ai voulu critiquer personne, chacun avait ses raisons d’agir de telle ou telle sorte », dit-il, revenant sur sa description d’Élie Hobeika quand ce dernier avait signé l’accord tripartite en 1985.

Gabriel Gemayel a œuvré gracieusement pour le livre tout comme Georges Asmar qui a offert la traduction en langue arabe.

« Le travail nous a pris deux ans. Pour la précision du récit, je me suis rendu sur les lieux de toutes les batailles rapportées dans le livre. Je les ai reconstituées avec Maroun. J’ai lu des ouvrages sur la guerre du Liban et j’ai essayé de vérifier la version avec des archives écrites et télévisées », souligne Gabriel Gemayel qui signe avec ce livre son second ouvrage sur la guerre du Liban.

« Nous avons voulu préserver l’anonymat des personnes dans le livre, c’est pour cela que nous avons choisi de nommer uniquement les personnes par leurs prénoms, sauf les leaders et les hommes tombés en martyrs », explique-t-il.

Gabriel Gemayel croit toujours « à la cause des chrétiens du Liban ». Il explique que « travailler à la rédaction de cet ouvrage est une façon de rendre hommage à tous ceux qui ont pris part, en portant les armes, en décidant de rester dans le pays ou encore en préparant des sandwiches ou en tissant des cagoules aux combattants, à servir cette cause ».

« C’est grâce à eux si nous sommes encore au Liban aujourd’hui », souligne-t-il en conclusion.


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commentaires (3)

LES RESISTANTS D,AVANT ETAIENT DES HEROS QUI SE BATTAIENT UNIQUEMENT POUR LE LIBAN ET NON PAS POUR DES REGIMES ETRANGERS... ET MAINTENANT VEUILLEZ PUBLIER SVP.

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 55, le 09 novembre 2018

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Commentaires (3)

  • LES RESISTANTS D,AVANT ETAIENT DES HEROS QUI SE BATTAIENT UNIQUEMENT POUR LE LIBAN ET NON PAS POUR DES REGIMES ETRANGERS... ET MAINTENANT VEUILLEZ PUBLIER SVP.

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 55, le 09 novembre 2018

  • Hier encore j'avais 20 ans ... je me souviens m'être fait " embrigader" par les thèses du camp muslim qui nous expliquait que les chrétiens associés aux juifs de l'usurpie voulaient nous asservir et nous jeter hors du Liban . Je me suis rendu compte avec le temps et surtout la réflexion que l'attaque du bus en 75 par les kataebs étaient une action HAUTEMENT RESISTANTE à une implantation des palestiniens chez nous , ensuite avoir vu le comportement de ces palestiniens de Yasser Arafat vandaliser le sud Liban et sa population m'a aidé à comprendre que le complot était là . Je n'ai jamais compris pourquoi israel qui avait envahi le Liban pour déloger Yasser Arafat est restée 20 ans à nous massacrer avec des milices locales ( chrétiennes , chiites , sunnites etc...) après son départ . Voilà pourquoi je me suis fait à l'idée que nos malheurs nous dépassent et que dans le fond la résistance d'où quelle vienne est la bienvenue pour que plus jamais le Liban se fasse envahir de la sorte . La présence du hezb libanais est un mal nécessaire pour la dissuasion , plus que pour un modèle de société , c'est pour ça que j'en appelle aux libanais pour qu'ils refusent de laisser " embrigader" comme je l'avais été moi même . Quoi qu'on en pense ou dise , le LIBANAIS A TOUJOURS REFUSE TOUTE IMPLANTATION DANS SES TERRITOIRES , C'EST LE DENOMINATEUR COMMUN .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 01, le 09 novembre 2018

  • Autres temps, autres moeurs de résistance. C'était chacun pour sa propre communauté, les événements l'ont voulu ainsi. Ce qui compte à présent c'est une résistance libanaise pour tout le Liban contre tous les ennemis de ce petit point sur la carte du monde. Juste une question: La Ste-Vierge l'a lu? Lol

    Tina Chamoun

    08 h 59, le 09 novembre 2018

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