Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, qui tente de former depuis près de cinq mois son gouvernement, a dit lundi espérer que "les choses se décantent dans les deux ou trois prochains jours", alors que les négociations sur l'attribution des portefeuilles semblent être retournées à la case départ. "Rien n'est impossible et il n'y a pas de nœud sunnite. Tous les obstacles peuvent être surmontés. Je ne veux pas trop en parler, mais il y a un dialogue, et nous espérons un dénouement heureux", a-t-il dit aux journalistes, à sa sortie de la Maison du Centre, après une réunion sur l'élargissement de l'aéroport de Beyrouth.
Concernant le portefeuille de la Justice, Saad Hariri a estimé que la question ne se limite pas à ce poste ministériel, mais qu'il s'agit plutôt de "répartition des portefeuilles" de manière générale. "Nous espérons que dans les deux ou trois prochains jours les choses se décanteront", a ajouté M. Hariri.
Le président a pour sa part estimé que "les circonstances actuelles nous imposent de hâter la formation du gouvernement et de faire passer l'intérêt national avant toute chose".
"Nous aurons très prochainement un gouvernement d'union nationale qui sera chargé de résoudre les crises économiques, à condition que nous travaillions sans division", a de son côté assuré dans la soirée, le chef du Courant patriotique libre, le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, qui s'exprimait depuis le sultanat d'Oman.
Les espoirs de la mise en place du cabinet sous peu avaient été douchés à la dernière minute vendredi, suite à de nouveaux obstacles concernant l'attribution des portefeuilles ministériels, notamment celui de la Justice. Au cours de la semaine, des informations avaient évoqué la possibilité que le président de la République, Michel Aoun, octroie le ministère de la Justice aux FL. Mais vendredi, des sources proches de la présidence de la République, citées par notre correspondante à Baabda Hoda Chedid, avaient rapporté que le chef de l’État n'entendait pas céder le ministère de la Justice aux FL. Ce ministère est aujourd'hui dirigé par Salim Jreissati, nommé par le président de la République et affilié au Courant patriotique libre.
(Lire aussi : L’Éducation, un ministère souhaité par les FL, exigé par les joumblattistes...)
C’est donc Baabda, et non plus le Courant patriotique libre, qui s’invite ouvertement dans le débat. Les milieux de la présidence ne mâchent plus leurs mots : les FL empêchent, par leurs conditions rédhibitoires, le cabinet de voir le jour, souligne un proche du palais à l'OLJ. "Pour nous, la Justice relèvera de la quote-part du chef de l’Etat. Et cette question est désormais hors du débat", ajoute-t-il avant de s’en prendre au parti de Samir Geagea : "Le président de la République a fait déjà une importante concession en se désistant de la vice-présidence du Conseil au profit… des FL. Ce parti n’est pas en droit de demander le ministère de la Justice".
De leur côté, les milieux de Meerab assurent que le parti n’a jamais demandé la Justice. Contacté par L’OLJ, Fadi Saad, député FL de Batroun, tient à préciser que sa formation "ne se bat pas pour obtenir le ministère de la Justice, mais pour une représentation gouvernementale conforme à son poids populaire issu des législatives de mai dernier". Une position qui pourrait signifier que les FL accepteraient un ministère de la même importance que la Justice.
Dans ce contexte tendu, des sources proches du Premier ministre désigné ont confié lundi à la chaîne LBCI que "des efforts sont actuellement déployés afin de défaire le nœud concernant la représentation des Forces libanaises" au sein du nouveau gouvernement.
Ces sources se sont dit "étonnées qu'on essaie de montrer que le problème empêchant la formation du gouvernement se situe entre le palais de Baabda (la siège de la présidence de la République) et la Maison du Centre (résidence de M. Hariri) "Le Premier ministre poursuit ses efforts pour former un gouvernement d'union nationale", ont ajouté ces sources.
Autre obstacle : la représentation des six députés sunnites opposés à Saad Hariri. Le Premier ministre refuse de leur céder un siège au sein du gouvernement, mais le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait appelé le Premier ministre désigné à les intégrer au cabinet. Ces députés écartent la possibilité de s’entendre sur une personnalité non haririenne extérieure au groupe, comme cela aurait été proposé. Dans l'après-midi, ils ont appelé M. Hariri à "réduire la tension" et à "faire face à la vérité avec la résilience et la sagesse d'un homme d'Etat responsable", rappelant au "chef du courant du Futur" qu'ils représentent également "la communauté sunnite et une part importante du peuple libanais".
Lire aussi
Saydet el-Jabal accuse le Hezbollah d’imposer la « dhimmitude »
Le Hezbollah entame « la quatrième phase » de son parcours
Le Hezbollah contrarié par le retard dans la formation du gouvernement
Gouvernement : le ministère de la Justice au centre de toutes les convoitises
Saintes indignations..., l'éditorial de Issa GORAIEB
N’oubliez pas les femmes, citoyen grognon de Anne-Marie El-HAGE
Gouvernement : un « coup de Jarnac » de dernière minute remet les compteurs à zéro
Une lecture régionale du « nœud druze »...le décryptage de Scarlett Haddad
commentaires (5)
UNE CHANSON REPETEE DEPUIS DES MOIS PAR TOUS NOS ABRUTIS...
LA LIBRE EXPRESSION
18 h 16, le 22 octobre 2018